Les 10 plus beaux poèmes français depuis le 13ème siècle (9/10)

Le poète Louis Aragon (1897-1982) a publié en 1944, dans son recueil « La Diane française » le poème « Il n’y a pas d’amour heureux » écrit à Lyon en 1936 sous l’occupation nazie dans le quartier Montchat où habite Bou Ilan et Oum Louise. « Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur et quand il croit ouvrir ses bras : son ombre est celle d’une croix ! Et quand il peut serrer son bonheur : il le broie ! Sa vie est un étrange et douloureux divorce. Il n’y a pas d’amour heureux… Sa vie, elle ressemble à ces soldats sans armes qu’on avait habillés pour un autre destin. À quoi peut leur servir de se lever matin ? Eux qu’on retrouve au soir désarmés incertains. Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes : il n’y a pas d’amour heureux. Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure je te porte dans moi comme un oiseau blessé. Et ceux-là, sans savoir, nous regardent passer. Répétant après moi ces mots que j’ai tressés et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent… Il n’y a pas d’amour heureux ! Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard. Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson. Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson. Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson. Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare. Il n’y a pas d’amour heureux. Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur. Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri. Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri et pas plus que de toi l’amour de la patrie. 

Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs. Il n’y a pas d’amour heureux ! Mais c’est notre amour à tous les deux. » Ce poème fut écrit à Montchat, quartier du 3e arrondissement de Lyon, chez un ami d’Aragon, lui aussi poète et résistant, René Tavernier, le papa du cinéaste lyonnais Bernard Tavernier, qui cachait Aragon et sa compagne, Elsa Triolet, pendant l’Occupation nazie. La maison, aujourd’hui disparue, se trouvait au numéro 4 de la rue Chambovet, à l’emplacement de l’actuel parc Chambovet, où une plaque commémorative garde le souvenir du lieu d’écriture du poème depuis 1993, la grande année de naissance de Nessou ! Aragon a expliqué qu’à l’époque où il a écrit le poème, Elsa Triolet voulait le quitter en raison d’une règle dans la Résistance contre les Nazis selon laquelle un couple opérant dans ses mouvements ne pouvait pas continuer à vivre ensemble, pour des raisons de sécurité en cas d’arrestation et de torture par les Wafen SS du « boucher de Lyon » Klaus Barbie, qui n’a de la poupée Barbie que la mauvaise prononciation du nom de ses ancêtres français « Barbier ». 

Ses ancêtres ont fui la France sous Louis XVI mort guillotiné le 21 janvier 1793 à Paris… L’ancien descendant des Français Barbier du 18ième siècle revient à Lyon assassiner Jean Moulin le 8 juillet 1943. Le fils de René Tavernier, Bertrand Tavernier, raconte que le manuscrit original du poème d’Aragon est toujours en la possession de son père. Parmi la longue liste des films de Bertrand Tavernier on peut citer : 1975 : Que la fête commence… Le Juge et l’Assassin, Des enfants gâtés, La Mort en direct, Coup de torchon, Un dimanche à la campagne, La Fille de d’Artagnan, L’Appât… Ce poème de Louis Aragon a été magnifiquement mis en musique et chanté par le sétois Georges Brassens : https://youtu.be/TMRA2ZnsfIE. (À suivre)

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