Le malaise social est profond au sein de l’Agence nationale des ports (ANP). Pour le faire savoir et défendre leurs droits, les travailleurs portuaires, affiliés à l’Organisation démocratique du travail (ODT) et à la Confédération démocratique du travail (CDT), ont décidé de décréter une journée de grève le 10 avril prochain dans l’ensemble des ports du pays, sauf celui de Tanger Med. Les ouvriers dockers, via leurs centrales syndicales, dénoncent « le retard dans l’approbation des conclusions du dialogue social qui a eu lieu entre les professionnels et la Direction des ressources humaines de l’ANP ». Les intéressés réclament la valorisation de manière rétroactive des salaires au moins depuis le mois de janvier 2022, le décaissement de la prime du nouveau statut au profit des collaborateurs de l’agence et l’affiliation au fonds de pension complémentaire à compter janvier 2017. Pour le moment, la très discrète directrice générale de l’ANP Nadia Laraki observe le silence faxé au mouvement social annoncé après avoir ignoré les revendications légitimes des salariés de l’établissement qu’il a superbement menés en bateau. Adepte du « vivons cachés vivons heureux », l’intéressée occupe depuis août 2010 ce poste stratégique, soit depuis 13 ans, tout en veillant à ne pas faire de vagues.
Merci qui ? Merci Karim Ghellab. C’est le ministre istiqlalien qu’il était à l’époque qui accorda une promotion inespérée à celle qui officiait alors comme cheftaine de la Marine marchande. La longévité administrative de Mme Laraki, atteinte depuis des années par la limite d’âge, a de quoi étonner. Voilà la preuve que le changement et le rajeunissement sont une priorité au Maroc. Nadia Laraki a un atout en béton. Comme son mentor, elle est ingénieur Ponts et Chaussées, sésame qui ouvre d’office les portes de la haute administration. Réputée intelligente et déterminée, elle fait ses premières armes au ministère de l’Équipement à Rabat avant d’être nommée à la tête de la division infrastructures à la direction des ports de Casablanca et Mohammedia. Il faut avoir beaucoup de qualités pour pouvoir s’imposer dans un secteur trusté par les hommes. Mais ceux qui connaissent la complexité du maritime et de ses enjeux trouvent que le tailleur de l’ANP est trop grand pour celle qui se prend pour un génie de l’armement.