Les bilans en hausse exponentielle des cas de contaminés au coronavirus à travers le monde, périmés à la seconde où ils sont publiés, donnent froid dans le dos. La grande peur. Même si le Maroc reste relativement épargné en comparaison de nombre de pays notamment européens comme l’Italie, l’Espagne et la France, force est de constater que la courbe a progressivement grimpé dans notre pays à partir du jeudi 19 mars, pour s’établir petit à petit à 108cas dans la matinée du dimanche et atteindre 143 le lendemain en fin de journée.
Entre le mardi et le mercredi dernier, la courbe des infectés subira une envolée spectaculaire, la plus forte du genre, avec le doublement du nombre des contaminés, passant de 27 à 55. Résultat : le Maroc qui espérait ne pas dépasser la barre des 100cas franchira malheureusement ce seuil psychologique, le compteur du coronavirus affichant au dernier bilan officiel du mercredi 25 mars 225 malades contre 6 décès. Force est de constater que le virus s’est fortement propagé dans le pays depuis la déclaration le 2 mars du « patient zéro» venu d’Italie, aujourd’hui complètement guéri.
Fini la mobilité et l’ouverture, hissées au rang de must des temps modernes. Place désormais à l’enfermement et au repli sur soi, devenus les signes d’une citoyenneté responsable.
La progression du mal fait craindre le pire aux pouvoirs publics qui misent essentiellement sur le respect par la population des mesures préventives pour contenir l’avancée de la pandémie.Surtout que celle-ci touche désormais presque l’ensemble des régions du Royaume(les provinces du Sahara encore épargnées) avec une prédominance de cas à Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Fès-Meknès. D’où la décision du gouvernement de durcir le dispositif anti-coronavirus en décrétant l’état d’urgence sanitaire dans le pays. Un pays conscient à tous les niveaux de la fragilité de son système sanitaire qui avec moins de 1.000 lits de réanimation dans les hôpitaux publics ne peut objectivement soigner tout le monde, en cas ,qu’à Dieu ne plaise, du déferlement de la vague…
Tous les pays la redoutent cette vague car personne ne sait ce qu’elle cache. Ce qui est certain pour le moment c’est elle provoque la saturation de la capacité de soins sur laquelle semble miser cette peste moderne pour enrichir au fil des jours son décompte macabre ; ce qui met les médecins devant un choix douloureux : choisir les patients à prendre en charge avec une priorisation des plus jeunes.
Pays qui continue à payer un lourd tribut en termes de victimes au coronavirus, l’Italie, où le nombre de morts a dépassé celui de la Chine, s’est retrouvée face à ce dilemme terrible… Plus effrayant encore, l’incapacité des scientifiques à déterminer le pic pandémique du virus.Ce qui laisserait supposer que la pandémie en est encore à ses débuts et pourrait faire davantage de victimes dans les semaines à venir.
Plus terrifiant qu’un système totalitaire ou un despote, le covid-19 continue sa propagation aux quatre coins du monde, y compris aux Etats-Unis où le président Donald Trump a sonné la mobilisation militaire face à la montée spectaculaire de la courbe des décès. Celui qui a sous-estimé au départ la menace du covid-19, allant jusqu’à en ricaner, ne rigole plus après que plusieurs États ont décidé à leur tour de placer les populations en résidence surveillée.
En attendant la découverte d’un vaccin efficace, les appels au confinement se multiplient sur les cinq continents avec une piqûre de rappel insistante : Restez chez vous ! Cet ordre est pour le moment le seul traitement efficace contre la propagation du virus. Un ordre qui vise à déjouer la mécanique de ce tueur invisible et silencieux, obligeant les gens pour se protéger à faire l’inverse de ce qu’ils avaient habitude de faire: se déplacer, bouger, voyager, embrasser, saluer son prochain, s’ouvrir sur les autres, etc… Ces gestes ont été subitement frappés d’interdit car jugés vecteurs dangereux du virus.
Fini la mobilité et l’ouverture, hissées au rang de must des temps modernes. Place désormais à l’enfermement et au repli sur soi, devenus les signes d’une citoyenneté responsable.
L’ermite, que l’on croyait appartenant à une époque révolue, revient en force pour prendre la place du touriste. L’homme distant, jusque-là critiqué, devient un être chéri. Quel renversement de valeurs ! Quel chamboulement de toute notre organisation sociale. L’économie mondiale, jusqu’alors fière de son dynamisme, n’a pas échappé non plus à la paralysie dans des proportions inédites, causant des dégâts colossaux dans la majorité des chaînes de production tout en faisant plonger les places financières. Ce coronavirus ravageur sur tous les plans a accouché d’une grande corona vérité. Celle d’un nouveau monde qui est en train de se dessiner sous nos yeux privés soudain de leurs repères traditionnels.