«L’Héritage des femmes islam : l’exemple du Maroc»

Au Maroc, comme dans d’autres pays maghrébins, mettre un terme au patriarcat qui pèse sur la condition féminine comme une chape de plomb n’est pas une chose aisée. En matière d’héritage, par exemple, instaurer l’équité entre les deux sexes peut prendre des années de débats politiques sociaux. Or une égalité successorale homme-femme est déterminante ; dans ce sens que le développement économique, social et politique de la région maghrébine a été constamment entravé par cette injustice sociale. Cependant les progrès attendus dans ce domaine dépendent pour beaucoup du rôle accru des femmes dans l’économie. Actuellement au Maroc 18% des femmes sont chefs d’entreprises individuelles. Selon des chiffres récents du Haut-commissariat au Plan (HCP) Au Maroc, 12,8% des entreprises organisées sont dirigées par des femmes en 2019, 23,5% occupent des postes de responsabilité, alors que le nombre de sièges occupés par les femmes au niveau de la chambre des représentants est de 20,5% et la part de leurs sièges dans les conseils territoriaux est de 20,9%.

Mais ce n’est pas suffisant. Les femmes qui bénéficient de l’égalité des droits en matière d’héritage se sentent plus fortes et donc plus utiles à leurs économiquement à leur pays ; leur pouvoir d’action est renforcé et elles sont en mesure d’améliorer leur niveau de vie et celui de leur famille. Bref, les avantages sont énormes pour le pays dans son ensemble.

Les lois marocaines sur l’héritage datent de plusieurs centaines d’années. Elles stipulent que les femmes doivent hériter de la moitié du patrimoine des hommes et ont été rédigées à une époque où seuls les hommes étaient chefs de famille ou contribuaient aux revenus du ménage. Dans la pratique, sous prétexte d’éviter l’émiettement des terres et autres biens même cette règle n’est pas respectée, de nombreuses femmes n’héritant de rien du tout, dans les zones rurales du pays.

Mais les temps changent.

Le livre  collectif «L’Héritage des femmes islam : l’exemple du Maroc», publié chez L’Harmattan le 6 mai 2021, sous la direction de Siham Benchekroun, médecin, psychothérapeute, écrivaine et militante associative, engagée dans la cause des femmes à travers ses écrits, jette une lumière sur la problématique.  

« Le système successoral prescrit un privilège de masculinité dans tous les pays musulmans. L’un des plus connus est que le frère hérite d’une part double de celle de la sœur. Des voix réclament une réforme de ces règles de succession considérées inadaptées aux réalités sociales. Mais cette revendication soulève le plus souvent de farouches hostilités. Quels sont les fondements idéologiques de telles oppositions ? Quel est le réel enjeu ? L’égalité de droits dans l’héritage entre les citoyennes et les citoyens musulmans est-elle à jamais impossible ? » C’est à cette problématique aux enjeux multidimensionnels que répond cet ouvrage pionnier de 344 pages, précis et argumenté, fruit de la collaboration de 23 experts dans des disciplines variées.

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