Le Mora nouveau est arrivé…

Younes Sekkouri avec la ministre allemande de la Coopération économique, Svenja Schulze à Rabat.

Avec le sourire en prime, le ministre  de l’Emploi Younes Sekkouri a officialisé à Rabat  avec son homologue allemande une opération de livraison de jeunes Marocains en mal d’embauche dans leur pays.

L’Allemagne est confrontée, depuis des années, à un mal chronique : la pénurie de main-d’œuvre provoquée par le  vieillissement de sa population. La crise est d’autant plus sérieuse qu’elle touche des secteurs clés, comme l’industrie, la santé, l’hôtellerie-restauration, la construction ou les métiers manuels. Cette situation s’est aggravée, comme dans de nombreux pays occidentaux, depuis la pandémie du covid alors que les besoins en recrutement  dans le pays battent des records.
Pour résoudre cette crise, le gouvernement allemand a décidé d’assouplir  sa politique de visa pour attirer la main-d’œuvre étrangère. La coalition, menée par les sociaux-démocrates, Verts et libéraux, a adopté un système à points inspiré du modèle canadien et va faciliter sa politique de naturalisation de ses  travailleurs non-européens. C’est dans ce cadre que s’inscrit la rencontre jeudi 25 janvier à Rabat entre  le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri et la ministre de la Coopération économique et du Développement de la République Fédérale d’Allemagne, Svenja Schulze.   Lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de cette rencontre, M. Sekkouri a indiqué que les échanges ont porté sur la mobilisation des écosystèmes des deux pays, pour une coopération efficace et pragmatique, encouragée par une conjoncture favorable qui se prête idéalement à un partenariat fructueux.
Mettant en avant le potentiel de la main-d’œuvre jeune et qualifiée du Maroc, le ministre marocain a souligné l’importance de promouvoir une mobilité internationale constructive, permettant aux individus d’enrichir leurs expériences à l’étranger et, si besoin, de revenir dans leur pays pour y construire leur avenir.  
Lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de cette rencontre, M. Sekkouri a indiqué que les échanges ont porté sur la mobilisation des écosystèmes des deux pays, pour une coopération efficace et pragmatique, encouragée par une conjoncture favorable qui se prête idéalement à un partenariat fructueux.
Mettant en avant le potentiel de la main-d’œuvre jeune et qualifiée du Maroc, le ministre a relevé l’importance de promouvoir une mobilité internationale constructive, permettant aux individus d’enrichir leurs expériences à l’étranger et, si désiré, de revenir dans leur pays pour y construire leur avenir.
Pour sa part, Mme Schulze a fait savoir que cette collaboration vise la création d’une relation gagnant-gagnant, mentionnant l’intérêt de l’Allemagne à attirer des travailleurs hautement motivés et qualifiés pour soutenir son économie et précisant que cette collaboration se concentre en particulier dans les domaines de la santé, de l’électricité, ainsi que de l’hôtellerie et de la restauration.
Tout en se félicitant  de cette collaboration bilatérale, conçue selon elle pour promouvoir la mobilité internationale et contrecarrer l’immigration irrégulière, la ministre allemande  a mis l’accent sur l’objectif de valoriser le capital humain en prévenant la fuite des cerveaux, permettant non seulement la migration ordonnée de ressortissants marocains vers l’Europe et l’Allemagne, mais aussi leur retour dans leur pays d’origine, où ils peuvent contribuer activement au développement de leur pays Mme Schulze a également fait savoir que cette collaboration vise la création d’une relation gagnant-gagnant, qui  permet à l’Allemagne d’attirer des travailleurs hautement motivés et qualifiés pour soutenir son économie, tout ajoutant que cette collaboration se concentre en particulier dans les domaines de la santé, de l’électricité, ainsi que de l’hôtellerie et de la restauration.

Parallèle

Dans ce sens, ont été mis en place des Espaces d’information maroco-européen pour l’appui à la mobilité et l’insertion professionnelle (EIMEA) en collaboration avec l’Union européenne et l’ANAPEC. Ces espaces  servent de points de contact pour les personnes intéressées par le travail et la formation en Allemagne et en Europe et offrant des conseils personnalisés et des opportunités de formation linguistique et professionnelle.
Ces EIMEA rappellent les fameux bureaux ou agence de placement  chargés de recueillir les demandes d’emplois des candidats au travail  avec  Svenja Schulze dans le rôle du fameux  Félix Mora. Cet ancien militaire français officiant dans la garnison de Goulimine  s’est converti après l’indépendance du Maroc en «sergent- recruteur attitré » de la France des  « trente glorieuses » . M. Mora était chargé d’engager pour le compte des Charbonnages de France exploitant les Houillères du Nord-Pas-de-Calais et de Lorraine les hommes les plus forts et les plus résistants. Corvéables et taillables  à merci pour des salaires dérisoires. Félix Mora parcourait les douars du sud du Maroc berbère pour dénicher les meilleurs éléments qui correspondent aux critères requis. Après examen de leurs aptitudes physiques, les candidats retenus sont cachetés sur le torse en vert, tandis que les recalés recevaient un tampon rouge indélébile. Sur près d’ un million de candidats, environ 78 000 mineurs ont été recrutés de cette façon. Il est tentant de faire le parallèle entre la période du Français Félix Mora et l’époque actuelle de l’Allemande  Svenja Schulze. Ce qui est appelé pudiquement la mobilité internationale par le ministre Younes Sekkouri n’est au fond qu’une opération d’exportation de son capital humain que l’économie nationale n’est pas assez dynamique et innovante pour l’absorber. En cause, un taux de croissance  faible dû principalement à la nature de la structure économique, l’insuffisance de l’investissement productif national et une série de freins  à l’embauche. Alors  qu’ils sont de plus en plus qualifiés car mieux formés , les jeunes marocains languissent souvent dans le chômage. Un grand paradoxe relevé par le Haut-commissariat au plan  (HCP) dans une note d’août  2023. Résultat : ce sont des pays comme l’Allemagne connu pour le dynamisme et la compétitivité de leur économie qui viennent recruter au Maroc dans le cadre d’une émigration choisie  cette  main d’œuvre marocaine techniquement au point mais en mal d’embauche dans son propre pays!
Quant à l’opération retour des bataillons qui partent, elle est généralement incertaine, l’expérience ayant montré que les partants préfèrent faire leur vie dans le pays d’accueil. Entre la fuite des cerveaux qui fait saigner nombre de secteurs comme la  médecine et l’informatique et les migrants qualifiés qui partent  avec l’autorisation du gouvernement,  les décideurs sont-ils à ce point résignés devant manque d’attractivité du royaume pour  ses propres compétences? Jouer les sergents recruteurs à la manière de Félix Mora pour les pays développés tient-il aujourd’hui de politique de développement pour le gouvernement  ? Les transferts d’argent des MRE dont les responsables se félicitent de la croissance continue seraient-ils  plus précieux que la valorisation et la rétention des talents nationaux ? Il faudrait que M. Sekkouri  nous explique en quoi cette hémorragie de compétences encouragée par les autorités gouvernementales est compatible avec l’ambition de développement portée par ailleurs par la nation.

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