La maire de toutes les polémiques

Asmaa Rhlalou, présidente de la commune urbaine de Rabat.

Le RNI a fait élire une maire d’exception à Rabat. Asmae Rhlalou a le chic de faire trop parler d’elle. Pas dans le bon sens.

Cette élue a toujours une polémique au frais. Avant même que la première ne soit éteinte, la deuxième démarre en trombe. Depuis qu’elle a pris les rênes du conseil municipal de la capitale en septembre 2021, elle n’a fait que cristalliser les critiques et le mécontentement en braquant jusqu’aux conseillers de son propre parti.  Résultat:  Elle se retrouve aujourd’hui avec un excellent palmarès  qui fait d’elle en matière de controverses et de décisions troublantes l’un des édiles les mieux titrés du Maroc. « A croire que ses projets pour la ville consistent à se mettre à dos tout le monde », ironise un  conseiller de l’opposition. » Elle n’en fait qu’à sa tête  et prend souvent des décisions sans se concerter au préalable avec le bureau », renchérit un élu de la majorité.

Au rang des litiges spectaculaires, Il y a d’abord celui  qui a fait couler beaucoup d’encre et délier les langues : Les cafetiers et restaurateurs que la maire a accablé d’un seul coup d’une hausse de 600%  de la redevance d’occupation temporaire de l’espace public, qui est passé de 50 à  520 DH  par mètre carré dans les quartiers de l’Agdal et Souissi. C’est fort de café. Une pure folie.  Les intéressés, qui n’ont pas encore absorbé les pertes engendrées  par la crise sanitaire, ont beau protester en dénonçant une mesure injuste et ruineuse et en menaçant de faire grève, rien n’y fait. Mme la maire est restée droite dans ses  escarpins, décidée à aller jusqu’au bout. Depuis quelques semaines, ce sont les élus qui sont en colère. La moutarde  leur est  monté au nez en raison d’une décision de Asmae Rhlalou, annulée par l’ancienne équipe aux commandes, de revenir au très décrié dispositif du sabot qui immobilisait les véhicules.

En avril 2015,  le tribunal administratif de la capitale a rendu un  jugement historique confirmé plus tard par la Cour d’appel sur le caractère illégal des  zones horodateurs  suite à une plainte déposée par un collectif de juristes au nom de citoyens révoltés par le blocage de leurs voitures et les amendes qui leur étaient infligés pour non-paiement du ticket de parking à déposer derrière leur pare-brise. En plus d’avoir été tranché par la justice, la relance de l’affaire de la pose du sabot est une véritable régression par rapport à des  solutions alternatives plus respectueuses des droits des automobilistes en matière  de stationnement payant.  

Dissensions

Les conseils des arrondissements d’Agdal-Ryad et de Hassan  sont vent debout contre cette décision dont ils voient un stratagème  pour sauver de la faillite  de la société de développement local ( SDL)   «Rabat Parking» détenue à 51 %  par la ville. Laquelle société avait comme président pendant une décennie un certain Saad Benmbarek. Celui-ci  n’est que le mari de la maire  qui  occupe aujourd’hui le poste de premier vice-président de la région dont il est par ailleurs  coordonnateur régional  sous la bannière du RNI. Ainsi Rabat Parking exhale-t-il  des relents d’une affaire  de famille épinglée par la Cour régionale  des comptes dans son rapport  2020 qui a fait état  d’une baisse vertigineuse en l’espace de  quatre ans de son chiffre d’affaires (21,5 millions de DH en 2014 contre 14,1 millions de DH en 2018).  Cette chute des recettes, le management l’avait expliqué par la fin de la verbalisation par le sabot, ce qui n’avait pas tellement convaincu les juges de l’institution. Au sein de la majorité actuelle,  les dissensions sur ce dossier ont éclaté au grand jour et menacent de faire voler sa cohésion de façade en éclats. Meneur de la fronde, le groupe PAM, dirigé par Brahim Joumani, a saisi la maire pour convoquer une session extraordinaire pour discuter de la « situation de Rabat Parking ». D’autres élus demandent de diligenter un audit des comptes de la SDL Rabat Parking qui en plus d’être  déficitaire et fortement endettée serait plombée par des actes de mauvaise gestion. Asmae Rhlalou est dans la tourmente. Celle qui a également défrayé la chronique en juin 2022 en révélant que  la capitale compte pas moins de 2 400 fonctionnaires fantômes qui touchent un salaire sans travailler n’a même pas la reconnaissance de ses vice-présidents qu’elle a chouchoutés en leur offrant en avril 2023 des voitures de fonction de luxe acquises en location longue durée (LLD). Composée de 13 véhicules couverts par un contrat de 5 ans,  la durée du mandat du conseil de la ville étant de 6 ans), la flotte coûte la bagatelle de 1.300.000 DH par an au budget de la ville.  Un investissement  qui va à l’encontre des consignes du ministre de l’Intérieur en vue de la rationalisation des dépenses des collectivités locales. La maire de Rabat n’en a cure du moment que la transaction ne souffre à ses yeux  aucune opacité. Mais ceux qui connaissent les dessous des plats, sont convaincus qu’elle fait fausse route.

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