Dans la guerre génocidaire livrée sans pitié par Israël contre la population de Gaza, la cause palestinienne a gagné une bataille cruciale, celle de l’image, portée par un large mouvement de solidarité mondiale qui s’est exprimé au-delà de la sphère arabo-musulmane. On a assisté pour la première fois à un retournement spectaculaire de l’opinion publique occidentale en faveur de la lutte des Palestiniens. C’est certainement l’effet réseaux sociaux qui a contribué grandement à cette prise de conscience planétaire quant à la barbarie israélienne immortalisée par un flot ininterrompu d’images et des vidéos de bébés, d’enfants et de femmes morts sous les bombardements de Tsahal. Sauf à être dépourvu de conscience et d’humanité, il est impossible de rester insensible devant ces crimes abominables qui déchirent le cœur.
Diffuseurs instantanés et sans filtre, les réseaux sociaux ont réussi non seulement à contrecarrer la propagande sioniste distillée comme un venin dans nombre de médias occidentaux classiques mais à révéler aussiau grand jour es mensonges et le parti-pris flagrants en faveur de l’occupant israélien dans leur couverture de cette agression innommable sur un peuple opprimé et sans défense. De Madrid à Paris en passant par Londres, Copenhague, Genève, Berlin, Ottawa, Washington , New York et bien d’autres villes, les citoyens ont dénoncé d’une seule voix les atrocités de l’occupation israélienne en réclamant leur arrêt immédiat. Dans la capitale américaine, les manifestants pro-palestiniens, issus des groupes de pression « Jewish Voice for Peace » (JVP) et « IfNotNow »
ont marché aux cris de « Cessez le feu maintenant » et » Libérez la Palestine ». Certains d’entre eux, interpellés par la police après la fin de leur action au prétexte que la manifestation n’a pas été autorisée, portaient des chemises sur lesquelles était écrit « Les Juifs réclament un cessez-le-feu immédiat » et d’autres brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Pas en mon nom » et « Mettez un terme au siège de Gaza ». Mais Ie gouvernement Netanyahou, sourd à la voix de la raison, agit comme s’il était au-dessus des lois et du droit, poursuivant son acharnement contre les civils innocents tout en refusant obstinément les appels de cessez-le-feu lancés par l’ONU.
Une ligne rouge, voire immorale a été ainsi franchie dans un dossier où les États-Unis viennent d’ajouter l’ignominie au désengagement. L’affront est trop criant pour que les dirigeants arabes n’en tirent pas cette-fois-ci les conséquences qui s’imposent.
La situation s’est subitement éclaircie dans l’esprit de bien des gens en occident y compris ceux qui se faisaient encore la moindre illusion par désinformation ou endoctrinement sur la réalité de l’État hébreu : Les Palestiniens sont un peuple soumis à une occupation militaire barbare qui lui refuse la liberté et l’indépendance à coups de tueries aveugles, de brimades, de tortures et de blocus sur fond d’un système d’apartheid sans précédent dans l’histoire. Dans le camp pro-israélien, les masques sont tombés et les dirigeants US, Biden et consorts, sont dans leurs petits souliers. L’alignement inconditionnel de la Maison blanche sur les thèses criminelles de Tel Aviv accompagné d’un soutien militaire colossal a poussé le chef de Bureau des affaires politiques et militaires chargé d’organiser les livraisons d’armes américaines aux pays étrangers à déposer sa démission. « Je crois au plus profond de moi-même que la réplique d’Israël, soutenue par l’administration américaine, n’entraînera que plus de souffrances aussi bien du côté israélien que palestinien : livrer d’urgence de l’armement à l’un des belligérants ne peut qu’être injuste et destructeur », explique-t-il dans sa lettre de démission qui a fait l’effet coup de tonnerre dans les cercles du pouvoir américain.
Pendant que le président américain était en visite à Tel-Aviv mercredi 18 octobre, son administration empêchait, à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU de se positionner sur l’opération de Hamas du 7 octobre et sur les bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Comme d’habitude, Washington a opposé son veto à un projet de résolution qui avait été approuvé par douze des quinze membres du Conseil de sécurité. On savait depuis longtemps qu’ Israël est le meilleur allié américain au Proche-Orient mais pas au point de soutenir militairement, et de manière aussi décomplexée, son plan génocidaire dans la bande de Gaza. Alors que l’on attendait de la première puissance mondiale d’imposer à son protégé un cessez-le-feu au vu de l’ampleur des dégâts humains (plus de 7000 morts et environ 15.000 blessés depuis le début des bombardements), elle lui donne le feu vert pour poursuivre son nettoyage ethnique dans l’enclave palestinienne. Une ligne rouge, voire immorale a été ainsi franchie dans un dossier où les États-Unis viennent d’ajouter l’ignominie au désengagement. L’affront est trop criant pour que les dirigeants arabes n’en tirent pas cette-fois-ci les conséquences qui s’imposent. La ligne de fracture entre un Occident ouvertement complice et un Orient passif est trop béante pour se contenter juste des communiqués de condamnation habituels et continuer à assister en spectateurs impuissants aux carnages sionistes qui se déroulent sous les yeux de tous. Avec le risque de plus en plus réel de l’embrasement de toute la région.
Quelle aubaine pour les nouveaux acteurs de la géopolitique mondiale, emmenés par la Chine et la Russie, qui contestent ouvertement l’hégémonie de l’Occident dont ils dénoncent la politique de deux poids deux mesures ! En ouvrant un nouveau front au Proche-Orient après celui de l’Ukraine, les États-Unis sont en train de précipiter l’avènement d’un ordre international plus multipolaire et moins unidirectionnel. Pendant que le camp occidental, miné par une profonde crise morale, œuvre pour son propre déclin, le Sud Global, lui, gagne de nouveaux soutiens. Sans perdre ni le nord ni le sud.