Ceux qui croyaient parmi l’Algésario ou ses supporters, en mettant en avant des arguties juridiques en relation avec le droit international, que Joe Biden, une fois investi, allait revenir sur la décision de son prédécesseur reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara, en ont été pour leurs frais. Non seulement le 46ème président américain n’a pas remis en cause la décision de Donald Trump mais l’a accueillie « chaleureusement » tout comme celle prise par Rabat de reprendre ses relations diplomatiques avec Israël. En vérité, il était difficile d’imaginer Joe Biden le démocrate, qui a été investi 46ème président américain le mercredi 20 janvier, remettre en cause la résolution de son prédécesseur, prise à la fin de son mandat, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Car cette résolution, en plus d’être juste et judicieuse, n’est pas de la même eau que les mesures-phares trumpiennes que le nouveau locataire de la Maison-Blanche s’est empressé d’annuler par une série de décrets (retour des États-Unis dans les Accords de Paris et au sein de l’OMS et l’annulation du fameux «Muslim Ban» ou encore la suspension de la construction du mur avec le Mexique…).
Là où l’on voit que la reconnaissance de la souveraineté du Royaume sur ses provinces du sud n’a rien d’une « trumpiade» et qu’il s’agit plutôt d’une tendance lourde. Allant au-delà des changements de majorité à Washington, elle trace pour les décennies à venir les contours de la nouvelle politique étrangère américaine au Maghreb et en Afrique. Contrairement aux Européens, la France en tête, qui se sont toujours distingués par une attitude ambivalente sur le dossier du Sahara marocain (Faire plaisir au Maroc tout en veillant à ne pas fâcher son voisin algérien), les Américains, qui ont toujours traité le Royaume en allié stratégique dans la région, ont via Donald Trump– le seul à pouvoir prendre une telle décision – ont choisi clairement leur camp, rompant du coup avec le statu quo où s’est enlisé depuis plus de 40 ans un conflit que toutes les puissances savaient pertinemment qu’il est fabriqué par l’Algérie pour nuire aux intérêts de son voisin.
Il était difficile d’imaginer Joe Biden le démocrate, qui a été investi 46ème président américain le mercredi 20 janvier, remettre en cause la résolution de son prédécesseur, prise à la fin de son mandat, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
L’histoire retiendra que l’ex-président Donald Trump, mis à part certaines formes de sa présidence chaotique, a donné courageusement en quelques tweets un coup de pied dans la fourmilière algéro-polisarienne en décrétant que le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine, proposée généreusement par Rabat, la SEULE base d’une solution juste et durable pour une paix et une prospérité durables». Du coup, l’intégration maghrébine, dont l’avènement a été retardé par le soutien algérien à ses mercenaires, a sans doute une chance de se construire, maintenant que Washington a sifflé la fin de la plaisanterie en mettant Alger face à ses responsabilités tout en lui offrant en même temps une possibilité de sortie par le haut. À moins que les généraux algériens n’aient décidé définitivement de sacrifier leur pays, déjà miné par une crise multiforme, pour une poignée de va nu-pieds du désert.
Dans la démarche de rupture trumpienne, il y a aussi une dimension stratégique africaine que souligne clairement l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla. Ce qui laisse entendre que l’administration américaine a décidé de partir depuis le Sahara marocain à la conquête du continent qu’elle a un peu négligé au profit principalement de son rival chinois. Ce dernier en a profité pour bien s’y implanter et y accroître son influence à coups d’investissements colossaux et de programmes « d’aide gratuite et de prêts sans intérêts » qui s’inscrivent dans le cadre du grand projet de Pékin des nouvelles routes de la soie.
Les Américains sont convaincus que la Chine utilise de nombreux États africains captifs pour décrocher des avantages concurrentiels sur les États-Unis pour lui ravir son statut de première puissance mondiale et asseoir son hégémonie planétaire. D’où l’intensification des tensions entre les deux géants depuis l’arrivée de Trump au pouvoir sur fond de guerre commerciale féroce. Washington est consciente plus que jamais que l’Afrique, où elle a décidé d’aller confronter l’Empire du Milieu, représente une carte maîtresse dans la préservation de son rang de superpuissance. Dans cette bataille en perspective, le Maroc, fort de son leadership sur le continent qu’il puise essentiellement de l’aura royale, a certainement un grand rôle à jouer…