L’opération était annoncée comme le mariage de la décennie entre deux grands noms de la relation client, Sitel et Majorel. Mais la lune de miel n’aura duré que deux mois à peine… Explications.
Le mastodonte de la relation client, censé peser un chiffre d’affaires 6 milliards d’euros à l’issue de cette fusion, ne verra pas le jour. Le deal a tourné court. Et pourtant, le communiqué commun rendu public le 22 juillet dernier par Sitel group (propriété de la famille Mulliez) et Majorel (propriété de l’allemand Bertelsmann et le Marocain Saham) annonçait « un accord fixant les principaux termes d’une potentielle fusion afin de créer un nouveau leader mondial de l’expérience client ».
Le communiqué laconique, publié lundi 19 septembre dans la soirée, sitôt les marchés financiers européens clôturés, fait état de l’annulation de la transaction en de « désaccords sur l’alignement de la stratégie financière».
Mais pourquoi le mariage entre les deux tourtereaux des centres d’appel n’a pas été conclu. Qu’est-ce qui a été à l’origine de cette rupture brutale qui a fait que le mariage ne sera pas en fin de compte consommé ?
Il parait que des désaccords de fond ont surgi lors de la période de négociation, à l’occasion de laquelle les partenaires ont exposé chacun les comptes de leurs entreprises. C’est à ce moment-là qu’une « asymétrie financière de la capacité d’endettement entre les deux entreprises », est remontée à la surface, qui montre clairement que l’un des groupes serait fortement endetté et pas l’autre. L’entreprise endettée serait Sitel qui aurait contracté un crédit pour racheter en 2021 l’américain Skyes Enterprises, considéré comme le leader mondial de la gestion de l’expérience client. Mais ce n’est pas cet endettement à proprement parler qui serait à l’origine de l’annulation du projet de rapprochement mais le taux variable adopté et que le contexte de crise engendrée par la guerre en Ukraine a rendu très problématique. Comment ? En plombant les comptes de Sitel de plusieurs centaines de millions d’euros de taux d’intérêts supplémentaires. C’est ce point d’achoppement qui a freiné les ardeurs des négociateurs du groupe Majorel qui ne voulaient pas s’engager sur une fusion à haut risque, susceptible d’handicaper d’entrée de jeu le nouvel ensemble. Résultat : Les deux désormais ex-partenaires ont décidé de fermer la ligne…