Ami Bouganim, Voix marocaine en Israël

L’œuvre magistrale de Ami Bouganim a fait de lui l’un des écrivains séfarades renommés tant il a su si bien retracer le déracinement de la communauté juive marocaine qui a fait son alya dans les années 50 et 60. Écrivain prolifique, il compte à son actif une soixantaine de publications sans compter des écrits parus en revue. Les études composant ce recueil visent à illustrer la particularité de cet écrivain qui se distingue par une production riche et variée, à la fois philosophique et littéraire, autour de thèmes variés qui analysent les désillusions de l’exil, la dignité humaine, la culture spécifique dont est porteuse sa communauté, en accordant à Mogador une dimension mythique. À la fois chantre du passé et intellectuel du présent, Bouganim comme son patronyme l’indiquerait serait d’extraction amazigh. Bouganim ou l’homme à la canne pourrait en effet être traduit par vannier ou cultivateur de canne. Beaucoup de familles juives marocaines vivaient de l’artisanat. On cite les Bouhssira (Fabricants de nattes), les Haddad (forgerons), les Dahbi ou les Assayag (orfèvres ou bijoutiers), les Bounhass ou Pinhas (Dinandiers)…

Dans cet ouvrage de 350 pages, publié le 29 janvier 2021, chez L’Harmattan, sous la direction du binôme Najib Redouane et Yvette Bénayoun-Szmidt, Ami Bouganim est  aussi éveilleur de conscience pour dénoncer et exprimer les maux dont souffre la société israélienne. Mais aussi une mémoire vivante de la vie juive à Essaouira-Mogador. Son style romanesque est un hommage vibrant à cette cité et expose un pan de l’histoire de la vie des Juifs au Maroc, tout en célébrant la nostalgie de l’enfance. « Le samedi matin les Juifs avaient coutume, après les offices religieux et le premier des trois repas traditionnels, de franchir les portes du mellah pour pousser leur promenade de chabbatique jusqu’au quartier européen, jusqu’à l’Océan. Ils flânaient par familles entières, les hommes devant, les femmes derrière et les enfants tout autour. […] Les rencontres entre les groupes de promeneurs tournaient aux retrouvailles. Ils faisaient le point sur leur santé, récapitulaient l’histoire juive en deux ou trois formules et s’encourageaient mutuellement de bénédictions et de souhaits. » Page 17. « Ami Bouganim, Voix marocaine en Israël » est un collectif qui réunit dix-huit études appartenant à des chercheurs de cultures et d’horizons divers, vise à illustrer la particularité de cet écrivain qui se distingue par une production riche et variée à la fois philosophique et littéraire autour de thèmes variés qui analysent les désillusions de l’exil. La dignité humaine, la culture spécifique dont est porteuse sa communauté en accordant à Mogador une dimension mythique.

Ami Bouganim est né en 1951 à Essaouira-Mogador. Cinquième enfant d’une grande famille de trois filles et quatre garçons. Après un passage à Casablanca, il gagne l’École normale israélite orientale où il complète ses études secondaires sous la direction d’Emmanuel Levinas. En 1970, il immigre en Israël où il poursuit des études de philosophie qui le conduiront à soutenir la première thèse israélienne sur ce philosophe. Il s’est longtemps occupé d’enseignement et d’éducation avant de se consacrer à la littérature, à la philosophie générale et aux aspects théologiques du judaïsme. Il écrit et publie en hébreu autant qu’en français. Ami Bouganim vit toujours à Netanya qu’il n’a quitté que pour servir de délégué de l’Agence juive auprès des Éclaireuses et Éclaireurs israélites de France (1977-1981) et de directeur des services éducatifs de l’Alliance Israélite Universelle (1995-2000). En 2001, il prend la direction de l’Institut de recherche et de développement du département de l’Éducation de l’Agence juive. De 1995 à 2013, il est en parallèle directeur académique des rencontres des Amis européens de l’Université hébraïque de Jérusalem. À partir de 2010, il se consacre exclusivement à la recherche philosophique et au conseil en matière de philanthropie comme consultant de la Fondation Matanel. En 2015, il initie l’Euro-Mediterranean Institute For Inter-Civilization Dialog (EMID). Dans son récit autobiographique Entre vents et marées, il livre sa présentation sur les conditions de sa venue au monde.

Essayiste, professeur, poète et romancier, Najib Redouane est auteur de plusieurs ouvrages critiques et nombreux articles dans le domaine des littératures francophones du Maghreb, des Antilles, de l’Afrique ainsi que des écrivains francophones en exil. Il est l’auteur de plusieurs romans. Yvette Bénayoun-Szmidt est professeure titulaire à l’université York-Glendon. Elle est l’auteure et la coauteure de plusieurs ouvrages critiques portant, entre autres, sur l’écriture au féminin ainsi que sur des écrivains en exil dans la littérature francophone du Maghreb.

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