O santé ! Santé ! Bénédiction des riches ! Richesse des pauvres! Qui peut t’acquérir à un prix trop élevé, puisqu’il n’y a pas de joie dans ce monde sans toi ? avait dit le dramaturge anglais de la Renaissance Ben Jonson. La Santé ! C’est certainement le meilleur souhait à formuler pour tous, et pour nous tous, en cette année 2020 pour le moins particulière, qui s’achève. Et la meilleure chose qui puisse arriver à un être humain, évidemment, c’est de péter la forme. Avec la possibilité de jouir de la vie sans entraves surtout administratives. Et dans une relative insouciance. In fine le vrai capital c’est la santé. Et elle n’a pas de prix.
La crise sanitaire a montré en effet combien celle-ci était précieuse et inestimable autant qu’elle est fragile et délicate. D’où la nécessité impérieuse de la préserver contre tout ce qui est susceptible de nous la voler. Et les voleurs de santé par les temps troubles qui courent sont légion, enveloppées dans de beaux atours trompeurs, à commencer par la malbouffe nourrie aux produits chimiques et le stress provoqué par des contextes de plus en plus anxiogènes. De la santé découle tout. A savoir l’essentiel en ce bas monde : le travail et l’effort, le bien-être et la vie en société, le bonheur et la sérénité, l’amour et les plaisirs de la vie. Quel bonheur de pouvoir respirer gratuitement l’air naturel au lieu de l’oxygène onéreux des respirateurs artificiels. Aller au restaurant à l’heure qui vous chante, interagir librement avec son prochain sans masques ni distanciation et voyager au bout du monde sans autre restriction que celle que le touriste s’impose à lui-même. En somme, la vraie richesse c’est la santé que bien des gens à titre individuel avaient tendance jusque-là à négliger ou à ne pas apprécier à sa juste valeur.
La vraie richesse c’est la santé que bien des gens à titre individuel avaient tendance jusque-là à négliger ou à ne pas apprécier à sa juste valeur. Sans elle, tout ralentit ou dysfonctionne.
Sans elle, tout ralentit ou dysfonctionne. L’activité économique et la création de valeur. La précarité s’installe et la pauvreté se propage. Côté impact psychologique et psychique, les dégâts sont tout aussi ravageurs. La terre tourne mieux quand les hommes sont en en forme. Ne souffrant d’aucun mal qui handicape, perturbe le cours de la vie et installe la suspicion généralisée. La covid et ses dégâts sans précédent ont montré en creux l’étendue des futilités que la vie moderne a offertes aux hommes en les plongeant dans un engrenage consumériste infernal et sans fin. Plus ils en ont, plus ils en redemandent, jamais satisfaits, toujours boulimiques, prenant souvent le risque de sacrifier leur vie qu’ils croient gagner. Toujours cette course effrénée derrière l’illusion de posséder….
La Covid a fait l’effet d’une claque qui a réveillé bien des consciences endormies, égarées ou complaisantes. Beaucoup ont compris qu’il ne faut plus confondre l’essentiel et l’accessoire comme il ne s’agit pas de confondre le tourisme et l’immigration. Si la covid n’avait qu’un seul mérite c’est bien celui-là.
La pandémie a remis les pendules à l’heure pour tous les pays de la planète, qu’ils soient issus du monde développé, en voie de développement, du tiers ou du quart-monde. Avec plus de dégâts dans les pays développés notamment occidentaux qui ont payé un lourd tribut humain au virus. Pour des pays comme le Maroc, où le système de soins croule sous de multiples défaillances chroniques, la refonte de ce secteur essentiel s’est imposée à tous comme une urgence absolue. Et ce n’est pas tellement une question de moyens financiers que de leurs orientations dans un cadre de bonne gouvernance à la fois matérielle et humaine. Autrement dit, cela ne sert à rien de revoir à la hausse le budget du ministère de la Santé si celle-ci n’est pas accompagnée d’une feuille de route claire visant à agir sur le réel pour le changer, à savoir là où sont prodigués les soins aux malades : les hôpitaux et les services d’urgence.
Une question qu’il faut vite trancher ? Le Maroc ne gagnerait-il pas à élaborer un partenariat public privé dans le domaine de la santé ? Un tel dispositif permettrait d’introduire ce que les pouvoirs publics ont du mal à introduire dans les entités étatiques en général : les règles de bonne gestion et le management par objectifs. Un service public de santé performant est à ce prix. Bonne santé à tous !