Le Maroc 65 ans après…

Le 18 novembre 1955, le Maroc recouvrait son indépendance après plus de quarante ans d’occupation française. Au-delà de la célébration symbolique de cet événement, cette journée offre l’occasion de se remémorer l’épopée du peuple et de la monarchie qui ont lutté main dans la main pour mettre fin à la colonisation. De simples Marocains, qui n’ont pas accepté que leur pays ne puisse pas disposer de son destin, ont pris le maquis pour combattre l’occupant. Certains d’entre eux, à l’image de Zerktouni Fetouaki, Allal Ben Abdellah et autres Roudani, sont devenus illustres à jamais  en mourant en martyrs, les armes à la main, sans connaître les joies du Maroc indépendant. Une belle leçon de patriotisme et un  grand exemple de sacrifice et de courage dont les générations futures doivent être imprégnées pour lutter contre les différentes formes de nihilisme qui  polluent l’atmosphère générale et inhibent les initiatives .

Les nihilistes s’efforcent justement  de vous convaincre que le Maroc, ce pays des paradoxes par excellence, n’a pas fait grand-chose en plus de 60 ans d’indépendance, tout en vous en  brossant un tableau noir à vous plonger dans la déprime de votre vie. A les entendre argumenter, tous les ( mauvais) ingrédients sont réunis pour que vous envisagiez sérieusement, quand bien même vous êtes un père de famille bien dans sa peau, de quitter, le pays avec armes, femmes, enfants et bagages vers des cieux supposés plus cléments.

Ces pessimistes invétérés, issus paradoxalement d’une classe aisée, censés ne pas se plaindre, prennent souvent prétexte des insuffisances et autres  dysfonctionnements,  qui ne sont pas seulement l’apanage des pays du Tiers-monde ou en voie de développement, pour présenter leur pays sous un jour apocalyptique.

Or, la réalité est beaucoup plus nuancée qu’elle n’est dépeinte par ces oiseaux de mauvais augure qui pérorent dans les salons en comité restreints ou déversent leur fiel sur le pays à grands renforts d’analyses superficielles.  

En 65 ans d’indépendance, le Maroc a fait du chemin en avançant à son rythme compte tenu des contraintes et de l’héritage du passé. Il y a bien sûr les séquelles profondes de la colonisation qui  est loin d’avoir été une simple parenthèse mais aussi l’attitude négative au lendemain de l’indépendance chèrement acquise  d’une partie du Mouvement national incarné essentiellement par la gauche. Là où celle-ci était supposée travailler en bonne intelligence avec feu Hassan  II, qui débordait d’énergie positive et de bonne volonté inhérentes à la force de l’âge, pour construire le Maroc libre, elle n’a rien trouvé de mieux que de contester le pouvoir de la monarchie en entrant en conflit direct avec le Roi défunt qu’elle chercha à renverser par tous les moyens. Y compris en s’alliant avec des puissances étrangères pour installer la république au Maroc. Résultat : L’énergie et le génie que Hassan II, qui était loin d’être le monarque sanguinaire que ses adversaires décrivaient, s’apprêtait, au sortir de la colonisation, à mettre au service du développement d’un Royaume en friche, furent détournés, utilisés dans une stratégie de défense permanente qui lui a été imposée malgré lui. Si Ben Barka et ses amis avaient eu l’intelligence de gouverner avec lui dans le cadre d’un partage du pouvoir au lieu d’attendre jusqu’à 1998 pour se contenter d’une alternance a octroyée- tout ça pour ça ?- , le Maroc n’aurait certainement pas connu les années de plomb et leur lot tragique de morts, de procès expéditifs et de disparitions forcées. Mieux, il n’aurait pas perdu plus de 40 ans dans de faux combats stériles qui n’ont abouti in fine qu’à retarder la marche du pays en lui faisant rater plusieurs rendez-vous avec le développement à une époque où la nation avait tous les atouts en main pour se projeter dans l’avenir.

Si  Ben Barka et ses amis avaient eu l’intelligence de gouverner avec feu Hassan II dans le cadre d’un partage du pouvoir au lieu d’attendre jusqu’à 1998 pour se contenter d’une alternance  octroyée,  le Maroc n’aurait certainement pas connu les années de plomb et leur lot tragique de morts, de procès expéditifs et de disparitions forcées.

En dépit de ce contexte de grande instabilité politique,  feu Hassan a eu des traits de génie comme la politique des barrages, la priorité donnée à l’agriculture et l’édification d’un État moderne et fort, la création d’une classe politique destinée à pallier le refus de gouverner de  la «gauche révolutionnaire » tout en donnant la pleine mesure de son talent en matière de politique internationale.  

Il aurait sans conteste pu faire beaucoup plus si le climat politique en interne était serein et si les opposants d’alors n’avaient pas cédé aux sirènes d’un idéal révolutionnaire utopique…

Au-delà de la  fameuse période noire tricotée aux complots et marquée par la répression , la confrontation avec la monarchie a enfanté un retard considérable dans les domaines social et économique où le pays a accumulé un déficit chronique. Ce déficit chronique, le Roi Mohammed VI s’est attelé, après la création de l’Instance Équité et Réconciliation (IER) qui a permis aux Marocains, à travers un sérieux travail de mémoire, de se réconcilier avec leur passé,  à le résorber dès son accession au trône en juillet 1999 à travers une série d’actions fortes. Parmi celles-ci, l’initiative nationale de développement humain (INDH) destinée à aider les couches vulnérables que ce soit dans le villes ou les campagnes à se prendre en charge grâce au soutien d’activités génératrices de revenus.

Un programme d’envergure nationale venu renforcer le travail de la Fondation Mohammed V pour la solidarité créé dès 1998 sur des fronts que le Maroc ancien a négligé: Alphabétisation, prise en charge des handicapés et des personnes âgés, enfance abandonnée, jeunesse en mal de qualification, soins de santé, microcrédit… Cette action sociale et sociétale  volontariste, portée constamment par le souverain, est allée chez lui de pair avec le lancement de chantiers structurants comme les autoroutes, les routes, les ports (Tanger Med), le rail (TGV Casablanca-Tanger), les ponts,  la mise à niveau des médinas et la mise en œuvre de stratégies  sectorielles comme le Plan Maroc Vert, le plan Halieutis ou le programme d’accélération industrielle. Devenu un immense chantier à ciel ouvert, animé d’une volonté forte de s’en sortir,  le Maroc de Mohammed VI est loin d’avoir dépassé toutes ses insuffisances, essentiellement dans le domaine éducatif, qui représente le véritable talon d’Achille du Royaume et la source de l’essentiel de ses maux :  inégalités sociales, ignorance, pauvreté, baisse généralisée du niveau et incurie politique….  

A l’heure de la crise sanitaire et de ses multiples défis dans plusieurs domaines, le pays est appelé plus que jamais  à s’affranchir de bien des freins qui empêchent l’avion Maroc de décoller en misant sur le vrai capital : les ressources humaines. La vraie indépendance, qui revêt aujourd’hui un caractère économique, en dépend grandement pour « produire du made by Morocco » et se libérer du fardeau très coûteux en devises des  importations massives des produits des autres.

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