Peu de pays dans la région, voire dans le monde peuvent se prévaloir d’un palmarès aussi riche que celui de l’armée marocaine en matière des opérations de maintien de paix et de soins apportées aux populations meurtries par la guerre.
Les Forces Armées Royales (FAR) ont célébré, samedi 14 mai 2022, le 66ème anniversaire de leur création. C’était en 1956 au lendemain de l’indépendance du Maroc. L’anniversaire de cette année coïncide avec l’appel sous les drapeaux de 20.000 jeunes âgés entre 19 et 25 ans dans le cadre du service militaire obligatoire réinstauré en 2018. Le retour de ce dispositif vise non seulement à promouvoir un certain nombre de valeurs notamment « le sens du civisme, du respect de l’autre et de la citoyenneté » mais à renforcer également les viviers de recrutement pour susciter des vocations. Les FAR en ont besoin pour continuer à cultiver la performance et le professionnalisme de leurs hommes qui rayonnent au-delà des frontières nationales depuis plusieurs décennies. Et puis, s’engager dans l’armée marocaine peut déboucher sur une belle carrière militaire, forgée dans le dévouement et l’engagement sur divers fronts dont les missions sont nobles, comme l’a rappelé S.M le Roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d’État-Major Général des FAR, dans son ordre du jour aux officiers, sous-officiers et militaires de rang à l’occasion de ce 66ème anniversaire. « Notre profonde conviction en l’importance des nobles missions que vous accomplissez sur les plans sécuritaire et militaire, et les expériences et acquis que vous avez accumulés dans le domaine de la gestion des risques et des crises Nous font prendre conscience de la justesse de l’approche que Nous avons adoptée pour le développement de Nos Forces Armées Royales en termes de structure et d’organisation, ainsi que Notre souci de fournir un soutien et un accompagnement permanents, avec la même volonté et détermination, pour que vous puissiez atteindre un plus haut niveau de professionnalisme et être en mesure de relever tous les défis, particulièrement en cette conjoncture internationale délicate, avec ses incidences militaires, sécuritaires et économiques », a écrit le Souverain.
Professionnalisme
Les FAR sont connus pour être une armée de paix fondée historiquement sur une tradition solide de coopération militaire et une expérience internationale au long cours. Ce n’est pas une armée d’opérette comme il en existe dans certains pays de la région. Mobilisées pour défendre l’intégrité territoriale du pays notamment au sud, les FAR disposent d’une grande expertise accumulée dans leurs participations aux opérations de maintien de paix dans les zones de conflit.
La contribution du Maroc dans ce domaine n’est pas récente. Depuis son adhésion à l’ONU en 1956, Rabat a toujours répondu présent pour contribuer à la stabilité des territoires en guerre en répondant de manière favorable « aux appels de la communauté internationale pour soutenir les efforts de paix ». Depuis plus 50 ans, 11 hôpitaux chirurgicaux de campagne ont été déployés par les contingents marocains dans des territoires en proie à la guerre. Ces structures de soins, dotés de nombreuses spécialités, ont réalisé plus de 500.000 interventions médicales en faveur des civils blessés alors que plus de 63 000 Casques bleus marocains se sont engagés dans les opérations onusiennes. Les premiers contingents des FAR ont été déployés en juillet
1960 au Congo dans le cadre de l’« Organisation des Nations unies au Congo » (ONUC), chargés de réunifier le pays après la tentative de sécession de la province du Katanga. En 1989, le Maroc répond encore présent et dépêche en Angola 15 soldats et 11 policiers pour coordonner les actions sur le terrain de la Mission de vérification des Nations unies (UNAVEM I). Entre 1992 et 1994, les FAR engagent 1 430 soldats, policiers et observateurs au sein de l’Opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM I). Mission : veiller au respect du cessez-le-feu, sécuriser les parcours d’acheminement de l’aide et protéger le personnel de l’ONU.
Le Maroc était également impliqué dans la deuxième opération en Somalie (ONUSOM II) en 1994. En Afrique de l’Ouest, le commandement des FAR a dépêché 734 militaires en 2004 en Côte d’Ivoire, lors de la crise postélectorale dans le cadre de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). En République démocratique du Congo (RDC), dès 1999, le Royaume participe à la mission des Nations Unies au Congo (MONUC), avec 750 soldats, 4 officiers d’état-major et 4 policiers chargés de veiller principalement au respect du cessez-le-feu entre les belligérants. Parallèlement à cette mission, le contingent marocain a installé sur place un hôpital de campagne géré par 51 médecins militaires.
La protection des civils représente l’autre dimension des tâches confiées aux Marocains dans ce pays : un hôpital médical de campagne dont les prestations sont assurées par 51 militaires experts est déployé aux côtés des troupes. La résolution 1925 du Conseil de sécurité remplace la MONUC par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Là aussi, le Maroc est présent avec 835 soldats et 3 experts.
En juillet 2019, le Maroc envoie un bataillon en RDC dans le cadre d’une opération de maintien de la paix. D’autres missions de paix à travers le monde sont à l’actif des FAR dont le professionnalisme est reconnu et apprécié à sa juste valeur par les Nations Unies et bien d’autres partenaires du pays. À Haïti, en 2004, où le contingent marocain s’est employé à restaurer la sécurité et la stabilité politique dans le cadre de la mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTAH). Le sol européen n’est pas en reste. Sous l’égide de l’OTAN, les soldats marocains se sont engagés dans la Force de stabilisation en Bosnie-Herzégovine (SFOR) en 1995 et la Force de paix au Kosovo (KFOR) en 1999. En plus de faire respecter aux parties en conflit les accords de paix de Dayton, le contingent marocain était en charge, dans ce pays ravagé par une guerre atroce déclenchée par la Serbie, d’une mission à caractère humanitaire : soigner les populations meurtries par le conflit dans l’hôpital médico-chirurgical déployé à Srebrenica. En 2004, le Maroc obtient le statut « d’allié majeur hors-OTAN » qui lui permet d’intervenir aux côtés de ses alliés européens et américains dans le cadre du dialogue sur la Méditerranée et de sa coopération militaire avec l’Europe et les États-Unis.
Esprit de bravoure
Les Opérations de Paix (OP) dont le Maroc a fait un outil essentiel de sa politique extérieure dynamique et un levier essentiel de son rayonnement sur la scène internationale ont contribué à la consolidation du professionnalisme des soldats marocains. Pratiquant trois langues (arabe, français et anglais), ce qui est un atout dans ce genre de mission, ces derniers ont acquis une bonne réputation aussi bien auprès des populations que des belligérants.
Le secret ? Le dévouement que les soldats marocains affichent dans leurs actions de pacification, doublés souvent d’une assistance médicale précieuse apportée aux victimes de la guerre alors même que les environnements où ils évoluent sont souvent inhospitaliers et plein de risques. Toutefois, ces OP, où le Maroc occupe la 12ème place comme fournisseur de troupes, n’ont pas été un fleuve tranquille pour les FAR qui ont payé un lourd tribut à ses efforts d’instauration de la paix internationale. Plus de 40 soldats ont perdu la vie dans l’exercice de leur travail, ce qui n’a point entamé le moral des troupes ni poussé le Maroc à réduire la force de son engagement dans les points chauds de la planète. Fort de son outil militaire considéré comme l’un des plus performants du continent africain et de l’expertise opérationnelle de ses hommes en uniforme, le Royaume est résolument engagé sur un autre front non moins important pour la sécurité mondiale : la lutte antiterroriste.
Une contribution que le Maroc a concrétisée en décembre 2014 en prenant part aux côtés de ses alliés américains et français à la coalition militaire contre Daech qui a fait récemment l’objet sur le plan diplomatique d’un conclave international à Marrakech. Avec comme objectif affiché de poursuivre la coordination mondiale contre les crimes du groupe État islamique. Force de paix qui interagit avec son environnement régional et international, institution dont l’esprit de bravoure et de discipline de ses hommes sont reconnus, les FAR font vivre sur le terrain les engagements infaillibles du Royaume « pour la défense des valeurs de paix, de sécurité et de solidarité dans le monde ».
Les autres théâtres d’intervention…
Sur le front intérieur, l’action des FAR est multiforme, englobant des champs d’intervention divers. Sur hautes instructions royales, l’armée, dans ses différentes composantes, a été mobilisée lors des intempéries (vagues de froid et chutes de neige particulièrement) qui frappent certaines régions enclavées du pays pour apporter, en coordination avec les autorités locales, réconfort, soutien, soins médicaux aux populations touchées. Les FAR ont également brillé par leur professionnalisme dans la gestion de la crise sanitaire en déployant plusieurs hôpitaux de campagne en guise de renfort dans les zones à forte densité pandémique.
Les théâtres d’intervention des FAR s’étendent aussi aux pays amis arabes et africains. Lors de la première Guerre du Golfe en 1990, consécutive à l’intervention du Koweït par l’Irak, feu Hassan II avait donné son feu vert pour le déploiement de contingents des FAR en Arabie Saoudite. Il faut dire que le Maroc a toujours répondu au devoir de solidarité arabe matérialisé par son engagement dans la guerre du Kippour en 1973 avec 550 soldats envoyés au Golan. Au-delà de sa participation aux coalitions arabes à l’image de celle de la guerre au Yémen, le Royaume a souvent mis l’expérience et la technicité de son armée au service des pays arabes notamment du Golfe pour former leurs cellules de combat et de sécurité.
En ces temps marqués par une menace terroriste diffuse, le Maroc s’est mobilisé pour apporter son assistance à plusieurs pays subsahariens aux prises avec des groupes djihadistes. Dans ce cadre, le Royaume, qui contribue activement à la lutte antiterroriste via son appareil de renseignement réputé pour son efficacité redoutable, a fourni un soutien logistique déterminant à l’opération française au Mali.