Droit de cuissage, sextorsion et diffamation

Noureddine Médiane poursuivi en justice par Rafia El Mansouri.

Nizar Baraka  a failli s’arracher  les cheveux en apprenant l’affaire de mœurs  où s’est fourvoyé Noureddine Mediane. L’affaire a soulevé un tel tollé en interne qu’il vient de se mettre en congé de sa fonction de chef du groupe parlementaire à la première Chambre. Retentissant, le scandale ne peut pas tomber plus mal pour l’Istiqlal, qui tient son congrès fin avril. L’image du parti conservateur s’en trouve éclaboussée et pas qu’un peu…
C’est un enregistrement audio sordide, attribué au ténor istiqlalien, où il se lâche complètement entre diffamation et  inconvenance   contre une collègue du parti dont il s’est entiché,   dénommée Rafia El Mansouri, ancienne parlementaire et vice-présidente du Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, qui a mis le feu aux poudres. Noureddine Mediane a eu conversation téléphonique avec son interlocutrice, la « sœur Naïma », visiblement une personne familière,  pour que celle-ci passe le message à la femme qui commence à lui donner du fil à retordre. Mais le contenu fuite et se retrouve  sur les réseaux sociaux. Scandale…
Dans cet audio,  Mediane, l’impudique et l’imprudent  révèle  une autre face de son personnage : un coureur de jupons adepte du droit de cuissage.
Oubliant que les smartphones sont devenues depuis longtemps des outils d’espionnage,  il dévoile sans se faire prier  à  son amie au bout du fil les dessous de sa relation avec Rafia El Mansouri qui deviendra son amante après  «  l’avoir sauvé du vagabondage et de la vie de rue,  qu’il a connu pour la première fois sans le moindre sou ni souliers et non pas comme militante.»
Celle qui lui doit tout, « son entrée à l’Istiqlal, sa carrière politique, son mariage  et sa position sociale ». Celle qu’il a pris sous son aile et pour  laquelle il a pris des coups de la part  de Zoumi ( NDLR, Khadija, député et présidente de l’Organisation de la femme istiqlqlienne) et du parti.  
Dans ses confidences téléphoniques, Mediane  reproche à « sa création politique » son ingratitude  et ses relations exécrables avec les élus et les présidents de la province [ Al Hoceima, NDLR] qu’elle ne prend pas au téléphone, ce  qui lui a valu le boycott de ses réunions par les militants  istiqlaliens. Et de  conclure  : « Il faut qu’elle sache qu’elle n’est rien sans Noureddine Mediane », le sauveur des femmes fragiles et  qui ont néanmoins du chien dont il abuse sexuellement  en jouant de son pouvoir pour les aider à se faire une place en politique. Les propos de ce rifain fort en gueule deviennent encore plus dégradants et obscènes lorsqu’il  soutient que le mariage avec une dame comme Rafiaa  était impossible car jugé « déshonorant» pour lui et sa  famille, tout en menaçant de mettre « son linge sale » sur la place public dans une allusion claire à ses multiples relations sexuelles. « Je l’ai prise en main et mise en selle pour qu’elle efface son passé noir et celui de sa famille », lâche-t-il d’un ton énervé.A ces niveaux de langage, il y a de quoi être choqué et susciter plus que l’indignation.  
L’affaire est tellement grave que Rabiaa El Mansouri décide de porter plainte devant le procureur du roi près le tribunal de première instance de Tanger contre le dirigeant istiqlalien pour injures, diffamation, atteinte à la vie privée, chantage et menaces , abus de pouvoir et menaces de révélations de contenus compromettants.
Face au silence gêné de la direction du parti , c’est l’organisation de la femme istiqlalienne ( OFI) qui monte au  créneau pour témoigner sa « solidarité absolue » avec Rafiaa El Mansouri tout en demandant au secrétaire général du parti  de «  convoquer en urgence les membres du comite exécutif  afin d’examiner cette affaire et prendre les mesures nécessaires ».

Indignation

Dans son communiqué , l’OFI exige l’instauration d’une « égalité effective et l’équité dans l’accès aux postes de responsabilité partisans et politiques ». Très embarrassé par cette histoire sordide qui  prend une tournure fâcheuse et  menace l’unité du parti,  Nizar Baraka tente de jouer les démineurs.  
Pour désamorcer  la bombe, il  manœuvre en coulisse pour étouffer l’affaire en  dépêchant des émissaires auprès de Rafiaa El Mansouri  afin de la convaincre de  retirer sa plainte et négocier un arrangement à l’amiable. Mais il est trop tard
pour faire marche arrière, le coup est parti, faisant beaucoup de dégâts. L’affaire ne concerne plus seulement Rafiaa El Mansouri, elle la dépasse puisque  son mari entre en lice en  s’opposant à tout compromis, arguant que les propos tenus par le responsable istiqlalien ont attenté à  l’honneur de sa femme, au sien et à celui de sa famille. Le dossier suivra donc  son cours judiciaire  normal et les premières auditions de l’accusé par la police judiciaire sont prévues pour les jours à venir.
Au sein de l’Istiqlal et de la classe politique, on ne parle que de l’affaire Médiane, cet excellent tribun politique qui affichait jusque-là une certaine respectabilité. On lui donnerait il est vrai le bon dieu sans confession.
Ils sont nombreux à tomber des nues en écoutant l’audio indigne et compromettant  pour  celui qui  à force de courir la gueuse  est tombé dans un cul-de-sac.

La gifle

Juste après l’éclatement du  scandale, Noureddine Mediane a tenté de s’installer dans le déni en pointant du doigt une manigance de ses adversaires politiques. Précisément ceux qui lui en voudraient pour avoir soutenu l’exclusion des rangs du parti de Youssef Abattouy, qui s’est signalé au grand publicen giflant à toute volée son collègue Moncef El Toub. La nouvelle façon de débattre entre istiqlaliens ?
Cet exploit spectaculaire, qui a choqué au sein  d’un parti réputé plutôt pour la discipline de ses militants, a eu lieu samedi 2 mars , à Bouznika en pleine réunion du Comité préparatoire du 18ème  congrès du parti. La prochaine fois, ce sera les coups de poing ou les coups de boule?

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