Motion de censure contre le gouvernement : Le rêve impossible de l’opposition

Après avoir échoué à créer une commission d’enquête parlementaire sur le dossier controversé de la subvention à l’importation du bétail faute d’avoir rassemblé les 123 signatures requises par la Constitution, les quatre groupes d’opposition (USFP, MP, PPS PJD) ont décidé de tenter une manœuvre tout aussi incertaine : faire tomber le gouvernement de Aziz Akhannouch. Rien que ça! Un objectif difficilement atteignable étant donné qu’une motion de censure ne peut être adoptée qu’à la majorité absolue. Dans une chambre où l’opposition est numériquement faible, cela relève du pari impossible. Mais cette dernière dit vouloir aller jusqu’au bout de sa démarche « non pas pour faire tomber le gouvernement, mais pour ouvrir un large débat sur un ensemble de sujets fondamentaux qui préoccupent les citoyens». Faire chuter le gouvernement pour débattre ! Du grand n’importe quoi vu qu’une motion de censure est un texte de défiance pour forcer un gouvernement à démissionner. En fait, l’opposition, inaudible depuis le début de la législature, espère donner de la voix en s’accrochant à ce dossier pour soigner son image auprès de la population en perspective des élections législatives de 2026. Tous les partis n’ont que cette chance en tête! Tous rêvent de conduire « le gouvernement du mondial ». 

Aux dernières nouvelles, les chefs des groupes de l’opposition ont décidé de reporter d’une semaine l’opération de collecte de signatures nécessaires à leur projet illusoire (1/5 des députés est nécessaire pour introduire la motion et la majorité absolue pour son adoption). Un report justifié par le déplacement de 7 présidents de groupes parlementaires en Mauritanie où se tient les 9 et 10 mai un forum économique maroco-mauritanien. Le climat politique a été envenimé par les propos d’un ministre issu de la majorité, en l’occurrence l’istiqlalien de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, sur le plateau de Medi1, en février dernier selon lesquels 19 importateurs ont bénéficié de la subvention à l’importation du bétail. 

Pour sa part, l’opposition estime que le manque à gagner au titre des exonérations fiscales occasionnées par ces importations s’élèvent à 13,3 milliards de DH depuis le 21 octobre 2022. Un chiffre colossal contesté par le gouvernement via un communiqué du ministère de l’Agriculture qui fait état d’une facture de 437 millions de DH dont 193 MDH engagés en 2023 et 244 MDH l’année suivante.

En vérité, ce chiffre est tout ce qu’il y a de fantasque. Pour la simple raison que les taxes fiscales, antérieures à la crise de l’élevage national, instaurées sur l’importation du bétail et des viandes rouges, étaient de 200% pour les droits de douane et de 20% au titre de la TVA. Ce niveau de taxation, volontairement dissuasif pour les importateurs, a été décidé par les pouvoirs publics pour protéger le cheptel du cru à l’époque pas si lointaine, où le Maroc assurait son autosuffisance dans ce domaine. Ce qui a été présenté abusivement comme un manque à gagner de 13 milliards de DH n’est en réalité qu’un jeu d’écriture budgétaire puisque le Maroc, du fait de ce niveau de taxation décourageant, n’a jamais importé de bétail ni de viandes rouges avant la baisse drastique de son cheptel Certes, le dossier du bétail aurait pu être mieux géré et permettre une baisse significative des prix des viandes rouges dans le commerce. Ce qui n’a pas été le cas. Mais monter cette affaire en épingle quitte à défendre de faux chiffres permet à l’opposition et à l’Istiqlal de se positionner électoralement. Un coup vache?

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