Recensement général de la population : Lahlimi au premier plan

Ahmed Lahlimi, haut commissaire au plan.

Lors d’une conférence de presse, le haut-commissaire au Plan a répondu à toutes les questions sur l’opération de recensement tout en s’exprimant sans langue de bois sur la relation conflictuelle du pouvoir exécutif avec l’institution qu’il dirige.

La star politique de cette rentrée est sans conteste Ahmed Lahlimi Alami. L’opération de Recensement général de la population (RGPH), qui se poursuit jusqu’ au 30 septembre,  a propulsé le patron du Haut-Commissariat au Plan ( HCP) au-devant de l’actualité. A cette occasion, il a fait  jeudi 29 août une sortie médiatique remarquée et remarquable où il a livré par le menu les étapes de cette opération de grande envergure dont il a rassuré sur la politique de confidentialité des données recueillies auprès des ménages aux quatre coins du pays. M. Lahlimi s’est employé à dissiper de fausses informations circulant sur les objectifs du recensement. Certains citoyens, prenant pour argent comptant les ragots colportés sur les réseaux sociaux, ont émis des craintes que leurs données familiales ne soient exploitées dans le cadre du Registre social unifié afin de débusquer les auteurs des fausses informations et les priver, éventuellement, de l’aide directe débloquée par le gouvernement. «Les réponses des citoyens sont protégées par les mécanismes  de cryptage programmés sur des tablettes électroniques qui ne divulguent pas les noms des sondés», a rassuré le conférencier d’entrée de jeu.

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Le recensement pour mieux connaître les besoins de la population.

A 85 ans, celui qui préside aux destinées du HCP depuis  octobre 2003, n’a rien perdu de sa verve ni  de sa vivacité d’esprit. Armé de son franc parler habituel, il s’est livré devant un parterre de journalistes, qui avaient devant eux un produit de « 60 ans de militantisme » à un exercice de clarification  de son statut et de sa mission. Une mission hautement délicate qui lui a valu bien des inimitiés politiques, notamment gouvernementales, du fait de ses enquêtes   truffées de chiffres sur des sujets aussi sensibles que le chômage, les disparités sociales ou la pauvreté qui sont souvent beaucoup moins flatteurs que les statistiques du chef du gouvernement, du ministre de l’Emploi ou son collègue de l’Industrie. Cette situation met l’exécutif en porte-à-faux et en guise de réponse  attaque M. Lahlimi sur la fiabilité des chiffres du HCP. Relayées par les médias, ces polémiques sur les chiffres, qui font un peu désordre,  se sont retrouvées à plusieurs reprises sur la place publique. Un cas de figure inédit puisque les choses ne se passent pas ainsi sous d’autres cieux. En France par exemple, la fiabilité des chiffres des études de l’INSEE n’est pas mise en doute par le gouvernement qui s’en sert au contraire comme une boussole pour améliorer son action et ajuster ses politiques. Sûr de son bon droit, convaincu de la justesse de son combat,  Ahmed Lahlimi se lâche. «Je peux vous assurer qu’il n’y a pas un gouvernement,  sauf celui de Abbas El Fassi, depuis ma nomination, dont le chef n’a pas demandé au souverain de me démettre de mes fonctions », confie le patron du HCP qui a tenu en même temps à faire savoir que depuis sa nomination à la tête du HCP, SM le Roi Mohammed VI s’est interdit toute immixion  dans ses affaires. «  Jamais le souverain ne m’a demandé pourquoi j’ai fait ci ou m’a demandé de faire cela », confie-t-il. Du haut de sa longue expérience politique et économique, ce grand serviteur de l’Etat (lire encadré) a dû mener des batailles homériques pour faire comprendre a ses détracteurs que le Haut-Commissariat au Plan est une institution constitutionnelle indépendante et non une antenne de l’exécutif. Il ne sera pas écrit que Ahmed Lahlimi est passé sous les fourches caudines de l’institution gouvernementale. Cet homme de valeur, comme  on en fait rarement, a résisté à tout. Aux attaques perfides de ses contempteurs et à la tentation de mettre le doigt dans le pot de confiture de l’argent public. « Pendant 60 ans, j’ai vu toutes les formes de militantisme mais je n’ai jamais trahi mon pays ni ses intérêts, ni touché un centime d’argent sale. Ce que je vous demande, si jamais demain la vie arrive à sa fin,  priez pour moi en lisant sourate Al Ikhlass.»  Homme d’engagement et de convictions, Ahmed Lahlimi a milité toute sa vie pour avoir  le sentiment du devoir accompli.

Ahmed Lahlimi : Le service de l’Etat comme stimulant

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Géographe économiste de l’Université de Bordeaux, Ahmed Lahlimi est un acteur politique socialiste de premier plan qui a été, souvent dans l’ombre, de tous les combats du pays. L’expérience , qu’il a accumulée tout au long de sa riche carrière dans divers domaines stratégiques  et les missions qu’il a accomplies au service du pays parlent pour lui. Jugez-en :

– De 1998 à 2002, M. Ahmed Lahlimi a occupé les postes de ministre chargé des Affaires générales du gouvernement, de l’Économie sociale, des Petites et moyennes entreprises et de l’Artisanat dans le premier gouvernement d’alternance dirigé par Abderrahmane Youssoufi.

– Ahmed Lahlimi Alami avait, tout au long de sa carrière administrative, occupé successivement les fonctions de Directeur des études techniques et économiques à la Caisse Nationale de Crédit agricole (CNCA) devenu crédit Agricole du Maroc, de secrétaire général du ministère du Tourisme puis du ministère du Plan et  de directeur général adjoint à la CNCA et de directeur général du secrétariat général de l’Union arabo-africaine.

– Militant socialiste, il a été de 1958 à 1963, l’un des principaux dirigeants de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) dont il a été secrétaire général de la section de Fès et président adjoint du comité exécutif ; dirigeant de l’Union Nationale des Forces Populaires (UNFP) et ensuite de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) dont il était membre de la commission centrale et du secrétariat de son Bureau politique.

– A ce titre, Ahmed Lahlimi Alami a été directeur de cabinet, en 1983, de Abderrahim Bouabid, Premier secrétaire de l’Union Socialiste des Forces Populaires, alors ministre d’État dans le gouvernement Marocain et a présidé après le décès  de ce dernier, de 1996 à 1998, la Fondation Abderrahim Bouabid pour les sciences et la culture.

– Dans le cadre de ses activités de recherche en sciences humaines, Ahmed Lahlimi Alami a à son actif, plusieurs travaux et publications comme membre de l’Équipe Interdisciplinaire de Recherche en Sciences Humaines (EIRESH), professeur vacataire à l’université de Rabat ou comme consultant à l’Office national d’irrigation (ONI), chargé de l’aménagement du système traditionnel d’irrigation dans le Bassin de la Tassaout puis chargé de l’aménagement du plateau de Fès-Meknès au « Projet Sebou », réalisé en partenariat entre le gouvernement et le PNUD.

 – Auteur de plusieurs études et articles divers à caractère socioéconomique dans la Revue de Géographie du Maroc, au Bulletin Economique et Social, à la revue française « les Temps Modernes » et dans la Grande Encyclopédie du Maroc dont il a dirigé l’ouvrage sur « Agriculture et Pêche ».

Consultant international au titre d’expert en crédit agricole et institutions de développement rural, il a participé à de nombreuses missions de préparation, d’élaboration et d’évaluation de projets de développement en Afrique et dans le monde arabe pour le compte du Centre d’investissement de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (FIDA) et de la Banque mondiale.

La grosse machine du recensement  

Le RGPH 2024 (1er au 30 septembre) a mobilisé des ressources humaines considérables, avec 55 000 participants, dont des bataillons de recenseurs, de contrôleurs et de superviseurs municipaux. Parmi les participants, 60% sont des diplômés et des étudiants, 32% sont des femmes et des hommes du secteur de l’éducation et les 8% restants sont des fonctionnaires des administrations et institutions publiques, des employés du secteur privé et des retraités de la fonction publique. Pour faciliter le recensement, le HCP a commandé 55 000 tablettes électroniques, cofinancées par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement préscolaire et des Sports, qui bénéficieront des tablettes à l’issue du travail de terrain du recensement dans le cadre de la promotion du projet d’école numérique. Ces tablettes, actuellement programmées exclusivement pour un usage de recensement et ne peuvent pas être utilisées à d’autres fins, peuvent également être localisés à Les moyens matériels et logistiques mobilisés pour le recensement comprennent aussi 55 000 fournitures de recensement (sacoches, badges, casquettes, outils de formation, etc.), 350 centres de formation et de stockage, 90 lieux  de stockage de fournitures et 7 000 véhicules avec chauffeurs. Le budget du RGPH 2024 est estimé à 1,46 milliard de dirhams dont 67% est réservé à la rémunération des équipes, 20% aux ressources matérielles et logistiques et 13% aux outils technologiques. Opération nationale d’envergure, le RGPH permet de définir  les caractéristiques démographiques, sociales et économiques de l’ensemble de la population, y compris de groupes de population spécifiques comme les nomades et les personnes sans abri. Les résultats du recensement sont une  source d’information inestimable pour les décideurs politiques afin de satisfaire les besoins de la population.

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