Portrait-robot d’un jeune de la Gen Z en 10 points 

Il incarne la contradiction d’une génération : ultra-connectée mais souvent isolée, pleine d’idées mais privée de débouchés, profondément attachée à son pays mais tentée par le départ. Son combat n’est pas idéologique, il est existentiel. 

Ahmed Zoubaïr

1. Le double langage maîtrisé : code-switching permanent

Sa force : Naviguer entre Darija, français et anglais selon les cercles

Son quotidien : Publie des threads engagés sur Twitter en français, commente l’actualité en darija sur Instagram, consomme du contenu international en anglais

2. L’expertise numérique instinctive : armes de mobilisation massive

Sa compétence : Créer du contenu viral (memes, vidéos TikTok, infographies)

Son terrain : Sa chambre comme QG, son smartphone comme arme principale. Il sait qu’une vidéo bien calibrée a plus d’impact qu’un tract politique

3. Le réalisme désenchanté : ni rêveur ni révolutionnaire

Son état d’esprit : « Je ne veux pas renverser le système, je veux juste y avoir ma place »

Sa revendication : Un emploi stable, un logement accessible, des services publics qui fonctionnent – des aspirations basiques devenues luxueuses

4. Le radar à hypocrisie hyper-développé

Son don : Détecter instantanément le langage politique vide de sens

Son réflexe : Archiver les promesses non tenues, comparer les discours aux actes, documenter les contradictions du pouvoir

5. L’identité mosaïque assumée

Sa complexité : 100% marocain ET ouvert sur le monde

Son positionnement : Aime le Maroc mais refuse le patriotisme aveugle. S’inspire des mobilisations globales (climat, droits sociaux) sans copier-coller. 

6. La Z n’a pas « peur » de l’autorité

Elle ne la reconnaît tout simplement pas comme un fait acquis. Elle ne se soumet pas à une position hiérarchique, mais à une compétence démontrée, une logique implacable ou une authenticité perçue.

Le défi pour les institutions (famille, école, entreprise, État) est immense : il ne s’agit plus d’imposer son autorité, mais de la rendre légitime à leurs yeux

7. Le rejet des structures traditionnelles

Son paradoxe : Militant mais très méfiant envers les partis et syndicats

Son approche : Privilégie les collectifs horizontaux, les mobilisations ponctuelles, les actions ciblées plutôt que l’engagement partisan classique. 

8. La dignité comme moteur principal

Sa motivation profonde : Refuser l’humiliation de la précarité et du clientélisme

Son cri : « Je veux gagner ma place par mon mérite, pas par piston ou corruption »

9. La lucidité désespérée

Son lourd secret : Il envisage l’expatriation comme solution de dernier recours

Son déchirement : Se battre pour changer son pays tout en préparant silencieusement un plan B à l’étranger

10. La fatigue d’être l’avenir sans avoir de présent

Son épuisement : En avoir marre d’entendre « les jeunes sont l’avenir du Maroc » alors qu’on les traite comme un problème. 

Sa demande ultime : Qu’on cesse de les infantiliser, de les mépriser ou de les flatter – et qu’on leur donne simplement la chance pour contribuer à construire un Maroc meilleur.

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