Jeunes coopérants au Maroc au temps de HassanII

Le livre-récit écrit par ancien coopérant français, publié le 3 juin 2020. Sur 213 pages le narrateur revient sur une période charnière de l’histoire du Maroc contemporain : 1965-1972. En effet ce septennat où il a enseigné l’histoire du Monde arabe au collège Moulay Bouchaïb à Azemmour (17 km au nord d’El Jadida) correspond à une époque difficile où la royaume a vécu des  événements  dramatiques. Le 23 mars 1965 des émeutes éclatent à Casablanca pour se propager dans plusieurs villes du Maroc ; le 16 août 1972 la 2e tentative de régicide avortée après celle de Skhirat le 10 juillet 1971. Gérard Delozier a donc été témoin de ces péripéties surtout que le milieu scolaire comme les casernes a été un cluster fécond en activités subversives. D’ailleurs pour les émeutes de 1965 la première étincelle est partie des lycées de Casablanca…

Mais ce n’est guère le propos de l’auteur Delozier dont ce come-back semble plutôt dicté par une certaine nostalgie teinté d’un certain romantisme pour une certaine époque. « Jeunes coopérants au Maroc au temps de Hassan II : 1965-1972 » est un retour sur image où l’auteur effleure juste la situation  politique du Maroc à cette époque par une petite phrase en page 17 (voir plus loin). « 1965. Indépendant depuis peu, le Royaume du Maroc cherche à s’affranchir, en douceur, de l’influence persistante de l’ancienne puissance tutélaire, la France.

Il balance entre les promesses de l’Occident et la quiétude de la tradition musulmane, entre les souffles contraires du vent d’ouest et du vent d’est, entre Ponant et Chergui. Deux candides coopérants-enseignants d’à peine plus de vingt ans, curieux de découvrir le monde, rejoignent leur affectation au collège Moulay Bouchaîb d’Azemmour, petite ville de la côte atlantique. Cinquante ans plus tard, le lecteur est invité à partir en voyage dans leurs souvenirs, à se confronter à l’altérité, partager leurs émotions, leurs réprobations parfois, puis à s’accoutumer et à s’insérer dans la société locale. Cette chronique de la vie quotidienne d’un couple et de ses deux enfants nés sur place, avec ses multiples anecdotes, ses surprises, ses efforts et ses joies, dans l’air marin, les clameurs et les senteurs épicées, est le témoignage d’une rencontre avec le peuple le plus accueillant de la terre.» note de l’éditeur L’Harmattan.

P. 11 : «Années soixante… soixante-dix… Ce sont les années de nos vingt ans… Gabrielle et moi sommes jeunes, pleins d’une énergie qui ne demande qu’à s’exprimer alors que notre carrière d’enseignant que nous venons tout juste d’aborder nous semble d’un devenir trop rivé au terroir, trop lisse, sans surprises et sans échappatoires. Plus largement, la société dans laquelle nous sommes appelés à nous insérer nous apparaît sclérosée, rétive à l’innovation et peu confiante en nos capacités. Les prémisses de Mai 1968, peut-être ? Bref, nous avons envie d’un ailleurs, de repousser nos horizons géographiques et humains. Nous nous sentons assez forts pour affronter, à deux, ce dépaysement, cette mise à l’épreuve. Cependant, un déclic est nécessaire.

Ce sera l’obligation de mon service militaire. Il s’inscrira dans un contexte géopolitique nouveau que le peuple de France a grandement oublié depuis, celui de la décolonisation de l’Afrique noire et du Maghreb.» Pour ces deux jeunes coopérants l’affectation au Maroc s’apparente à un voyage vers l’inconnu. Comme le dit l’auteur en page 17 : « De la tâche qui nous attend, là-bas, en Afrique ou ailleurs, Il n’est jamais question. Rien sur nos futures conditions de vie, rien sur l’Islam, ni sur l’histoire du continent, rien sur les conditions sanitaires et les précautions à prendre pour épargner notre santé, rien sur la situation politique intérieure de nos pays d’accueil, tien sur la qualité des relations entre la France et ces contrées lointaines…)

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