Nos ennemis les bêtes !

Dur, dur d’être un animal au Maroc, que ce soit d’élevage ou de compagnie ! Comme dans la plupart des pays du Sud, me direz-vous… Et certains iront sans doute jusqu’à dire que c’est parce qu’on a bien d’autres chats à fouetter dans nos contrées où les gens vivent souvent dans la précarité… Déjà qu’on ne s’occupe pas des populations vulnérables, alors pour les animaux, vous repasserez ! Le jour où il n’y aura plus de mendiants, que les enfants des rues seront pris en charge et que les humains mangeront à leur faim, on en reparlera ! Question de priorité donc ! A les entendre, il y aurait une hiérarchie dans les malheurs du monde et la cause animale n’en fait pas partie ! Le religieux d’abord ! Puis l’économie et le social…

Et l’écologie, un jour, peut-être ! Dans ce raisonnement, se préoccuper de la souffrance animale est un luxe qu’on ne peut pas se permettre… Un problème de riches qui ont du temps à perdre et des sous à dépenser ! Et pourtant, ne sont-ce pas les clochards, vivant dans le dénuement le plus total, qui sont souvent les plus sensibles aux souffrances des animaux ? Qui n’a jamais vu des brocanteurs ou des SDF avec un ou deux chiens qui les suivent partout et avec qui ils partagent leurs modestes repas ? Des chiens qui donneraient tout pour leurs maîtres et qui leur sont fidèles jusqu’à la mort…

Nos compatriotes, dans leur grande majorité, n’aiment guère les animaux… Question de culture ou de moyens financiers ? En dehors des moutons de l’Aïd, bien entendu, pour lesquels ils sont prêts à tous les sacrifices ! Alors soit ! Admettons qu’on ne puisse pas s’en occuper convenablement, est-on obligés pour autant de faire preuve de cruauté à leur égard ? Seuls les chats trouvent quelque peu grâce à leurs yeux…

Pour autant qu’ils ne soient pas noirs !  En bons musulmans, ils tolèrent donc ces petits félins et on voit même souvent des gens, dans nos quartiers populaires, leur assurer le couvert, à défaut de gîte…  

Qu’ils en soient remerciés ! Par contre, les chiens sont leurs bêtes noires… Ils sont chassés, traqués, parfois torturés cruellement…  

Si vous promenez votre toutou et que vous avez le malheur de croiser un fidèle sur le chemin de la mosquée, celui-ci fera un grand détour pour ne pas être reniflé par votre fidèle compagnon… qui, pour son plus grand malheur, serait « impur » et risquerait de souiller les  vêtements du bon croyant, l’obligeant à se « purifier » à nouveau avant la prière…

Enfer et damnation ! Beaucoup ont donc condamné définitivement et sans appel le meilleur ami de l’homme à cause d’une mauvaise interprétation des préceptes religieux vu que la finalité profonde d’une religion est d’abord de faire le bien autour de soi et de soulager les malheurs des créatures du bon Dieu, quelle qu’en soit l’espèce !

Si Lhaj Miloud aborde ce sujet sensible avec vous, les amis, c’est parce qu’il a été destinataire récemment d’un message électronique dénonçant les massacres des chats et des chiens auxquels se livrent certaines communes, appelant à légiférer pour protéger ces malheureuses bêtes. Des pratiques odieuses qui ont cours en dépit des conventions juteuses entre certaines associations et les autorités locales…

Conscient collectif

En réalité, ces conventions portent atteinte à la cause animale et ne font que perpétuer leurs souffrances ! Non seulement elles occultent les souffrances de beaucoup d’animaux domestiques, travailleurs ou autres, en se focalisant sur la vaccination et la stérilisation des animaux errants, mais elles n’apportent aucune solution globale car elles ne sont pas encadrées par une loi de protection des animaux. Et d’appeler en conséquence à l’élaboration d’un projet de loi en s’inspirant des codes d’autres pays comme « le Royaume Uni, la Belgique, les Pays-bas».

Lhaj Miloud n’a pas compétence à apprécier le jugement porté à cette occasion sur l’utilité et le travail des associations incriminées…

Par contre, cet appel lui paraît tout à fait d’actualité, ayant lui-même été profondément touché par ces campagnes d’extermination de chiens errants menés par les autorités locales un peu partout à travers le Royaume… Avez-vous déjà assisté à ce genre de scènes horribles où des animaux terrorisés se font traquer sans pitié et embarquer dans des camionnettes sinistres pour aller vers leur tragique sort, quand ils ne se font pas abattre sur place…

Comme des chiens ! Cette seule expression démontre combien le meurtre de ces animaux fait quasiment partie de la normalité dans notre subconscient collectif… Des vidéos à vous briser le cœur ont circulé il y a quelque temps sur la toile, où on voit une chienne gisant dans une mare de sang, avec toute sa portée de chiots blottie contre elle, dans une dernière étreinte ! Lhaj Miloud ne peut que déplorer l’écart abyssal existant entre nous et les sociétés occidentales qui, depuis des lustres, ont placé la cause animale au cœur de leurs préoccupations…

Et il n’est pas là seulement question d’animaux de compagnie !  En Occident, les pouvoirs publics et la société civile ont pris conscience de la nécessité de prendre soin des animaux et de leur infliger le moins de souffrances possibles… Beaucoup de militants de la cause animale prennent tous les risques pour dénoncer les conditions d’élevage et d’abattage inacceptables infligées à ces pauvres créatures…

Il est vrai que certaines vidéos – filmées en caméra cachée dans des « camps de concentration » pour animaux ou des abattoirs – sont de nature à vous dégoûter de la nature humaine et à vous transformer définitivement en végétariens ! Dès 1992, le Farm Animal Welfare Council avait donné une définition large du bien-être animal, qui englobe non seulement la santé et le bien-être physique de l’animal, mais aussi son bien-être psychologique et la possibilité d’exprimer les comportements importants propres à son espèce.

Parce que, tout comme les êtres humains, les animaux souffrent de la séparation, éprouvent de la crainte, de la tristesse ou de la joie… Savez-vous, par exemple, que les poules peuvent contrôler leurs émotions et sont capables de manifester une frustration émotionnelle ? Qu’elles communiquent entre elles au moyen de signaux sonores représentatifs évoquant le langage? Et il en va de même pour la plupart des autres espèces, telles que les vaches ou les porcs, par exemple… Si en Occident, on estime donc que les animaux d’élevage ont des droits, on considère les animaux de compagnie -dont les chats et les chiens- quasiment comme des membres de la famille ! Alors, à quand une véritable prise de conscience, chez nous aussi, avec l’élaboration d’un projet de loi audacieux qui viendrait rendre justice à nos amis les bêtes ? En plus de son caractère charitable et de compassion, une telle démarche relèverait également du soft power que le Maroc a su déployer par le passé dans bien des domaines… Et son image de marque en sortirait grandie ! Mesdames et messieurs les élus, à vous de jouer !

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