« Nous ferons tout pour être au rendez-vous »

Hassan Boubrik, directeur général de la CNSS.

Dans cet entretien, le directeur général de la CNSS Hassan Boubrik explique comment la généralisation de la couverture maladie aux travailleurs non-salariés a induit une grande transformation de la Caisse aussi bien en termes de systèmes d’information que de ressources humaines.

Le Canard Libéré : Dans quelles conditions se déroule l’opération de généralisation de l’AMO pour les travailleurs non-salariés et les ramedistes ? Le délai fixé à fin 2022 du bouclage du processus d’immatriculation de ces catégories sera-t-il respecté ?

Hassan Boubrik : Depuis le lancement de ce chantier Royal, nous travaillons d’arrache-pied et en étroite coordination avec les différents départements ministériels afin d’atteindre les objectifs dans les délais fixés. L’opération a connu une véritable accélération depuis décembre dernier, avec la publication de plusieurs décrets concernant différentes catégories de TNS. Aujourd’hui la quasi-totalité des décrets a été publiée et nous avons d’ores et déjà  immatriculé plus de 2 millions de TNS, dont 900 000 agriculteurs. Les estimations initiales faisaient état d’un total de 3,5 millions de travailleurs TNS. C’est un chiffre très important et l’intégration de toute cette population demande beaucoup d’efforts de la part de l’ensemble des parties prenantes.  Nous ferons tout pour être au rendez-vous.  

S’agissant des Ramedistes, leur nombre s’élève à 4 millions de personnes si on compte uniquement les assurés principaux et à 11 millions si on prend en considération également les ayants droit. Leur intégration se fera après celle des TNS et après l’adoption des amendements nécessaires à la loi 65-00 relative à l’AMO. Nous travaillons sur les aspects techniques et opérationnels de cette intégration pour être prêts et boucler la généralisation de l’AMO, conformément au calendrier fixé par la loi-cadre.

Le chantier de la généralisation de la protection sociale lancé par le souverain fait passer le nombre d’assurés de la CNSS de 3,5 millions à 11 millions de Marocains. Comment la CNSS s’est-elle organisée pour gérer ce surplus d’activité en termes d’organisation générale et de charge de travail pour le traitement des dossiers ?

La CNSS a été appelée à jouer un rôle central dans ce grand chantier, ayant été désignée pour gérer le régime de couverture maladie des travailleurs non-salariés et des populations vulnérables. En 22 mois seulement, l’activité de la caisse devrait connaître une progression sans précédent. le nombre d’assurés qui doit passer de 3,5 à 11 millions. En comptant les ayants droits, les bénéficiaires passeraient de 7 à 29 millions. Le nombre de dossiers traités évoluerait de 20 000 à près de 90 000 dossiers par jour. Tout ceci implique une transformation de taille de notre établissement.

Cette transformation a commencé par les systèmes d’information. Ils ont été adaptés pour prendre en charge une population totalement différente des salariés aussi bien en matière d’adhésion de déclaration ou de recouvrement des cotisations. Ces systèmes ont été significativement améliorés pour s’assurer de leur robustesse, de leur performance, de leur sécurité et de leur capacité à traiter un flux de données et de transactions beaucoup plus important que ce qui se fait actuellement.

Nous avons renforcé nos capacités par le recrutement de nouvelles ressources humaines. Nous avons également augmenté la taille de notre réseau et établi plusieurs partenariats avec les réseaux de proximité. Grâce à ces partenariats, des milliers de points de contact ont été mis à la disposition de nos assurés pour le dépôt des dossiers de remboursement et pour assurer d’autres services.

Par ailleurs, nous avons adapté  notre organisation en renforçant les structures en charge de la relation clientèle et de la qualité de service, ainsi que celles en charge des prestations, notamment le pôle AMO.  Enfin, un accent particulier a été mis sur la transformation digitale de la Caisse.

La CNSS, basée sur un régime solidaire, a-t-elle les moyens au-delà de la branche maladie de financer dans des conditions optimales les dépenses sociales de l’ensemble de la population couverte ?

La CNSS gère des régimes de protection sociale contributifs. L’équilibre financier doit être assuré entre, d’une part les ressources constituées essentiellement des cotisations et des revenus des placements des réserves, et d’autre part les dépenses constituées des prestations et des charges de gestion

Ces régimes, en particulier ceux de l’assurance maladie et des pensions, feront certainement face à des défis énormes induits par le vieillissement de la population. Notre devoir est d’anticiper bien à l’avance ces évolutions et c’est pourquoi nous procédons régulièrement à des études actuarielles pour projeter les données financières sur le moyen et long terme. Ainsi et dans le cas où ces projections indiqueraient un déficit probable, les réformes nécessaires pourraient être prises suffisamment à temps.

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