Pour Chirac, les femmes c’était « 5 minutes douche comprise ». « Je n’ai pas détesté les femmes. Mais je n’en ai jamais abusé », euphémisera au soir de sa vie Jacques Chirac. « Nous autres, les hommes, nous sommes les Cro-Magnon de la préhistoire. Toujours à chasser et à courir la gueuse. Mais à la fin des fins, il nous faut retourner dans notre grotte », a-t-il confié à un journaliste. « Sans Bernadette, je serais malheureux comme les pierres », a-t-il ajouté à propos de sa femme. S’il a formé avec son épouse Bernadette un couple politique indestructible pendant plus d’un demi-siècle, Jacques Chirac, séducteur invétéré, n’a jamais caché son amour des femmes, son côté « coureur de jupons ». Presque octogénaire, il avait encore été pris en flagrant délit de séduction en 2009. Alors que sa femme est sur le point de prononcer un discours officiel en Corrèze, fief familial et politique des Chirac, dans le centre de la France, l’ancien président, assis derrière elle, badine avec sa charmante voisine blonde en lui chuchotant à l’oreille. « Vous savez, il faut se méfier des femmes », lui glisse-t-il dans un propos surpris par une caméra, vite interrompu par un regard courroucé de sa femme Bernadette. Selon sa femme : « Chirac avait un succès formidable… Bel homme et puis très enjôleur, très gai, alors les filles, ça galopait », a reconnu celle qui fût son épouse envers et contre tout pendant 63 ans, dans son livre « Conversation », publié en 2001. Journalistes, comédiennes, militantes… toutes y sont passées, mais discrètement car contrairement à François Hollande, Chirac n’affichait pas publiquement ses conquêtes, qu’il recevait souvent dans une garçonnière parisienne selon son collaborateur Daniel Le Conte, raconté dans son livre « Président, la nuit vient de tomber ».
Selon un ancien chauffeur du président, lorsque Chirac avait rendez-vous avec une femme, c’était à la minute près. « Nous le déposions, et il nous donnait un horaire exact, il ne fallait surtout pas être en retard ». Cela lui valût le surnom ironique de « Cinq minutes douche comprise » dans les dîners parisiens, sans déstabiliser sa femme Bernadette qui s’est résignée à composer avec les multiples adultères de son mari. Suivie par la presse lors d’un déplacement en Corrèze, Bernadette Chirac ironisera devant les journalistes : « Vous êtes venus nombreux, je ne suis tout de même pas Claudia Cardinale ! ». Dans un documentaire en 2016, Bernadette avoue avoir pensé à divorcer sans s’y résoudre « Au début, ça a été dur (…), j’ai eu beaucoup de chagrin. Puis après, je m’y suis faite. Je me suis dit que c’était la règle et qu’il fallait la subir avec autant de dignité que possible », a confié l’ancienne Première dame de la Raie publique. « Je ne l’ai pas fait parce que d’abord, je suis catholique pratiquante et je crois que la formation qu’on a reçue quand on était enfant est indélébile. Et ensuite, il faut dire la vérité, j’étais quand même très amoureuse de mon mari ». Très engagée elle aussi en politique – conseillère municipale dès 1971, devenue en 1979 la première femme conseillère générale de Corrèze, elle a exercé un mandat local jusqu’en 2015 – elle sait aussi son couple cimenté par les années de conquête et d’exercice du pouvoir. « Ce n’était pas qu’un mariage d’amour, mais un mariage d’ambition », a souligné cette femme aux allures de grande bourgeoise respectée des Français, notamment pour son « opération pièces jaunes », une collecte à destination des enfants hospitalisés menée tous les ans à partir de 1990. Dotée d’un sens politique indéniable, on lui prête même d’avoir été la seule à avertir Jacques Chirac du danger Jean-Marie Le Pen, candidat de l’extrême droite arrivé à la surprise générale au second tour de la présidentielle de 2002.