Le Covid n’a pas complètement disparu de la circulation-il fait des ravages en Chine et pour la première fois en Corée du nord -, qu’une autre maladie pointe le bout du nez : la variole du singe.
Apparue le 3 mai hors du continent africain cette maladie, appelée aussi virus «Monkeypox », s’est propagée ensuite en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Le Danemark a déclaré son premier cas lundi 23 mai et l’Autriche la veille. Au total, plus de 100 cas ont été signalés dans près de 20 pays avec une forte hausse au Royaume-Uni (57). Au Portugal (37 cas) et en Espagne (35 cas).
Au Maroc, trois cas suspects ont été déclarés, lundi 23 mai, par le ministère de la Santé qui a pris les devants en mettant en place un « plan national de surveillance et de réponse ». A en croire le Dr Mouad Mrabet, coordonnateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé, les sujets suspects « sont en bonne santé et ont subi les examens et tests nécessaires en attendant les résultats ». Aux dernières nouvelles, il s’agissait d’une fausse alerte, les cas en question s’étant avérés négatifs.
Faut-il pour autant s’inquiéter face à la propagation de la variole du singe ? Pour le moment, les scientifiques se montrent rassurants. Sans gravité particulière, excepté pour les sujets immunodéprimés et les enfants, la maladie, qui se manifeste par la fièvre, les maux de tête, les douleurs dorsales, le gonflement des ganglions et une éruption cutanée disparaît sans traitement au bout de deux à trois semaines. Un risque de surinfection existe si le patient ne bénéficie pas d’une bonne prise en charge.
A ce stade de la maladie, aucune mutation n’a été observée ni de mort à déplorer dans les pays où la maladie a surgi, selon l’OMS. Variante moins dangereuse de la variole humaine éradiquée il y a une quarantaine d’années, la variole du singe a été découverte pour la première fois en 1958 chez des singes de laboratoire à Copenhague au Danemark, d’où son nom, tandis que les premiers cas humains d’infection ont été identifiés en 1970, en République démocratique du Congo (ex- Zaïre).
Toutefois, elle porte une appellation trompeuse qui tend à incriminer les singes alors qu’elle est transmise à l’homme par les animaux, essentiellement les rongeurs comme les rats et les écureuils. Les cas de transmission à l’homme résultent d’un contact avec du sang, des muqueuses ou des lésions d’animaux infectés, rongeurs ou primates. S’agissant de la transmission secondaire, c’est-à-dire entre humains, la contamination se fait par contact rapproché avec une personne infectée ou avec des objets qu’elle a utilisés. Les muqueuses, les plaies, ou même de grosses gouttelettes transmises lors d’un face-à-face prolongé, sont considérées comme des vecteurs possibles. Une nouvelle voie de contagion vient d’être révélée, les rapports sexuels. L’agence de l’Union européenne chargée des maladies a indiqué, lundi 24 mai, que le risque de contagion de la variole du singe est « très faible » dans la population en général mais « élevé » chez les individus ayant plusieurs partenaires sexuels. C’est la responsable médicale de l’Agence britannique de sécurité sanitaire, Susan Hopkins, qui avait la première lancé l’alerte en déclarant sur la BBC que la transmission au Royaume-Uni était constatée « principalement chez des individus qui s’identifient comme homosexuels ou bisexuels ou chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ». Il n’existe pas de traitements ou de vaccins spécifiques. En revanche, il a été prouvé dans le passé que la vaccination antivariolique classique avait une efficacité de 85% pour la prévention de la variole du singe. Mais ce vaccin n’est plus prescrit pour le grand public après l’arrêt de sa fabrication suite à l’éradication mondiale de la variole. La majorité des personnes nées après son éradication, il y a une quarantaine d’années, ne sont pas par conséquent vaccinées.
Variole du singe : Un sauna madrilène et une gay pride aux Canaries incriminés
Avec une trentaine de cas confirmés, l’Espagne figure parmi les pays les plus affectés par la variole du singe qui se propage depuis début mai en Europe et au-delà. Alors que les autorités espagnoles recherchent activement le patient zéro, deux importants clusters ont pu être identifiés. Ce qui a permis de mieux comprendre le mode opératoire du virus et les voies de sa transmission. Au terme de leurs investigations, les autorités espagnoles ont fermé un sauna gay, El Paraiso, situé à Madrid, soupçonné fortement d’être le point de départ des infections ayant touché la majorité des hommes dont la moyenne d’âge est de 35 ans, ayant entretenu des relations homosexuelles. La communauté de Madrid a indiqué que plusieurs autres cas étaient encore à l’étude, et que le nombre des infections allait augmenter, alors que de nombreux patients atteints des symptômes identiques à ceux de la variole du singe continuent de déferler sur les hôpitaux. Dans le collimateur des responsables espagnols figure également la Maspalomas Pride 2022, qui s’est déroulée du 5 au 15 mai sur l’île de Gran Canaria, aux Canaries. Cet événement, qui a rassemblé quelque 80.000 personnes venues de différents pays, a été visiblement le vecteur de la maladie. Le quotidien espagnol El Pais a révélé à cet effet que deux jeunes hommes Italiens ayant pris part à cette fête ont été testés positifs à la variole du singe une fois de retour à Rome, ainsi qu’un habitant de l’île. L’un des patients italiens, atteint d’une importante fièvre, de douleur, mais également de boutons, a dû se faire soigner dans un centre médical à Gran Canaria, avant de rentrer chez lui en Italie.
L’hypothèse initiale que le virus aurait d’abord surgi au Portugal semble perdre en crédibilité. Selon, le quotidien espagnol ABC, le patient zéro à l’échelle européenne serait à chercher au Royaume-Uni qui a ravi, lundi 23 mai, à l’Espagne son titre du pays européen le plus touché par ce mystérieux virus avec 57 cas confirmés. Toujours selon le même journal, qui cite Elena Andradas, la directrice de la santé publique du ministre de la Santé de Madrid, les autorités espagnoles explorent la piste d’une pratique baptisée « chemsex ». Celle-ci consiste à associer relations sexuelles et usage de stupéfiants et que semblent affectionner une catégorie d’homosexuels.