La « tête d’Avocat » qui a la banane

Excellent communiquant, non dépourvu d’humour, ce polyglotte raccroche les crampons en 2010 et entame sa reconversion en tant qu’entraîneur du FUS de Rabat.

Le parcours épique qu’il a réalisé avec les Lions de l’Atlas dans le Mondial du Qatar lui vaut une admiration sans frontières et fait monter sa cote d’entraîneur. Les offres émanant de grands clubs de foot européens et arabes ont dû déjà pleuvoir pour s’offrir les services de Walid Regragui qui a gagné ses galons de coach compétent et innovant qui  a inscrit en lettres d’or son nom dans l’histoire du football marocain, arabe et africain.

Comme la majorité des joueurs marocains nés à l’étranger (les Hakimi  Boufal et autres Ziyech…), Walid, qui a vu le jour en 1975 à Corbeil-Essonnes en région parisienne, est issu d’une famille défavorisée. Une mère agente de nettoyage à l’aéroport d’Orly et un père ouvrier. Une enfance faite de privations et une éducation dans le culte des études et des diplômes. Pour son père, la réussite professionnelle rime, après l’obtention du bac, avec un travail dans un bureau et pouvoir  envoyer au bled -c’était cela sa fierté de papa – une photo de son fils installé derrière un bureau. Le bled des Regragui c’est Fnideq dans le nord du Maroc, rendue célèbre par son activité de contrebande en provenance de Sebta voisine. Le fils, qui garde des attaches très fortes avec son pays d’origine qu’il visite régulièrement, fait plaisir à son père. Obtient un bac scientifique et un DEUG en sciences économiques  et sociales. Mais ce qui le passionne ce n’est pas le travail en entreprise. Mais bel et bien le football. Taper dans un ballon et non pas taper des lettres ou des communiqués…

Le football c’est la voie de la réussite. L’accesseur social par excellence notamment pour les jeunes des milieux frappés d’exclusion. Il a 21 ans, plein de bagout et sa passion pour le foot est intacte. Mais à cet âge,  il n’est pas encore une star. Il joue pour le compte du Racing de Paris (troisième division) et c’est là qu’il est repéré par le Toulouse Football Club. Sa  carrière de professionnel démarre un peu sur le tard et intègre  en décembre 2000  les Lions de l’Atlas coaché alors par le Portugais Humberto Coelho.

Le jeune joueur connaît un passage à vide. Plusieurs mois de chômage après son licenciement par son club français qui se résigne à une grosse opération de dégraissage à la suite de pénalités fiscales. Il attend une convocation en équipe nationale de la fédération marocaine de football qui ne vient pas alors qu’il a besoin de relancer sa carrière. Walid rebondit finalement avec le club d’Ajaccio (deuxième division) où il débarque en 2001. Le club monte en première et permet au joueur de prendre du grade au sein de l’équipe. Ce qui lui ouvre de nouveau les portes du Onze national entraîné par Baddou Zaki. L’occasion pour Regragui de briller lors de la CAN de 2004 organisée en Tunisie comme  « joueur de couloir »,  très fort quand il s’agit de casser les attaques  de l’adversaire, de relancer le jeu ou de centrer. Cette CAN, les Marocains ne l’ont jamais oubliée, qui a vu leur équipe arriver en finale et  louper malgré sa performance époustouflante le sacre continental revenu au pays organisateur qui a remporté le match (2-1). Le public n’oublie pas non plus Walid Regragui qui joue ensuite successivement  pour Racing Santander,  Dijon FCO (2004-2006) et Grenoble Foot ( 2007-2009). Tout en maintenant le contact avec le foot national et  ses responsables.

Excellent communiquant, ce polyglotte (il parle arabe, français, anglais et espagnol) raccroche les crampons en 2010 et  entame sa reconversion en tant qu’entraîneur du FUS de  Rabat. Six belles années où il se forge une réputation de technicien sérieux et rigoureux. Expatrié au Qatar où il remporte le championnat avec la formation d’Al-Duhail. Retour ensuite au bercail pour prendre en charge l’entraînement du WAC. Sous sa férule, le club fait  une saison 2021-2022 sensationnelle  et décroche  la Ligue des champions d’Afrique  contre le club cairote d’Al Ahly (2-0). Ce sacre lui vaut le respect des Marocains qui le réclament comme coach du Onze national en lieu et place de Vahid Halilhodzic qui n’a pas su se faire apprécier par les supporters. Ce sera chose faite  le 31 août 2002, soit à quelque trois mois du début du Mondial du Qatar où il réalise avec son équipe le parcours historique que l’on sait. Jamais accompli  par une équipe africaine et arabe.

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