«D’ici et d’ailleurs » est l’intitulé d’une exposition du binôme Mohamed Azouzi et Abderrahim Makhlouf du 12 au 31 mai courant à la Galerie Tatmin à Rabat. Les artistes peintres Mohamed Azouzi et Abderrahim Makhlouf, deux vieux amis, dont les chemins se sont croisés pour la première fois en région parisienne ont pour passion commune le Maroc, leur pays d’origine. Leur style abstrait géométrique s’est enrichi au fil des années notamment au cours de leurs nombreux voyages dans les quatre coins du monde. Chez l’un et l’autre, une palette aux couleurs chaudes, largement teintée de jaunes et de rouges, et aux contrastes francs se décline en combinaisons illimitées. Essentiellement ocre et terreuse chez Azouzi, reposant sur des associations de couleurs complémentaires chez Makhlouf, chacune évoque les ciels, les montagnes et les terres du pays natal et se mélangent à ceux des pays traversés. Elle matérialise les souvenirs d’un soleil du Sud qui tantôt brûle, tantôt embaume les paysages, qui sait être aussi doux que brutal, et dont les nuances infinies sont d’autant mieux perçues et restituées par les yeux de peintres qui ont éprouvé l’altérité, notamment en traversant les continents. L’abstraction picturale composée par les deux artistes présente des similitudes mais aussi des différences : les deux amis parlent les mêmes langues – arabe, français et peinture – mais chacun a cuisiné son propre dialecte en atelier. Azouzi et Makhlouf sont des pseudo nomades, pèlerins, observateurs, qui ont multiplié les rencontres avec l’Autre et l’ailleurs, traversé les miroirs et les oppositions. Ainsi n’est-il pas anodin de retrouver dans leurs œuvres des lignes de rupture – peut-être allégories de frontières – mais surtout de réparations – comme un indice qu’il est possible de les dépasser. Des lignes en zigzag et des lignes de suture – dessinées au fusain chez Azouzi, cousues au fil chez Makhlouf – répartissent ainsi l’espace dans les labyrinthes de formes composés par les deux peintres. S’ils ne travaillent pas en duo, les deux artistes partagent toutefois certaines couleurs et certains symboles. Soleil et lune, courbes et contre-courbes se retrouvent d’une toile à l’autre en déclinaisons variables. C’est que leurs parcours, avec toute la part de l’intime et de l’aléatoire qu’ils contiennent, se nourrissent de racines et d’héritages communs.
MOHAMED AZOUZI
Né en 1946, originaire de Tafilalet intègre l’école des Beaux-Arts de Casablanca à l’âge de 20 ans. En 1971, il poursuit ses études artistiques à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts et l’École Nationale des Arts Décoratifs à Paris, ville où il finit par s’installer.
Azouzi expose pour la première fois à Casablanca en 1970. De nombreuses expositions se poursuivent au sein de la capitale française mais également à travers le monde, notamment à Tokyo et à New York.
ABDERRAHIM MAKHLOUF
Né en 1961 à Bab-Berret, le peintre et sculpteur Abderrahim Makhlouf a étudié à l’école des Beaux Ans de Tétouan ainsi qu’à l’école des Beaux-Arts de Nancy. Aujourd’hui, il vit entre Paris et Tanger. Il s’est initié à l’art pictural en s’inspirant de la nature qui l’entoure et en regardant les couleurs, les contrastes, les jeux de lumière et d’ombre à la montagne du Rif où il a grandi.
À travers ses œuvres, il essaye de reconfigurer le monde par l’abstraction, de présenter la complexité des relations qui lient les Hommes et les sociétés mais aussi de peindre les rapports de force observés au cours de ses déplacements ainsi que les tensions et les relations conflictuelles vécues.