La photo de Brahim Saadoun et de ses deux compagnons d’infortune assis sur le banc des accusés a fait le tour du monde. Le jeune marocain a été condamné le 9 juin à la peine capitale pour mercenariat par la Cour Suprême de l’autoproclamée République Populaire de Donetsk (RPD). La même peine a été prononcée à l’encontre de deux ressortissants britanniques, Sean Pinner et Aiden Aslin pour le même motif. Crâne rasé, allure frêle, Brahim Saadoun, 21 ans, était étudiant en Ukraine avant l’invasion russe le 24 février dernier. Il sera, malheureusement pour lui, arrêté par les troupes russes à Volnovakha, dans le Donbass, alors qu’il combattait aux côtés des Ukrainiens dans le conflit qui les oppose à la Russie.
Selon une version, diffusée par l’agence de presse russe Spoutnik, le condamné marocain, originaire d’Agadir, a plaidé coupable devant la Cour suprême, reconnaissant en partie avoir « commis des actes visant à prendre le pouvoir par la force,», tout en rejetant le chef d’accusation de mercenariat. Mais qu’est-ce qu’il est allé faire dans cette galère ? Visiblement, il s’est engagé dans la guerre comme soldat de première ligne en tant que citoyen d’Ukraine dont il possède la nationalité. La confirmation est venue tardivement de l’ambassade du Maroc à Kiev qui a assuré, le 13 juin, que M. Saadoun s’était « enrôlé dans l’armée ukrainienne de sa propre volonté » et qu’il avait été « capturé en portant l’uniforme de l’armée de l’État d’Ukraine, en tant que membre d’une unité de la Marine ukrainienne », titulaire « de la nationalité ukrainienne ». Donc, M. Saadoun n’est pas un mercenaire.
Réagissant à la condamnation des trois hommes, le porte-parole de la Légion internationale pour la défense territoriale de l’Ukraine, Damien Magru, a formé le voeu qu’ils soient « échangés comme prisonniers de guerre », indique le média « HOBOCTИ». Et d’ajouter que les condamnés à mort
pour mercenariat ne sont pas des combattants appartenant à la légion dont il est le parole-parole. Fondée en mars 2022 à l’initiative du président Volodymyr Zelensky, cette légion est une unité militaire rassemblant des ressortissants étrangers qui se sont portés volontaires pour se battre aux côtés de l’Ukraine.
Comme l’a rappelé à juste titre Downing Street, les deux ressortissants britanniques tout comme le combattant hungaro-marocain « ne devraient pas être condamnés à la peine capitale pour leur participation aux hostilités ». En effet, la convention de Genève fait bénéficier les prisonniers de guerre de l’immunité des combats et ne devraient pas être poursuivis pour leur participation aux hostilités. « Il s’agit d’un simulacre de jugement. Il ne faut pas accorder à ce procès la moindre crédibilité. (…) Ces personnes ont été capturées par les forces russes à Marioupol et doivent être traitées conformément au droit international et à la Convention de Genève, qui exclut clairement ce genre de procès spectacle, ces tribunaux fantaisistes et la peine de mort. », a dénoncé le député anglais Robert Jenrick. Pour sa part, Rabat a expliqué que Brahim Saadoun « se trouvait actuellement emprisonné par une entité qui n’est reconnue ni par les Nations unies ni par le Maroc ». Mais seulement par la Russie de Poutine. Une énième salade russe !