Chant patriotique aux allures de chantage

La rente mémorielle fonctionne à plein régime …

Les grandes nations font des hymnes à l’amour et à la fraternité. Pas l’Algérie qui vient de réintroduire un couplet de haine dans son hymne national.

Entre la France et l’Algérie,  c’est un problème de couplet qui est venu désormais rappeler que ce couple unique est fait pour ne jamais s’entendre. A croire que  ces deux-là, plus ils se rapprochent, moins ils sont sur la même longueur d’onde. En cause, l’Algérie et sa sempiternelle «rente  mémorielle» nourrie à la «haine de la France». Et cette haine transparait clairement dans le geste du président algérien Abdelmadjid Tebboune. La signature le 21 mai 2023 d’un nouveau décret rétablissant  un couplet de l’hymne national algérien, «Kassaman» (Nous jurons ou le Serment)  faisant référence à la France en tant que colonisateur de l’époque.

«Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l’Algérie vivra. Soyez-en témoin ! Soyez-en témoin ! Soyez-en témoin !».  Depuis 1986, date de son retrait pour des raisons politiques, ce troisième couplet n’était plus joué lors des cérémonies officielles. Et voilà que Tebboune, à contre-courant de tout,  le réintègre  de manière solennelle, faisant un seul heureux, le moudjahid Mohand Ouamar Belhadj, ancien secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM). Celui-ci a  félicité Tebboune pour son chant patriotique remanié qui a les allures d’un nouveau chantage à la France.

Anachronisme

Composées de cinq couplets, les paroles de l’hymne national algérien ont été écrites par le poète et militant nationaliste Moufdi Zakaria   (1908-1977), en 1955, à la demande de chefs du FLN, alors que celui-ci était incarcéré à la prison de Barberousse à Alger. Quant à la musique, elle est  du compositeur égyptien Mohamed Fawzi.

L’affaire a naturellement suscité entre étonnement et désapprobation de vives réactions au sein de la classe politique française.  «L’Algérie rétablit un vieux couplet anti-France dans son hymne national : jusqu’à quand va-t-on devoir subir ces affronts ? Il est grand temps de revoir nos accords avec ce pays qui nous déteste!», a tweeté le député  européen  Gilbert Collard.

Questionnée à ce sujet  sur  la chaîne LCI, vendredi 16 juin, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna s’est interrogée pour sa part    sur «la décision d’étendre l’usage d’un hymne qui date d’une autre époque au moment même où le président de la République Emmanuel Macron et le président [algérien Abdelmadjid] Tebboune ont décidé, à l’été dernier, de donner un nouvel élan à nos relations ». Elle ajoute tout de même  : «Le contexte de l’époque l’explique. Aujourd’hui, je vous concède que cela peut apparaître à contretemps».  Le contexte a évidemment changé. Mais pas les réflexes de ceux qui tiennent l’Algérie en coupe réglée  depuis l’indépendance. L’Algérie de Tebboune et sa junte  militaire se complaisent  en se survictimisant à vivre dans une époque censée être  révolue pour le monde entier.  Sauf pour un régime inqualifiable,  figé dans l’anachronisme et  aveuglé par la haine. Avec ce pays d’un autre âge, c’est toujours la même chanson…  

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