Celui qui débarque à Agadir sent d’emblée un changement notable. La ville bouge de nouveau. L’effervescence est là, signe d’une mue en gestation. La ville d’avant les communales de septembre 2021, plongée dans une profonde léthargie, doublée de morosité, préjudiciable à tout point de vue, s’est transformée en chantiers à ciel ouvert. Mise à niveau de la voirie, élargissement des principales artères, renouvellement de l’éclairage public, construction de trémies et de nouvelles voies de contournement, optimisation de la collecte des déchets, actions d’embellissement tous azimuts… Côté attractions touristiques, Agadir a mis en service en juillet 2022 le premier téléphérique du pays venu enrichir l’offre récréative locale composée de la belle Vallée des oiseaux en cours de restauration, du magnifique parc à crocodiles de Drarga et du delphinarium d’Anza.
La culture et le sport ne sont pas en reste, figurant en bonne place dans le Programme de développement urbain ( PDU) de la ville. La capitale du Souss reprend des couleurs, au grand plaisir de l’habitant et du visiteur, et commence à envisager l’avenir entre espoir et confiance. C’est l’effet Aziz Akhannouch, enfant prodigue de la région, dont la liste qu’il a conduite lors des communales de septembre 2021 a bénéficié d’un large plébiscite. Exit l’islamisme communal qui a montré son incapacité chronique à produire des idées constructives et développer des projets utiles pour la collectivité. Place aujourd’hui à une équipe, jeune et entreprenante, investie à fond dans la restructuration et la relance de la ville sur de nouvelles bases. On savait que l’arrivée d’une nouvelle majorité communale allait faire du bien aux Gadiris et leur rendre le sourire grâce à la mise en place d’une politique de rupture tournée vers l’amélioration de leur cadre de vie. Celle-ci passe sans conteste par une requalification urbaine du centre-ville qui, figé dans le passé, a besoin d’être renouvelé et modernisé, préalable à une redynamisation de ses divers commerces (bazars, restaurants et autres échoppes à souvenirs) qui vivotent depuis longtemps en raison du tassement de l’activité touristique. Épine dorsale de l’économie locale qui fait vivre des milliers de familles, le tourisme gadiri a justement du plomb dans l’aile. Depuis des années déjà, bien avant le covid, les flux touristiques ne sont plus ce qu’ils étaient. En cause, une conjonction de facteurs, principalement la déconnexion aérienne d’Agadir pour des raisons troublantes de ses principaux marchés émetteurs (Lire article PXXX), le caractère un peu suranné de son produit à prédominance balnéaire qui n’a pas évolué par rapport aux destinations concurrentes et une capacité litière qui au lieu d’augmenter a paradoxalement régressé sous l’effet des fermetures et des redressements judiciaires pendant que le gros des établissements encore debout est en mal de rénovation. Depuis septembre dernier, Saïd Scally, figure de proue du tourisme local et national, sorti de sa retraite pour reprendre dans le cadre d’un mandat limité dans le temps les rênes du Conseil régional du tourisme (CRT), s’emploie, armé de son expérience et de sa bonne volonté, à reconstruire le chemin de la relance d’un écosystème, malade, confronté à de multiples défis. Alors qu’Agadir lutte avec acharnement pour retrouver ses positions touristiques perdues, le tourisme dans la région se renouvelle à quelque 15 km de la ville.
Forte de sa centralité consacrée par le souverain dans son discours de la Marche Verte de 2019, Agadir et sa région, l’une des plus dynamiques du Royaume, se positionne en terre d’opportunités au-delà de ses secteurs traditionnels.
A Taghazout Bay précisément. Grand motif de satisfaction et de fierté à la fois , cette station balnéaire nouvelle génération , que l’on croyait maudite à jamais en raison des échecs successifs depuis les années 80 de ses projets d’aménagement, a enfin jailli de terre grâce à un partenariat public -privé 100% marocain. La réussite de ce modèle du cru nous a fait quelque peu oublier le jeu trouble des aménageurs-développeurs étrangers qu’un certain Adil Douiri a fait entrer dans son Plan Azur avant d’en sortir mystérieusement les uns après les autres pour virer mystérieusement à l’imposture… Or, Agadir a aujourd’hui plus que jamais toutes les cartes en main pour tirer pleinement profit de ses multiples atouts. Sur le plan politique, les astres sont bien alignés grâce à une majorité soudée, qui dispose de tous les leviers du pouvoir local et régional, autour du maire qui est en même temps chef du gouvernement. Une chance inouïe. Enfant prodige de la région à laquelle il est viscéralement attaché, Aziz Akhannouch y a démarré sa carrière politique, d’abord comme simple élu local dans son fief électoral de Tafraout, puis comme député et enfin en tant que président de la région (à l’époque Souss-Massa-Draa) en qualité de ministre, chef de parti et enfin comme Premier ministre.
Forte de sa centralité consacrée par le souverain dans son discours de la Marche Verte de 2019, Agadir et sa région, l’une des plus dynamiques du Royaume, se positionne en terre d’opportunités au-delà de ses secteurs traditionnels (tourisme, agriculture et pêche) pour se diversifier autour de la déclinaison régionale du Plan d’accélération industrielle qui offre un potentiel de développement supplémentaire. Sans conteste, les nouveaux relais de croissance de la capitale du Souss dépendent aussi de la capacité d’Agadir à dépasser ses réflexes de repli sur soi en affaires pour se projeter dans son espace géographique immédiat que sont les Iles Canaries distants d’Agadir d’à peine 620 km à vol d’oiseau, soit 1 h 20 par avion. De ce point de vue, Agadir constitue pour les Canaries, territoire presque saturé formé de 7 îles magnifiques, un prolongement naturel pour déployer des investissements d’intérêt commun. Atout stratégique précieux, cette proximité prend une importance tout particulière à l’heure du nouveau partenariat gagnant-gagnant scellé entre le Maroc et l’Espagne. La capitale du Souss et l’archipel espagnol, 14 millions de touristes, ont tout à gagner à intensifier leur coopération en développant des joint-ventures notamment dans les secteurs du tourisme et des services qui représentent l’essentiel de l’économie canarienne. Terre des hommes qui a enfanté une race d’entrepreneurs berbères d’exception dont fait partie le père de Aziz Akhannouch, Agadir et sa région ont une fenêtre d’opportunité inespérée pour devenir un modèle d’une régionalisation intégrée et accomplie. Il ne faut pas la rater.