Goncourt du premier roman : Zineb Mekouar finaliste avec «La poule et son cumin»

A 30 ans, la romancière marocaine Zineb Mekouar a été sélectionnée parmi les finalistes du Goncourt du premier roman, avec « La poule et son cumin », a annoncé mardi 5 avril l’académie Goncourt. Sorti le 9 mars à Paris en versions papier et numérique, et depuis une quinzaine de jours au Maroc, ce premier roman de Zineb Mekouar est une véritable fresque sur les contrastes de la société marocaine.

Le livre, édité chez Lattes, a été retenu aux côtés de cinq autres finalistes. Il s’agit de « La Tour de Doan Bui», « Les Envolés » d’Étienne Kern, « La Récitante » d’Ève-Marie des Places, «Qu’est-ce que j’irai faire au paradis » de Walid Hajar Rachedi, et «Les Méduses n’ont pas d’oreilles» d’Adèle Rosenfeld. « La poule et son cumin », 280 pages, relate le destin de deux jeunes marocaines radicalement opposées : Kenza et Fatiha. La première issue d’une riche famille poursuit des études à sciences Po-Paris. Elle décide de rentrer à Casablanca et reprend contact avec Fatiha, la fille de sa nourrice et son amie d’enfance. Célibataire, cette dernière se retrouve enceinte dans une société conservatrice qui interdit l’avortement. Par les récits croisés de Kenza et Fatiha, Zineb Mekouar entremêle les destinées de deux héroïnes entre soumission et transgression. Dans cette grande fresque, leurs blessures et leurs drames épousent les clivages politiques et sociaux du Maroc contemporain.

Le roman traite de l’amitié, mais « c’est beaucoup plus profond ». Il permet de voir des femmes de classes opposées, comment elles grandissent et comment elles évoluent quel que soit le milieu et malgré des lois qui peuvent parfois être rétrogrades. Bref, un roman sur l’émancipation des femmes, tel que le revendique haut et fort Zineb Mekouar. L’intrigue se déroule en 2011, un moment-charnière de l’histoire du Maroc contemporain, mais aussi un moment où fut publiée la fameuse circulaire Guéant en France, celle qui obligeât plusieurs étudiants étrangers à quitter la France du jour au lendemain. Les premiers touchés furent les Marocains parce que c’est la première communauté estudiantine en France. L’objectif de cette circulaire consiste en la diminution du nombre des étudiants étrangers en adoptant, «une approche qualitative et sélective ». D’ailleurs, dans une partie du roman, il est question des relations entre le Maroc et la France. « Cette fiction s’inspire de tout ce que j’ai observé au Maroc. J’ai grandi à Casablanca jusqu’à l’âge de 18 ans.

Enfant, j’étais souvent scandalisé par la pauvreté et la précarité dans lesquelles vivaient d’autres enfants », explique l’auteure. Et d’ajouter : « J’ai voulu illustrer les différents Maroc dans lesquels on peut vivre, des Maroc très différents, et ce, d’un point de vue féminin, dessiner les difficultés que rencontrent les femmes dans la société marocaine. » (Voire le Canard N°682) Zineb Mekouar est née à Casablanca en 1991. Elle vit à Paris depuis 2009. Après des études à Science Po et HEC Paris, elle a exercé dans le conseil en stratégie puis a été responsable des Affaires publiques dans un incubateur de start-up. Les Académiciens du Goncourt ont également annoncé les finalistes du Goncourt de la nouvelle et celui de la biographie de Edmonde Charles-Roux, dont les lauréats seront proclamés le 10 mai ainsi que le Goncourt de la poésie Robert Sabatier couronnant l’ensemble d’une œuvre.

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