Ni palissade servant par mesure de sécurité à clôturer la zone de travaux, ni panneau de chantier devant comporter certaines données comme la nature des travaux, le nom du maître d’ouvrage ou ceux de l’architecte et du bureau d’études… Plus grave encore, les travaux effectués ne sont pas conformes à ceux de l’objet de l’autorisation. En somme, il s’agit d’un chantier clandestin installé par une femme s’estimant au-dessus des lois et qui traine une réputation sulfureuse et quelques casseroles (voir encadré). Ces infractions, après avoir été dûment constatées par une équipe technique mixte, ont été consignées dans un PV signé en date du 27 janvier dernier par le caïd de la 8ème annexe de Aïn Diab. Avec copies adressées au gouverneur des arrondissements d’Anfa, au président de la commune d’Anfa et au directeur de l’agence urbaine de Casablanca. Ce n’est qu’après la décision d’arrêt du chantier ordonné par les autorités que Zhor Kabbaj a fait installer un panneau de chantier mentionnant la nature des travaux autorisés: Modification. Mais dans les faits, ceux-ci ont été exécutés en violation de l’autorisation obtenue. Les dépassements à la pelle sont tellement graves que les autorités ordonnent l’arrêt du chantier. Il est tout de même surprenant qu’un tel bâtiment en instance d’inscription au patrimoine de Casablanca ait obtenu une autorisation de modification. Zhor Kabbaj, fort d’un sentiment d’impunité qu’elle croit compatible avec son statut de riche héritière, s’est tout permise pour arriver à ses fins. Expulser les résidents à moindre frais en produisant devant le tribunal de première instance de Casablanca une expertise sujette à caution tendant à prouver que les travaux effectués, réalisés dans le cadre d’une procédure de péril, sont justifiés par un risque d’effondrement de la résidence du fait de sa vétusté. C’est sur la base de ce rapport que desquels figure l’ex-wali de Bank-Al-Maghrib Mohamed Sekkat ont été expulsés par la justice. Une manœuvre qui n’a pas fonctionné avec la battante Malika Sedki visée par une procédure d’expulsion initiée par la SCI de Zhor Kabbaj à son encontre. Notre locataire, qui n’est pas née de la dernière goutte de peinture, a taillé en pièces les arguments de la partie adverse en présentant des contre-expertises démontrant que l’immeuble est en bon état et que la nature des travaux autorisés ne nécessitent pas l’expulsion des résidents.
C’est fort de ce jugement obtenu en première instance le 14 février dernier, qui a fait l’effet d’un coup de massue sur la tête de la plaignante, que Me Sedki compte poursuivre le combat en affrontant celle qui a interjeté appel en sortant les gros moyens. En attendant le verdict prévu pour les semaines à venir, Zhor Kabbaj n’a pas hésité à faire démolir la terrasse et ses box et à s’attaquer aux parties communes en fermant l’accès aux ascenseurs et au parking. Résultat : les derniers récalcitrants de Floréal ne peuvent plus monter chez eux ni descendre leurs voitures dans le garage de l’immeuble. Couverts d’une substance visqueuse ressemblant à un plâtre de moulage, les escaliers sont devenus impraticables. Tous les moyens sont bons pour faire partir les derniers rebelles. Partir bredouille ? Zhor Kabbaj, dont l’entreprise s’est diversifiée dans divers segments de l’immobilier locatif (industriel, bureaux, résidentiel, logistique et commerce), a offert une compensation financière jugée dérisoire aux locataires. Un vieil homme expulsé a dénoncé auprès du Canard la manière utilisée par la patronne de Softgroup pour dégager les habitants. « Aveuglée par sa puissance financière, elle nous a traités comme des moins que rien alors que nous sommes des gens sans histoires qui avons toujours payé nos loyers en temps et en heure », explique-t-il, une pointe de colère et d’amertume dans la voix. Zhor Kabbaj, une femme qui va droit dans le mur ?
Tissu de petits scandales…
La vie de Softgroup est loin d’être un long fleuve tranquille. Présidé par Mohamed Kabbaj, le groupe dont la partie immobilière est gérée par sa fille Zhor, diplômée de HEC Lausanne, est présent dans une myriade d’activités. En plus de l’immobilier, le textile et l’industrie. L’usine de confection de ce holding familial a eu le privilège, en pleine crise sanitaire, d’obtenir, grâce à la générosité de Moulay Hafid Elalamy, alors ministre du Commerce, de l’Industrie et bien d’autres choses, le marché juteux des bavettes subventionnées à deux sous revendues très cher compte tenu de leur piètre qualité. Softgroup, version immobilière, est synonyme de quelques ratages retentissants comme l’arrêt en 2021 par les autorités, pour non-conformité, de son chantier de mall implanté sur la route d’Azemmour. Softgroup se retrouve aussi mêlé au fameux scandale Aramex provoqué par l’incendie qui a ravagé il y a quelques années des biens de famille précieux appartenant à SAR le prince Moulay Rachid. Opéré par Aramex, spécialisé dans la logistique et le transport international, l’entrepôt qui a pris feu appartient à Softgroup. Softgroup c’est aussi le mécénat à travers une fondation pour les sans-abris. Seuls les esprits tordus ou les jaloux qualifieraient cette entreprise humanitaire d’activité de façade. N’est-ce pas Lalla Zhor?