Un beau livre qui jette la lumière sur les salles obscures du Royaume qui tombe à point nommé : il sort à quelques jours des fêtes de fin d’années, un beau cadeau à offrir, et au moment de la rouverture des salles après plusieurs mois de fermeture pour cause de pandémie. C’est un beau livre dédié à l’histoire des salles de cinéma au Maroc qui vient d’être publié chez la Croisée des Chemins. « Cinémas du Maroc, lumière sur les salles obscures du Royaume » est l’œuvre de François Beaurain, un photographe passionné des cinémas africains,
« La genèse de ce projet remonte au mois de mars 2018, alors que je me rendais à Meknès pour une séance photo. Connaissant mal la ville, on m’avait fixé rendez-vous ‘’devant le Caméra’’ sans me donner plus d’explications. Je me suis donc laissé guider par mon GPS jusqu’à ce navire aux dimensions impressionnantes qui semblait sorti tout droit d’une autre époque, raconte l’auteur. Je me revois devant la vitrine regardant ces posters de films datant d’il y a vingt ou trente ans, ou encore cette maquette de salle d’un autre âge. Était-ce un musée ou un cinéma fantôme échappé de mon imagination ? »
Interpellé par cette première visite, François Beaurain, l’auteur de l’ouvrage, s’est rendu quelques jours plus tard au cinéma Royal puis au Paradise à Rabat, retrouvant à chaque fois ce charme vieilli des bâtiments d’une autre époque. Charmés par ces édifices figés dans le temps, il a mis à profit pendant deux ans ses déplacements pour s’adonner à la chasse aux cinémas, ville après ville, sans n’en négliger aucun, quel que soit son aspect ou son état.
Résultat des courses : 200 cinémas ont été identifiés, dont une centaine ont été photographiés. À la fin de l’année 2019, l’idée de donner vie à un livre photo a germé dans l’esprit de François Beaurain. Le beau livre est une invitation à découvrir la diversité et l’histoire d’un patrimoine exceptionnel. « C’est avant tout un livre photo, mais qui se veut également, à son échelle, le témoin d’une nostalgie, de l’amour que les Marocains ont eu et ont encore pour leurs salles. La parole y est donc souvent donnée à ceux qui les ont connues du temps de leur âge d’or. Le récit est illustré par de nombreux articles de presse ou d’extraits de livres, mais aussi par des interviews de professionnels (cinéastes et exploitants) afin de témoigner et de faire revivre ces cinémas », explique-t-il. À l’occasion de l’édition de cet ouvrage, une exposition aura lieu, du mercredi 15 décembre au lundi 31 janvier 2022, à la galerie CDA à Casablanca, y seront proposées, entre autres, des photographies en série limitée et en tirage Fine Arts. François Beaurain est né à Bordeaux et vit aujourd’hui à Rabat. Après une formation scientifique et un parcours professionnel de dix années dans la lutte contre le changement climatique, il choisit, en 2013, de devenir plasticien et photographe. Passionné par les cinémas africains, nombre de ses projets se focalisent sur Nollywood (cinéma nigérian). Ses travaux photographiques ont été exposés au Guggenheim Bilbao (2015), à LagosPhoto (2015 et 2017), à Addisfoto (2018), à Arles (2015 et 2020) et à Circulations (2016).