Kalila et Dimna sont des fables traduites en arabe par Abdallah Ibn Al Moqaffa au VIIIe siècle. Ce livre est d’origine indienne selon les historiens. Parmi les personnages animaliers figurent le lion qui joue le rôle du roi, son serviteur le taureau, et 2 chacals, Kalila et Dimna. La version arabe du livre a joué un rôle majeur dans sa diffusion et sa transmission au reste du monde. La version arabe est la seule qui ait survécu, contrairement aux versions indienne et persane, qui ont été perdues. Le livre a été traduit en syriaque et en grec au XIe siècle, en persan au XIIe siècle, en castillan au XIIIe siècle. Une traduction inachevée de l’espagnol en latin, sur parchemin, de 1313, est conservée à la Bibliothèque Nationale de France. Cette œuvre de Raymond de Béziers était destinée à l’instruction des enfants du roi de France Philippe IV dit « Philippe le Bel » ainsi que le «Roi de Fer » (1268-1314). Le livre a également été traduit de l’arabe en hébreu par le rabbin Joël au XIIe siècle, puis la version hébraïque a été traduite en latin par Jean de Capoue, en 1263, sous le titre Directorium Humanæ Vitæ, imprimée en 1480, qui est devenue une source pour la plupart des versions européennes.
La version allemande a été imprimée en 1483, faisant du livre l’un des premiers livres à être imprimé par la presse de Gutenberg après la Bible. La version latine a également été traduite en italien en 1552. En 1570, Thomas North l’a traduite de l’italien en anglais. En 1644, certains des contes du livre sont apparus en français. Une vingtaine des récits du français Jean de La Fontaine (1621-1695) sont inspirés de Kalila & Dimna, notamment « La tortue et les deux canards », «Le chat et le rat » et « La souris métamorphosée en fille». Ces fables animalières sont d’abord conçues comme un miroir des princes : elles dévoilent un imaginaire politique qui s’étend, au-delà des cours princières, à l’ensemble des élites cultivées du monde musulman médiéval. Dans la fable du loup et l’agneau, le loup peut être remplacé par le russe Poutine ou le ricain Trump et l’agneau par l’ukrainien Zelenski. Le loup et l’agneau est la dixième fable du livre I de Jean de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668. Cette fable est inspirée de celles d’Ésope et de Phèdre. Cette œuvre se situe sous le règne du roi Louis XIV, dit « le Roi Soleil » et décrit l’absolutisme royal en France. « La raison du plus fort est toujours la meilleure. Nous l’allons montrer tout à l’heure. Un Agneau se désaltérait dans le courant d’une onde pure. Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure, et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : tu seras châtié de ta témérité. Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté ne se mette pas en colère ; mais plutôt qu’elle considère que je me vas désaltérant dans le courant, plus de vingt pas au-dessous d’Elle ; et que par conséquent, en aucune façon, je ne puis troubler sa boisson. Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, et je sais que de moi tu médis l’an passé. Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Reprit l’Agneau ; je tette encore ma mère. Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. Je n’en ai point. C’est donc quelqu’un des tiens : car vous ne m’épargnez guère, vous, vos Bergers et vos Chiens. On me l’a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts le loup l’emporte et puis le mange, sans autre forme de procès. » (À suivre)
Par Beurgeois Gentleman