La mise à niveau du Maroc dans le domaine des infrastructures va bon train. Le défi est à la hauteur des ambitions du pays en prévision de deux évènements sportifs majeurs, la Coupe d’Afrique des nations en 2025 et la Coupe du monde en 2030 qu’il co-organise avec l’Espagne et le Portugal sous le slogan » Yalla vamos ». De portée continentale, la première manifestation servira en quelque sorte de tour de chauffe pour la deuxième, d’envergure planétaire qui mettra à l’épreuve à une plus grande échelle les capacités d’accueil d’une nation qui a au demeurant l’habitude d’abriter les grands rendez-vous internationaux. La conférence sur les Accords du Gatt en 1994 qui a scellé l’avènement de la mondialisation et les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale en 2023- pour ne citer que ces deux grands meetings tenues à Marrakech- ont permis au Maroc de donner la pleine mesure de son expertise organisationnelle et de l’efficacité de son dispositif sécuritaire. Levier économique non négligeable en termes de création d’emploi et de développement des territoires, outil privilégié pour renforcer l’image de marque d’un pays et sa position sur la scène internationale, la coupe du monde dope aussi la croissance d’un pays. L’affluence de centaines de milliers de spectateurs entraîne en effet une explosion de la consommation qui se traduit par une amélioration de la situation de l’emploi et des nouvelles recettes fiscales indirectes. La Coupe du monde a ceci de formidable qu’elle agit surtout comme un catalyseur, offrant dans le cas du Maroc une opportunité inespérée, celle de se doter d’infrastructures de classe mondiale (routes, autoroutes, transports en commun, installations ferroviaires et aéroportuaires, équipements sportifs…). Les chantiers de construction ou de mise à niveau en la matière s’inscrivent dans la dynamique de renouveau que connaît le royaume depuis des années. Nul doute que les décideurs sauront relever les défis à la fois de l’organisation et des infrastructures. De l’accueil aussi. Le Royaume étant réputé et apprécié pour la légendaire et proverbiale hospitalité de ses habitants, élevée au rang de valeur, voire de devoir social notamment dans le pays berbère, ce qui représente dans la grand-messe du ballon rond un élément-clé dans le dispositif. Un atout précieux pour transformer le tournoi du football mondial, générateur de vécu collectif impactant, en une expérience marquante pour les visiteurs, supporters et touristes, issus de des quatre coins du monde. Ces derniers, faut-il le rappeler, viennent d’abord, au-delà du spectacle sportif à proprement parler, pour s’amuser et se divertir bien au-delà des fans zone permettant de suivre les rencontres de la compétition. A cet effet, les acteurs du tourisme national ont un rôle essentiel à jouer dans l’élaboration des offres de voyages adaptées pour permettre aux supporters de découvrir le Maroc et ses multiples attraits dans toute leur diversité, naturels et culturels.
L’autre match que le Maroc se doit de gagner est celui des normes, notamment alimentaires où il accuse un déficit sérieux que les intoxications fréquentes viennent régulièrement rappeler.
Qui dit découverte dit un réseau de transport moderne et rapide et dans le domaine stratégique de la mobilité, les responsables ont évidemment bien des efforts à déployer pour faciliter les déplacements des voyageurs et l’accès aux sites touristiques dans de bonnes conditions. A cet effet, le marketing urbain est incontournable dans la mise en valeur les aspects distinctifs des villes hôtes du mondial afin d’attirer plus de visiteurs. En ville, il faudra envisager des solutions de mobilité douce en libre-service comme le vélo et la trottinette que les communes, qui doivent s’impliquer dans l’animation et l’attractivité des villes, tardent à déployer. La coupe du monde c’est en effet une fête qui se déroule à l’extérieur, en plein air, se vit dans la bonne humeur et la convivialité, le partage et l’interaction avec la population locale. Avec tout ce que cette particularité implique comme exigence sécuritaire et équipements sanitaires autour et à l’intérieur des stades.
L’autre match que le Maroc se doit de gagner est celui des normes, notamment alimentaires où il accuse un déficit sérieux que les intoxications fréquentes viennent régulièrement rappeler en soulignant l’urgence de prendre à bras-le-corps ce dossier hautement sensible. Tout ce qui est restauration rapide et de rue, où l’on mange sur le pouce, est très prisé pendant les événements grand public. D’où la nécessité de la soumettre au respect des règles d’hygiène avec la mise en place des missions de contrôles nécessaires. La cuisine et ce qui s’y passe sont au cœur de ces règles qui vont de la propreté des locaux, au respect de la chaîne du froid et à la qualité des denrées alimentaires… C’est l’occasion pour que les autorités introduisent une bonne dose de formation dans les métiers de bouche, à l’image de la formation HACCP ( Hazard Analysis Critical Control Point), qui fait l’objet de la certification nationale Imanor. Last but not least, si le mondial 2030 permet de moderniser les stades, il doit également être mis à contribution pour atteindre un objectif longtemps différé : la mise à niveau des clubs nationaux de football, condition incontournable pour faire émerger un championnat compétitif et de qualité, capable d’attirer de grands sponsors internationaux et d’alimenter en même temps les Lions de l’Atlas en joueurs talentueux. Ce serait dommage que la Botota Pro ne profite pas du formidable levier 2030 pour sortir de son amateurisme et améliorer la qualité de la compétition, surtout que le Maroc se dote de stades de football nouvelle génération dont le futur projet Benslimane baptisé Hassan II, qui se veut l’un des meilleurs du monde. Sur ce plan aussi, celui du spectacle local, le Maroc doit monter en gamme. Changer de division.