Experte internationale sur le papier dans le domaine des énergies, la ministre PAM a montré surtout un don naturel pour la tromperie.
C’est un revirement brutal doublé d’un mensonge pétaradant que Leïla Benali a proféré en direct devant les députés, lundi 19 juillet, sur le dossier du raffinage pétrolier, à l’occasion de la session des questions orales. La ministre PAM de la Transition énergétique et du Développement durable ne s’est nullement gênée pour nier publiquement avoir dit que « le Maroc n’a jamais besoin de la Samir». Or, l’intéressée a bel et bien affirmé texto, le 29 juin, lors de l’émission « Confessions de presse » sur 2M : « Est-ce qu’on a besoin aujourd’hui de la Samir ? Je sais que ça déplairait à plusieurs, mais ma réponse courte est non ». (Voir le Canard Libéré n° 698). Voilà une dénégation aussi belle qu’une pompe à essence nouvelle génération que les deux enregistrements de ses propos contradictoires diffusés sur les réseaux sociaux ont mis aisément en évidence. De trois choses l’une : Ou bien Mme Benali prend les Marocains pour un peuple d’imbéciles amnésiques, soit elle a des ratés dans le moteur de la réflexion ou elle a été poussée par une force irrésistible à manger son chapeau en s’écartant de la ligne gouvernementale qu’elle a jusqu’ici défendue.
En tout cas, elle doit nous expliquer comment elle est passée en l’espace de trois semaines et sans transition (énergétique) de la condamnation de la Samir à la recherche d’une solution pour sa relance puisqu’elle a lancé sans ciller aux députés ébahis que son département examine les scénarios techniques et économiques pour aboutir aux solutions appropriées au dossier de la société de raffinage du pétrole « Samir ». On se demande bien ce qu’elle va sortir de son chapeau, qu’elle a allégrement mangée, d’experte internationale sur le papier dans le domaine des énergies.
La Samir est redevenue donc pour elle comme par magie un dossier d’investissement qui doit être traité « de manière raisonnable, avec la nécessité de développer une vision claire en matière de gestion et de prise en compte des intérêts de l’État marocain comme investisseur potentiel, de la main-d’œuvre de la société et des habitants de la ville de Mohammedia ». On ne voit pas comment une entreprise à l’arrêt depuis 2015 pour cause de mise en faillite frauduleuse par ses propriétaires saoudiens indélicats, puis placée en liquidation judiciaire après la transmission du dossier à la justice, au Maroc et à l’international, pourrait retrouver le chemin de la reprise, surtout que l’outil de production a eu largement le temps d’être massacré par la rouille… Peut-être que la très sincère et claire Benali-Lmazout, qui n’a aucun mal à raconter des salades (russes), a déjà trouvé la solution à ce dossier complexe : faire traîner les choses en longueur…Et puis, n’est-il pas malvenu de la part de la ministre du développement durable qu’elle est de défendre un grand pollueur comme la Samir qui représente un souci écologique patent mais aussi une risque sécuritaire pour les habitants ?
Une ministre aussi inconséquente, qui ment comme elle respire qui plus est devant l’institution parlementaire, a-t-elle encore sa place au gouvernement? De quel crédit peut encore jouir celle qui s’est auto-décrédibilisée de manière aussi éhontée ?
La ministre PAM, visiblement au centre d’une lutte d’influence aux contours obscurs et qui visiblement se fait piloter désormais comme un gadget en dehors de la sphère gouvernementale, doit tirer les conséquences de son comportement pour le moins léger. Leïla-Lmazout peut mettre à contribution sa retraite politique anticipée, éventuelle pour rédiger un petit manuel sur le mensonge politique : Comment passer facilement de l’essence de la vérité au cambouis du mensonge…