Au monde des traditions et des coutumes marocaines

«Une nuit superflue, celle d’un 29 février 1960, troisième nuit du Ramadan, veille du mardi gras, nouvelle lune du mois d’Adar ! La ville dans laquelle le soleil brillait 365 jours par an s’est éteinte au 366e de l’année 1960 : à 23 h 40 mn14 s la terre a tremblé à 6,7 sur l’échelle de Richter. Douze secondes ont suffi pour effacer une ville entière et engloutir une grande partie de ses habitants », lit-on sur la quatrième de couverture d’un livre de témoignage que vient de publier en février dernier aux éditions La Croisée des chemins Orna Baziz,  une rescapée  du terrible tremblement de terre qui ébranlait la capitale de Souss il y a 61 ans. Dans cet ouvrage, 396 pages, l’auteure relate l’histoire de la ville d’Agadir et revient sur les témoignages des rescapées ayant survécu au tremblement de terre de 1960.

Dans son introduction, Orna  Baziz explique l’importance de « commémorer de la manière la plus respectueuse possible le souvenir des sinistrés de cette catastrophe dont personne n’avait fait cas jusqu’à présent ». Née Régine Riboh, la narratrice garde des souvenirs tendres empreints de nostalgie sincère de la cité berbère où elle a vu le jour. «  Agadir, ma ville natale, ville aux sables fins de mon enfance, ville de mes rêves, ville qui bronze dans une des plages les plus belles au monde, ville au parfum de pins et d’eucalyptus, ville où le mimosa fleurit sans relâche, ville nouvelle et moderne, ville estivale aux larges avenues et aux jardins fleuris ainsi qu’aux hôtels accueillants, ville où la pêche est abondante et les agrumes excellents (…)»

L’écrivaine introduit dans une première partie son histoire ainsi que celle de la catastrophe de la ville d’Agadir par une conversation avec sa première petite fille, curieuse de connaître le passé de sa grand-mère. « Dans le monde entier on parle du bien vivre d’Agadir. Ville au grand défi de reconstruction et de renaissance, ville éclose au milieu de ses cendres, ville bénie de Dieu, ville maudite de Dieu. Agadir, ville de mes rêves et ville de mes cauchemars », ajoute-t-elle. Dans la seconde partie du livre, recueillant plusieurs témoignages, Orna Baziz a cherché à vérifier chez d’autres rescapés l’impact de cette expérience traumatisante.

Cet ouvrage permet au lecteur de connaître les différentes histoires des rescapés à travers non seulement leurs témoignages mais aussi plusieurs photos datant de 1960 à 2020 présentes tout au long du livre. Mère de quatre enfants, Mme Baziz vit actuellement à Jérusalem où elle enseigna l’hébreu à l’Académie des Lettres. Auteure de nombreux articles en littérature, cultures et civilisations, elle publie plusieurs livres dont « Hagadat Agadir, récit d’une ville brisée », son premier ouvrage en hébreu sur le sinistre de 1960 à Agadir.

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