La Française Annie Ernaux a reçu le prix Nobel de littérature 2022. L’écrivaine de 82 ans est connue pour ses œuvres qui brouillent la frontière entre les mémoires et la fiction.
En en faisant l’annonce, le comité du Nobel littéraire de l’académie suédoise a noté «l’acuité clinique avec laquelle elle met au jour les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle. » Le secrétaire permanent du dit comité a également relevé dans son annonce qu’il n’avait pas été possible de joindre Mme Ernaux pour lui parler du prix, d’une valeur d’environ 900 000 dollars américains.
Née Duchesne, professeure de lettres, écrivaine prolifique et plusieurs fois primée, Ernaux est née en 1940 en Normandie en France. Son premier livre, Les armoires vides, publié en 1974, est un roman autobiographique sur l’avortement, alors qu’il était encore illégal en France. Elle a écrit ce livre en secret. « Mon mari s’était moqué de moi après mon premier manuscrit», a-t-elle confié au New York Times en 2020. «J’ai fait semblant de travailler sur une thèse de doctorat pour avoir du temps pour moi. »
Lors de la conférence de presse pour l’annonce du gagnant, on a demandé à Anders Olsson, le président du comité Nobel de littérature, s’il y avait un sentiment politique derrière l’attribution du prix à quelqu’un qui a écrit si personnellement sur l’avortement. M. Olsson s’est défendu en disant que le comité se concentrait sur la littérature et la qualité littéraire. Cela dit, « il est également très important pour nous que l’œuvre du lauréat ait un attrait universel. Qu’elle puisse toucher tout le monde. »
Après avoir passé des décennies à fouiller dans son propre passé dans divers ouvrages, Mme Ernaux a publié The Years (Les années), que de nombreux critiques considèrent comme sa déclaration déterminante. Publié pour la première fois en 2008, The Years est un regard approfondi sur la société qui l’a créée. Bien qu’il s’agisse d’un examen de chaque année de sa vie, de 1940 à 2006, Ernaux a évité d’utiliser le pronom « je » en faveur d’un « nous » plus large, ou parfois « elle ».
En examinant la traduction anglaise de 2018 de The Years pour la Review of Books, l’écrivain Azarin Sadegh a comparé sa lecture à la fouille de vieilles photos de famille. « Pour le lecteur, les images du passé se révèlent sous des formes brisées, trouées de toutes parts », écrit Sadegh. « Vous feuilletez cette pile d’images et de textes et vous vous sentez immergé dans le passé. Les années ont passé et la plupart des moments vécus – capturés uniquement en photos et partiellement en mémoire – ont disparu. »
En 2020, son livre A Girl’s Story a été traduit en anglais. Il évoque ses expériences sexuelles en tant que jeune adolescente et plonge dans la honte de tout cela, juste avant la révolution sexuelle.
Erneaux a un autre livre en préparation pour une traduction en anglais, prévue pour 2023, intitulé Look at the Lights, My Love. Selon le communiqué de presse du livre, il s’agit d’une « méditation sur le phénomène des supermarchés à grande surface ». Bien sûr, à travers la lentille de la mémoire d’Ernaux.