«L’orphelin » est le quatrième livre de Amine Sebti. Vivant à Casablanca où il exerce comme consultant dans le domaine de la réassurance, en 2002 il a publié chez Le manuscrits Eds « Au nom du père », un roman de 186 pages. « Deux générations, celle du père et celle du fils, s’accompagnent chronologiquement dans une trame narrative, chacune dans son contexte historique et qui finissent par converger vers une seule certitude : au Maroc, rien n’est jamais acquis! Les privilèges peuvent tourner, à la faveur de circonstances conjoncturelles comme le lait, en une seconde d’inattention. », Lit-on dans la présentation de cette fiction.
L’Orphelin est son quatrième ouvrage. Le roman de 288 pages vient de paraître chez L’Harmattan au début du mois courant.
« A travers le parcours personnel et professionnel d’Azzouz, orphelin de naissance et livré seul aux affres de la vie, se dessine une petite pérégrination temporelle dans ce Maroc fraîchement postcolonial, dans ce spot où la lutte des places scintillait de mille feux sous le factice soleil des indépendances. Cependant, la vie, par une sorte de mécanisme compensatoire, a offert à l’insu de l’orphelin plusieurs parrains. Fès, Milan, Rabat, Le Caire ou Casablanca furent les stations où Azzouz eut l’opportunité de vivre des jours historiques et de croiser ainsi des personnages aux noms à jamais gravés dans le marbre blanc de l’histoire non officielle du pays. Un style châtié et cru où l’on retrouve le jargon du métier d’assureur qui est celui de l’auteur.
Extrait en page 12 :
« II colmata la petite hémorragie avec ce qu’il trouva comme chiffons et s’étendit le long de son corps sur une espèce de paillasson qui le piquait de partout.
Comme pour expier quelque mal à la manière des pénitents du Moyen Âge, il s’enfonça dans la douleur assise, entre les poils lamelles de la natte très rugueuse ainsi que, le sang séché sur sa joue, je pense qu’à présent, Dieu me pardonnera.
Il pleura toutes les larmes de son corps, s’apitoyant sur lui comme il adorait le faire depuis un bon moment.
Il fallait bien que quelqu’un s’apitoie sur moi et à défaut de m’en trouver un, je me sers en premier.
Durant de longues minutes, personne ne songea à le rappeler ou à voir ce qu’il faisait.
Ils devaient certainement se dire que visiblement, la gifle faisait son effet et c’est tout ce qu’on lui demande, non ?
Puis Azzouz se plongea dans une sorte de convulsion mentale qui lui faisait emprunter des chemins encore inusités par son esprit.
Dieu dans Son ubiquité fait-Il semblant de ne pas me voir ?
Dieu dans Son omniscience, prévoyait-il une compensation pour perte de repères en tout genre après l’accident orphelin ?
N’a-t-il jamais envisagé une indemnisation après le sinistre orphelin.
La condition orpheline peut-elle générer une rente tirée sur une compensation divine ? (…) »