L’avenir des partis marocains passe par la polarisation, telle est l’idée développée par Salaheddine Aboulghali dans un entretien accordé à notre confrère Le Temps (août 2024). Le député-maire PAM de Médiouna porte le souci de la restructuration du champ politique national dont la principale caractéristique est l’atomisation. Éclaté entre une multitude de formations qui n’ont de différence que le sigle, il gagnerait effectivement en lisibilité et en efficience à se constituer en pôles «qui seraient compris par les Marocains avec des projets lucides et idéologiquement identifiables». Pour M. Aboulghali, toutes les options sont envisageables pour atteindre cet objectif : rapprochements, groupements, alliances, fusions. Mais encore faut-il que les concernés souscrivent à cette idée et œuvrent sérieusement pour la concrétiser. Ce qui pourrait déboucher sur la création de quatre grands pôles: les conservateurs, la gauche, la droite et les centristes.
Cette mise à niveau, salutaire pour une classe politique qui «a perdu sa capacité à encadrer et à mobiliser», a été longtemps reportée alors qu’elle relève de l’urgence qui procède à ses yeux de «la fin d’un cycle historique» qui annonce «à la fois une transformation et un retour».
«Cette polarisation permettra la relance d’un débat public nécessaire pour mobiliser les Marocains» autour d’un «destin commun», indique-t-il.
Fini les partis de papa, semblait dire M. Aboulghali qui plaide par ailleurs pour une action politique rénovée afin de répondre aux attentes des Marocains qui sont «nouvelles et multiples».
Titulaire d’un bachelor en sciences politiques de l’université de Massachusetts Lowell (Boston), d’un mastère en droit obtenu à l’université de Perpignan en France et d’un DEA délivré par l’Université Mohammed V-Soussi à Rabat, Salaheddine Aboulghali fait partie avec les ministres Fatima Zahra Mansouri et Mehdi Bensaid qui dirigent le PAM de la jeune garde qui a déjà pris du grade. Ce triumvirat, dont les membres sont «guidés par des objectifs clairs» [et sont issus de] « la même école » incarne cette volonté de faire la politique autrement en collant aux aspirations de la population.
«Certains souhaitent nous voir divisés ou attendent que des intérêts personnels l’emportent sur les exigences de solidarité et d’engagement», révèle M. Aboulghali qui se dit satisfait du fonctionnement de la gouvernance à trois. Plus qu’une formule «innovante», M. Aboulghali la considère comme «une force qui nous permet de discuter, d’échanger et trancher vite et bien».
«Le 5ème congrès a vu juste. Les militants ont voulu de nouveaux visages et une nouvelle façon de faire», explique-t-il tout en se disant «profondément animé par la confiance» des militants et l’intérêt du parti». Un parti «qui rajeunit ses instances dirigeantes, qui met la femme au cœur [ de son ] processus décisionnel», et «qui a insaturé une charte d’éthique (…)».