Alors que l’état de la planète se dégrade de jour en jour sous nos yeux (sécheresse à répétition, températures caniculaires, cyclones, crues dévastatrices, feux de forêt gigantesques …), les COP, censées permettre le ralentissement du réchauffement climatique et le sauvetage de la planète, se suivent et se ressemblent. Un raout mondial alimenté de promesses non tenues des dirigeants du monde sur la réduction du gaz à effet de serre. La 27ème du genre, qui s’est ouverte en Égypte dimanche 6 novembre, ne va certainement pas déroger à la règle. Mais elle a ceci de particulier qu’elle se tient dans un contexte climatique mondiale pire que l’on pouvait imaginer en raison de l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes.
Les alertes se multiplient. Tous les clignotants météo sont au rouge. La terre n’a de cesse d’envoyer des SOS à ses habitants. Attention, danger. Il y a urgence à agir. Vite et efficace. Sans résultat pour le moment.
Dans l’espoir de réveiller les consciences endormies des dirigeants du monde, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a tenu devant les participants de la COP 27 un discours alarmiste. « Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur.» lance-t-il.
Or, ce sont les pays les plus pauvres ou en voie de développement, qui ne sont pas responsables du massacre de la terre, qui paient un lourd tribut aux dérèglements climatiques. Pour les catastrophes naturelles qui les frappent de plus en plus durement, ces pays essentiellement africains réclament aujourd’hui à l’unisson une compensation financière. Cette question délicate des « pertes et dommages » a été officiellement ajoutée à l’ordre du jour des négociations à Charm el-Cheikh lors de la cérémonie d’ouverture, alors qu’elle ne devait faire l’objet que d’un « dialogue », prévu jusqu’en 2024.
En fait, cette aide climat, d’un montant de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, destinée à accompagner ces pays dans leur adaptation aux changements climatiques, fait partie du catalogue des belles promesses non tenues de la COP 15 de Copenhague en 2009. Mais les pays du nord, qui renouvellent ce soutien au fil des COP, n’ont pas respecté leur engagement, resté figé à l’état de parole en l’air, envers les pays du sud. Résultat : Pour l’heure, les flux financiers internationaux pour l’adaptation vers les pays pauvres restent cinq à dix fois inférieurs aux besoins évalués, « et l’écart continue de se creuser », a alerté le Programme des Nations unies pour l’environnement dans une étude rendue publique ce jeudi 3 novembre.
Ce sont les pays les plus pauvres ou en voie de développement, qui ne sont pas responsables du massacre de la terre, qui paient un lourd tribut aux dérèglements climatiques.
Mais ce que les pays avancés, les USA et l’Europe en tête, ont contribué, sur près de deux siècles d’industrialisation intensive, à détruire peut-il être réparé par les seules compensations financières ? En fait, les puissances donatrices ne sauraient être quitte en indemnisant juste les pays vulnérables en leur déclarant : « prenez de l’argent et débrouillez-vous avec vos tracas climatiques ». Ce serait faire preuve d’une grande irresponsabilité que de raisonner ainsi.
Les pays du sud sont en droit d’exiger des puissances beaucoup plus que de simples financements : un accompagnement bien plus ambitieux qui englobe un transfert de technologie lié aux énergies propres, couplé avec une aide soutenue à la promotion de nouvelles stratégies de reconversion. C’est une dette incontestable que les pollueurs ont envers les pollués. Prenons l’exemple du Maroc qui, à l’instar de nombre de pays du sud, est affecté sévèrement par ces chamboulements climatiques qui ont bouleversé l’équilibre naturel de la planète : sécheresse, désertification, rareté des précipitations, stress hydrique… Cette réalité, les Marocains, surtout du monde rural, la subissent désormais chaque jour dans leur quotidien. Avec tout ce que cela implique comme menace réelle sur le système de fonctionnement des systèmes agricoles. Une terre qui a soif ou une oasis ravagée par le feu, c’est des paysans par millions, déjà vulnérables, qui s’appauvrissent encore plus. Là où l’on voit que les rejets néfastes dans l’atmosphère des nations riches impactent terriblement la vie des populations des pays défavorisés…En clair, la responsabilité du monde industrialisé, les malheurs d’une bonne partie de l’humanité (famine, exode climatique, malnutrition…), est clairement engagée…
Mais pourquoi le Royaume, victime des émissions de CO2 des autres (le Maroc n’émet pas en une année ce que les USA rejettent en quelques jours dans l’atmosphère) doit-il prendre seul en charge le financement pour plusieurs millions de dollars du complexe Nour de Ouarzazate ? Ce genre d’équipements très coûteux, censés générer cette révolution technologique verte que tout le monde appelle de ses vœux, doivent normalement être financés, selon le principe de faire payer les pollueurs, par les nations qui ont épuisé depuis longtemps leurs droits d’émission de CO2 et qui continuent à enfumer la planète terre à grande échelle.
Or, ce n’est ni juste ni équitable que le Maroc, pays aux ressources limitées, supporte tout seul les conséquences de cette fâcheuse situation provoquée principalement par les activités polluantes des autres nations. Dans son discours empreint de clarté et de franchise, adressé le 30 novembre 2015 aux participants à la COP 21 à Paris, S.M le Roi Mohammed VI a posé avec les accents de la sincérité le problème en des termes on ne peut plus clairs : « La crise climatique est l’ultime injustice qui frappe les plus vulnérables et les effets du changement climatique concernent autant, sinon plus, les pays en développement, surtout les États d’Afrique et d’Amérique latine les moins avancés ainsi que les petits États insulaires », a affirmé le souverain tout en enfonçant le clou par cette interrogation qui en dit long: « Est-il légitime que les prescriptions pour la protection du climat soient dictées par ceux qui sont les premiers responsables du réchauffement de l’atmosphère ? ».
Ce sont effectivement les pays, moins lotis économiquement, qui sont les principales victimes de cette tragédie climatique aux effets ravageurs. Elle se traduit par des points en moins dans leur PIB déjà chétif pendant que les vrais pollueurs s’emploient à faire en sorte que le climat soit tout aussi clément pour leur business dangereusement climato-incompatible.