Avec 122 sièges, le PSOE a non seulement résisté en démentant les prévisions sur sa déroute législative mais se trouve, paradoxalement, dans une bien meilleure posture que son adversaire de droite.
Les élections législatives espagnoles de dimanche 23 juillet ont accouché d’une carte politique fragmentée qui rend complexe la formation d’un gouvernement. Aucun des principaux partis, le Parti socialiste et le Parti Populaire, n’ayant obtenu ni la majorité absolue (176 sièges) pour gouverner seul ni une majorité assez confortable pour former facilement une coalition avec les forces d’appoint. Si la droite et la gauche échouent à monter une majorité, la seule option reste le retour aux urnes. En attendant, les pourparlers et les conciliabules battent leur plein pour éviter ce scénario dont personne ne veut. Celui de l’impasse politique et du retour aux urnes. Même si la droite de Nuñez Feijoo est sortie victorieuse de ce scrutin en remportant 136 sièges soit 47 de plus qu’il y a quatre ans, loin devant les 122 sièges des socialistes. Mais ce score, de prime abord spectaculaire, est nettement inférieur à l’objectif de Nuñez Feijoo: 150 sièges. En tant que candidat du parti ayant obtenu le plus de voix, je crois qu’il est de mon devoir » de tenter de «former un gouvernement », a lancé, devant le siège du PP à Madrid, le leader de la droite.
Ce qui n’est guère acquis puisque le Parti nationaliste basque (PNV, droite modérée) a prévenu qu’il refuse de pactiser avec Vox et d’accorder le vote de ses cinq députés à une alliance des droites. Seuls le petit parti des Canaries et celui de Navarre seraient a priori disposés à apporter chacun un député. Mais cela reste insuffisant pour passer le cap d’une majorité.
Ligne rouge
Sans majorité, la droite aura besoin de l’abstention, lors d’un vote d’investiture au Parlement, des députés socialistes, qui « ne le lui donneront pas », explique Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo. Équation donc complexe, voire insoluble pour Nuñez Feijoo et son bloc.
Avec 122 sièges, le Psoe de Pedro Sanchez a non seulement résisté en démentant toutes les les prévisions sur sa déroute législative mais se trouve, paradoxalement, dans une bien meilleure posture que son adversaire nationaliste et peut par conséquent espérer se maintenir au pouvoir. Et ce grâce à l’appui de son allié Sumar et potentiellement celui des partis basques et catalans, pour qui Vox est une ligne rouge. C’est ce scénario politique inédit qui lui a permis, malgré sa défaite arithmétique, de se poser en vainqueur.
« Le bloc rétrograde du Parti populaire [premier parti de droite, NDLR] et de Vox [parti d’extrême droite, NDLR] a été battu », a-t-il déclaré devant une foule de militants socialistes gonflés à bloc réunis devant le siège du Parti socialiste, dans le centre de Madrid.
« Nous qui voulons que l’Espagne continue à avancer sommes beaucoup plus nombreux », a-t-il ajouté. Ils sont nombreux aussi au Maroc où les élections et ses enjeux n’ont jamais été suivis avec autant d’intérêt. Avec l’espoir formulé dans les sphères politiques que Pedro Sanchez parvienne à se maintenir aux affaires. Pour les raisons que l’on sait. Le chef des socialistes est le principal artisan du réchauffement politico-diplomatique entre Madrid et Rabat, devenu possible à la faveur du soutien en mars 2022 de son gouvernement au plan d’autonomie pour le Sahara marocain.
Un changement de position de taille qui a déplu à la droite conservatrice et surtout au régime algérien qui mise sur le retour au pouvoir de cette dernière.