Les nihilistes vous diront sur un ton se voulant convaincant que le Maroc, ce pays des paradoxes par excellence, n’a pas fait grand-chose en 68 ans d’indépendance, tout en s’employant à brosser un tableau noir de la situation nationale. A les entendre argumenter, tous les (mauvais) ingrédients sont réunis pour que vous envisagiez sérieusement de quitter, si vous êtes un père de famille, le pays avec armes, femmes, enfants et bagages vers des cieux supposés plus cléments. Ces pessimistes sur commande prennent souvent prétexte des insuffisances et autres dysfonctionnements qui plombent encore le pays pour le présenter sous un jour apocalyptique. Or, la réalité est beaucoup plus nuancée qu’elle n’est dépeinte par ces oiseaux de mauvais augure qui pérorent dans les salons en comité restreints ou déversent leur fiel sur le pays via, soi-disant, des analyses savantes. En Plus de 60 ans d’indépendance, le Maroc a réalisé, n’en déplaise aux partisans invétérés du « verre à moitié vide », des progrès dans plusieurs domaines qui lui permettent aujourd’hui, malgré les insuffisances constatées çà et là, de prétendre à un rang plus flatteur sur l’échelle du développement. Des insuffisances que S.M le Roi Mohammed VI s’est attelé, dès son accession au trône en juillet 1999, à réduire en lançant plusieurs initiatives visant à résorber le déficit social, mesures parmi lesquelles figure l’initiative nationale de développement humain (INDH), destinée à aider les couches vulnérables, que ce soit dans les villes ou les campagnes, à se prendre en charge à travers le soutien d’activités génératrices de revenus. Sur ce plan, la réussite est remarquable puisque ce chantier, qui reste perfectible, a permis de faire reculer la pauvreté dans le pays, avant que la pandémie du Covid-19 ne vienne provoquer une urgence sociale sans précédent en creusant un peu plus les inégalités qui restent flagrantes. La généralisation de la couverture sociale et l’instauration de l’aide directe en faveur des classes nécessiteuses, chantiers ordonnés par le souverain, sont des pièces maîtresses de l’édifice social qui reste évidemment à consolider par l’amélioration du pouvoir d’achat de la population affaibli par l’inflation.
Dans cette optique, le véritable défi réside dans la capacité des décideurs à faire en sorte que les fruits de la croissance économique, dont le taux doit être à deux chiffres, pour que le Royaume prétende réellement au statut de pays émergents, puissent profiter à tous les citoyens, et non pas seulement à une petite minorité. A cet égard, le gouvernement est appelé plus que jamais à redoubler d’efforts et d’initiatives pour attirer davantage d’investissements de pointe vers le Royaume en vendant mieux sa stabilité politique inestimable et sa position stratégique privilégiée. Dans un monde en pleine mutation, façonné par de nouvelles alliances géopolitiques, le maroc fort de ses deux façades maritimes, atlantique et méditerranéenne, a de bonnes cartes à jouer. Le Maroc a plus que jamais tous les atouts en main pour prendre, dans le droit fil de la vision royale, le lead comme plateforme mondiale des industries de demain et des échanges commerciaux. Avec comme appui majeur son ancrage africain que le souverain a réaffirmé lors du dernier discours de la Marche Verte.
En pleine mutation, façonné par de nouvelles alliances géopolitiques, le Maroc fort de ses deux façades maritimes, atlantique et méditerranéenne, a de bonnes cartes à jouer.
La prospérité sinon pour tous du moins pour le grand nombre de nos concitoyens est à ce prix. C’est en étant conscient de ces atouts non négligeables que le Maroc, sous l’impulsion royale, a consenti de gros efforts dans le domaine des infrastructures notamment portuaires (Tanger Med, Nador West Med en devenir et port Dakhla Atlantique…), ferroviaires (la Ligne à grande vitesse), autoroutières et aussi dans le domaine énergies propres (le complexe Noor). Objectif : mettre le pays sur les rails du décollage économique en attirant les investisseurs étrangers. La mayonnaise commence à prendre puisque le pays devient désormais la destination privilégiée des constructeurs aussi bien automobiles que aéronautiques. Cette ouverture sur la dynamique des délocalisations à haute valeur ajoutée doit impérativement s’accompagner d’une politique volontariste en la matière. Le but étant d’encourager le « produire local » et réduire le fardeau des importations qui creuse dans des proportions ahurissantes le déficit commercial. L’un des principaux enjeux est justement d’assurer au Maroc une autonomie stratégique dans des secteurs stratégiques et de ne pas rester à la merci de la Chine pour son consommable industriel et technologique. Dans un contexte mondial marqué par l’explosion sans précédent des prix des matières premières et autres intrants, il est salutaire de prendre le contrôle de son destin national. Il y va de la souveraineté économique du pays et de son avenir. Les recommandations du rapport sur le nouveau modèle de développement recoupent dans bien des aspects cette nécessité de cesser de sous-traiter aux autres les produits qui exigent un knowhow pointu. Devenir une terre inventive ne se décrète pas. Cela se construit en tenant le bon bout : l’investissement dans le capital humain et avec en parallèle, pour gagner du temps, la conclusion de partenariats win-win de transfert technologique. L’homme marocain est connu pour son potentiel créatif qu’il utilise hélas pour monter des combines et autres astuces, faute de sa canalisation dans des domaines productifs avec le soutien actif d’un État stratège qui trace un cap industriel ambitieux … Tout comme l’assistanat, le sous-développement n’est pas une fatalité.
Mais la trajectoire d’un pays est déterminée généralement par les choix de ses décideurs: Rester une destination moins disante des petites mains ou se positionner comme une nation des cerveaux, entreprenante et créative. Le Roi Mohammed VI nourrit de grands desseins pour le royaume et son peuple. Ce qu’il n’a de cesse de montrer, depuis son accession au Trône, par les chantiers d’envergure qu’il lance, les accords de partenariat qu’il initie et les stratégies visionnaires qu’il déploie. Au gouvernement de transformer l’essai par le suivi et la mise en œuvre. Des hautes orientations royales. Terre des braves, le Maroc millénaire, debout malgré l’adversité et les coups bas, qui tel un roseau plie mais ne se brise pas, a arraché son indépendance en 1956 au prix de moult sacrifices. L’immense défi consiste aujourd’hui à œuvrer d’arrache-pied en vue d’acquérir sa souveraineté dans des secteurs-clés. Reste à désenclaver les régions du Maroc profond par l’accélération du rythme du maillage autoroutier et ferroviaire tout en accompagnant ces chantiers d’une politique d’aménagement du territoire plus ambitieuse pour mieux agir sur les mutations économiques et sociologiques. La régionalisation avancée, adoptée par les pouvoirs publics comme un choix irréversible, est censée justement valoriser le potentiel des territoires en augmentant leur attractivité. Tout un programme dont la réussite est tributaire essentiellement des hommes en charge de son exécution. Force est de constater qu’à ce niveau-là, le registre des élites locales est passablement dégarni à cause de la crise structurelle qui frappe la classe politique. On revient toujours aux hommes, le talon d’Achille du Maroc. On sait construire selon les normes les plus modernes des routes, des bâtiments, des hôtels et des ports. Reste à bâtir la mère des chantiers. L’homme dans toutes ses dimensions.