Avec sa guerre commerciale déclenchée contre les importations des « pays du monde entier », Donald Trump a mis le doigt dans un engrenage infernal dont l’économie mondiale ne sortira pas indemne. La panique s’est emparée des marchés financiers qui ont chuté brutalement dans les premiers échanges, lundi 7 avril, alors que les cours du pétrole s’enfonçaient à leur tour. Dans ce chaos mondialisé, les fortunes de Wall Street dont fait fait partie Elon Musk qui commence à se démarquer de la politique desastreuse de Trump ont laissé des plumes se chiffrant en centaines de millards de dollars. Un scénario plus cauchemardesque que celui de la crise sanitaire provoquée par le covid-19 se profile à l’horizon.
Un Krach boursier doublée d’une récession mondiale sont à craindre au cas où les négociations demandées par 50 pays selon la Maison Blanche n’arrivent pas à rassurer les investisseurs. Un retour à la normale risque de prendre du temps, sauf si M. Trump finit pas renoncer à sa folle offensive tarifaire chaotique qui commence à être la cible de vives critiques jusque dans son propre camp politique. Tout cela risque de mal finir pour Donald Trump qui, à force d’être obnubilé par la Chine dont il veut absolument freiner l’ascension en lui infligeant des droits de douane de 125%, pourrait fortement précipiter le déclin de son pays au profit de l’empire du milieu.
Donald Trump, qui a péché par égocentrisme pathologique en défendant les intérêts des États-Unis au détriment des règles du commerce international, a justifié la salve de droits de douane tirée contre l’économie mondiale avant de les suspendre à la veille de leur entrée en vigueur pour 90 jours dans une volte-face qui en dit long sur son imprévisibilité, par sa volonté de réduire le déficit commercial des États-Unis avec le reste du monde. Celui-ci s’est en effet davantage creusé en 2024 par rapport à l’année précédente (+17 %), atteignant 918,4 milliards de dollars. Le chiffre est colossal mais de nombreux experts estiment que le déficit commercial américain souligne la robustesse de l’économie US caractérisée par une forte consommation en divers biens et en pétrole. Tel n’est pas le point de vue de Donald Trump qui voit dans les recettes générées par son équipée tarifaire planétaire une manne financière extraordinaire susceptible de supplanter l’impôt sur le revenu, une idée qui lui a été soufflée par son conseiller en matière Peter Navarro, réputé pour ses positions protectionnistes et anti-chinoises..
Le Maroc sera-t-il tenté de s’inspirer de la méthode Trump pour renégocier ses accords de libre-échange? Il a des raisons objectives de le faire puisqu’il est déficitaire avec les 56 pays avec lesquels il a conclu des ALE.
Si le niveau des recettes escomptées n’est pas au rendez-vous, le manque à gagner peut être compensé via des deals susceptibles d’être être conclus, secteur par secteur et activité par activité, avec les principaux partenaires avec lesquels les États-Unis, les fameux « Dirty five », enregistrent le gros du déficit commercial. Les transactions peuvent prendre la forme de délocalisations de chaînes de productions sur le sol américain et qui sont tout autant profitables en termes de créations d’emplois. Mais encore faut-il pour chiper à la Chine son statut d’usine du monde d’être moins disant social. Ce qui est loin d’être le cas (le salaire minimum aux États-Unis étant fixé à 7,25 dollars de l’heure contre 2 dollars dans certaines provinces chinoises très industrialisées).
Le Maroc sera-t-il tenté de s’inspirer de la méthode Trump pour renégocier ses accords de libre-échange? Il faut dire qu’il des raisons objectives de le faire puisqu’il est déficitaire avec les 56 pays avec lesquels il a conclu des ALE. Y compris les pays arabes à économies plus ou moins égales signataires de l’accord d’Agadir comme l’Égypte et la Tunisie qui, en plus d’exporter vers le Maroc des produits parfois fabriqués sous d’autres cieux (fraude sur les règle d’origine), usent souvent de barrières non tarifaires pour restreindre l’accès des produits marocains à leurs marchés respectifs. En plus du déficit structurel de la balance commerciale pour des centaines de milliards de DH, cette situation se traduit dans les faits par une saignée permanente en devises, pertes massives d’emploi et fragilisation de certains secteurs d’activités locaux peu compétitifs. En important de ces pays plus qu’il n’exporte, il ne fait en quelque sorte que subventionner les économies de ces derniers qui tirent le plus grand profit du caractère peu étoffé de l’offre exportable nationale. Ce qui ne doit pas empêcher le gouvernement de réclamer un rééquilibrage dans ses échanges commerciaux en exigeant des pays partenaires de délocaliser une partie de leur chaîne de production au Maroc qui, en plus de sa stabilité politique et sa position géographique privilégiée offre un environnement idoine pour les investissements extérieurs. C’est cela un partenariat gagnant-gagnant.
Par Abdellah Chankou