Ce film de Maryam Touzani a fait plus de 300 000 entrées en France et a été primé à Cannes en 2022. Initialement prévue en février, la sortie marocaine avait été repoussée à plusieurs reprises, mais cette fois le film, qui aborde la question sensible de l’homosexualité dans la société marocaine est projeté dans les salles du royaume à partir du 7 juin. « Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à taire. Afin de répondre à une clientèle exigeante, ils engagent un jeune homme talentueux comme apprenti. Mina réalise peu à peu à quel point son mari est ému par sa présence. » Un maître tisseur de caftan, tenue traditionnelle d’Afrique du Nord, qui tombe ainsi amoureux de son apprenti : l’histoire du film « Le bleu du caftan de Maryam Touzani n’est pas banale au Maroc. Dans un pays où l’homosexualité est punie par la loi, parler de relations entre hommes peut être controversé. » Mais face aux courants contraires qui traversent la société marocaine, la scénariste et réalisatrice veut croire à une cohabitation entre tradition et modernité : « Je pense qu’il y a certaines traditions qui sont très belles, qu’il faut protéger, préserver et célébrer et qu’il y a aussi d’autres traditions qu’il faut pouvoir bousculer et remettre en question. ce qui est beau aussi, c’est la complexité d’une société et le fait d’accepter que l’on puisse être plusieurs choses à la fois. » « J’ai voulu aborder à travers le film cette complexité de l’amour et des êtres. » déclare Maryam Touzani, réalisatrice, sur Franceinfo. Pour ne pas brusquer une société encore peu habituée à ces thèmes dans l’espace public, Le bleu du caftan a fait le pari de parler des différentes façons d’aimer. « Les formes d’amour sont multiples tout au long du film, de l’amour du maître tisserand pour son métier qu’il entend préserver dans la plus stricte tradition, à l’amour pour sa femme mais aussi pour son amante. »
Le bleu du caftan présente l’amour du maître et de son apprenti au-delà de la sexualité, mais comme partie intégrante des grands sentiments qui traversent la vie humaine. Une approche qui a beaucoup plu au chercheur et militant pour l’égalité des sexes au Maroc, Soufiane Hennani : « Pour une fois, nous abordons la question des LGBTQ+ qui est une question au Maroc, très politisée, très polarisée aussi. Et dans Le bleu du caftant, le réalisateur a eu l’intelligence d’aborder la question de manière très subtile, tout en parlant d’amour. » Au-delà de l’homosexualité, parler de l’amour et de l’intimité à la société marocaine est aussi l’un des enjeux de ce film. Mariam Touzani et Nabil Ayouch, le producteur, espèrent montrer au public marocain qu’il peut être fier de sa diversité. Nabil Ayouch se dit d’ailleurs satisfait des premières réactions des spectateurs dans le royaume. « Ce film fait bouger les lignes de manière assez surprenante sur tout ce qui touche à l’intimité, tout ce qui touche à l’amour, la manière d’aimer, les différentes manières d’aimer, c’était très beau je vous l’avoue ».