Ce roman de 192 pages montre qu’un homme capable d’un grand amour peut devenir un grand lâche allant jusqu’à abandonner sa campagne en cours de route comme on abandonne un chien en pleine route. « Ce court récit dissèque avec talent le chagrin capable d’abîmer une vie entière. » Héloïse Rocca, Télé 7 jours.
L’ouvrage, signé Yasmine Chami, édité chez Actes Sud et sorti le 5 janvier courant est « une fiction qui raconte l’histoire d’un chirurgien de renom et très respecté à Casablanca qui abandonne son épouse dans un aéroport. Il disparaît lors d’une escale à Paris, alors qu’ils partent ensemble pour Sydney passer des vacances ensemble. Ce qui devait être une seconde lune de miel se transforme en cauchemar. La femme abandonnée et anéantie trouvera sa consolation dans l’art. Elle est sculptrice. »
«Cette œuvre explore ce qui dans la vie d’un homme capable d’un grand amour, peut générer une aussi grande lâcheté. Une histoire intime et bien réelle. Et une étude sur les hommes et sur ce que leur mère et leur milieu leur lèguent ou bien leur imposent. Des failles originelles et constitutives de leur personnalité qui les poussent à accomplir l’impensable. » « Le jour où Ismaïl abandonna Médée, sa femme de plus de trente années, dans un aéroport international pour rejoindre Meriem qui l’attendait devant le portique de la police des frontières, il pensa résoudre le plus honnêtement possible le noeud de désir, de trahison et de violence qui menaçait de les engloutir tous.
Quand il tenta, bien plus tard, de comprendre comment il avait décidé de quitter ainsi Médée, de la manière la plus lâche à ses propres yeux, il ne réussit pas à déterminer par quel raisonnement sensé il en était arrivé à la conclusion qu’un abandon brutal, sans explication, était pour eux la meilleure manière d’accepter le caractère irréductible de sa décision. Il n’aurait su dire pourquoi cette aventure qu’il avait pensée exclusivement sexuelle, sans doute liée au partage si particulier de leur tension de chirurgiens, Meriem et lui penchés ensemble au-dessus du crâne ouvert de leurs patients, attentifs à coordonner leurs gestes au millimètre près, dans une chorégraphie ténue, était devenue cette histoire qui avait fait de lui un homme pris dans le vertige d’un désir sans limites. (Extrait Partie I).
Yasmine Chami-Kettani est née en 1966 à Casablanca. Elle poursuit ses études supérieures au Lycée Louis le Grand à Paris, avant d’intégrer l’École Normale Supérieure en philosophie. Elle est également agrégée de sciences sociales. L’écrivaine se tourne alors vers la recherche anthropologique et travaille sur les femmes migrantes, en remontant les généalogies et les histoires de familles dont les vies sont liées à la fois au Maroc et à la France. L’universitaire explore sans cesse les impacts de la migration notamment sur les représentations de la maternité et de la filiation.
Yasmine Chami publie son premier roman Cérémonie en 1999 chez Actes Sud. À la naissance de ses fils en 2001 à New York, elle retourne vivre au Maroc où elle dirige la Villa des Arts de Casablanca, avant de fonder et diriger pendant 10 ans une entreprise de production audio visuelle. Divorcée et libre, prenant comme objet de ses recherches la société marocaine, elle produit des émissions de facture sociale qui sont diffusées par la télévision.