Le pas que Tel Aviv hésite à franchir…

Le président de la Knesset, Amir Ohana, le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami.

Lors de sa première visite officielle au Maroc le 7 juin, le président du parlement israélien Amir Ohana a déclaré que son pays, Israël,   «devrait aller vers une reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara». Mais que vaut réellement  son propos ?

Dans la relation du Maroc avec Israël, tout baigne. La coopération dans tous les domaines stratégiques (économie, commerce, militaire,  sécurité…) roule comme sur des roulettes. Une flopée de conventions et d’accords de partenariat dans de nombreux secteurs   couronnent et renforcent ce rapprochement. Mais il y a une ombre au tableau : L’État hébreu traîne des pieds s’agissant de reconnaître la souveraineté  du royaume sur son Sahara.

Lors de sa première visite officielle au Maroc le 7 juin accueillie par une manifestation hostile organisée aux abords du Parlement par des activistes marocains anti-normalisation, le président du parlement israélien Amir Ohana a fait une annonce qui a plu aux responsables marocains. A savoir que son pays, Israël,   «devrait aller vers une reconnaissance» de la souveraineté du Maroc sur son Sahara (…) «tout comme l’a fait notre plus proche allié, les États-Unis en signant les accords d’Abraham». Le responsable d’origine marocaine  est revenu sur le sujet en marge d’une rencontre avec son homologue marocain Rachid Talbi Alami en renchérissant :    «Il y a actuellement des discussions sérieuses entre nos gouvernements sur cette question, et je crois que le Premier ministre Netanyahou annoncera sa décision dans un avenir proche».

Nuance de taille

Que vaut réellement la déclaration de Amir Ohana sur l’imminence d’une reconnaissance claire par Tel Aviv de la souveraineté du Royaume sur ses territoires du sud ? Quel crédit leur donner sachant que les officiels israéliens se sont jusqu’ici distingués par leur ambivalence sur ce dossier ?

Lors d’une visite au Maroc en juin 2022, la ministre israélienne de l’Intérieur Ayelet Shaked n’a-t-elle pas déclaré qu’Israël reconnaît la souveraineté marocaine sur son Sahara avant que son collègue  des Affaires étrangères ne la corrige en  affirmant que «le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental est un développement positif ». La nuance est de taille. Plusieurs semaines plus tard, le ministre israélien de la Justice Gédéon Saar a déclaré publiquement lors de son déplacement à Rabat que le «Sahara occidental» fait partie du Maroc. Mais le ministère israélien des Affaires étrangères s’est  empressé de nuancer les choses.  

Pour le moment, les relations diplomatiques maroco-israéliennes ne vont pas au-delà  des  bureaux de liaison. Mais à chaque fois que les responsables israéliens évoquent avec leurs interlocuteurs  marocains la question de les upgrader au rang d’ambassades a l’instar des Émirats arabes-unis et Bahreïn qui ont normalisé leurs relation avec Israël,  ils sont systématiquement confrontés à l’exigence marocaine : la reconnaissance de la souveraineté du Royaume sur son Sahara.

La logique du deal domine. Du donnant-donnant. Dans ce contexte, un groupe d’Israéliens d’origine marocaine  a ressorti une vieille revendication, l’octroi de la nationalité marocaine à tous les juifs marocains qui y ont renoncé, ainsi qu’à tous leurs enfants et descendants directs et indirects. Cette affaire a fait l’objet  d’une pétition lancée via le portail national de la Participation citoyenne, dont copie a été remise au président de la première Chambre Rachid Talbi Alami. Pour que cette demande ait une chance d’être étudiée, il faut qu’elle récolte 20.000 signatures. L’initiative a pour objectif de «maintenir le lien entre les juifs d’origine marocaine, Amir Al Mouminine (Commandeur des croyants) et leur pays d’origine», explique son promoteur Houcine Benmessaoud. Reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara contre  satisfaction de cette revendication ? Le journal israélien Haaretz croit savoir que ce dossier pourrait être une piste du côté israélien …

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