Face à l’inquiétude exprimée publiquement à l’occasion de l’opération Transit par les MRE au sujet des tarifs jugés excessifs du transport par mer ou par air, le ministre de tutelle Mohamed Abdeljalil a sorti l’argument qui tue : La loi de l’offre et de la demande ! La phrase magique, la bonne excuse que bien des ministres dégainent plus vite que leur ombre pour ne rien faire et se complaire dans le confort de l’inaction. Cela les arrange évidemment de se cacher derrière ce principe fondamental de l’économie alors même que celui-ci n’est pas le seul dans le contexte national à faire véritablement la loi sur le marché, battu en brèche par d’autres phénomènes en relation avec la spéculation, le monopole et bien d’autres pratiques opaques.
La loi de l’offre et de la demande a été ainsi brandie par les ministres de tutelle de l’Éducation nationale pour ne pas agir contre les frais de scolarité scandaleusement élevés surtout qu’elles sont injustifiées (côté qualité) pratiquées par les écoles l’enseignement privé. Ce qui a eu comme conséquence de se transformer en « en-saignement » pour des millions de familles dont une bonne partie du revenu est engloutie par cette dépense de plus en plus importante . Le même renchérissement indu touche la valeur des biens immobiliers, ce qui fait que l’heureux ou plutôt le malheureux propriétaire, qu’il soit issu de la couche défavorisée ou de la classe moyenne, ces nouveaux pauvres, à payer un crédit immobilier durant toute sa vie. Des pans entiers de la population subissent au quotidien la flambée des denrées alimentaires (légumes, viandes, poissons…) alimentée souvent par des méthodes , connues de tous, qui sont à mille lieues de la loi du marché. C’est ainsi que le citoyen se retrouve sur plusieurs services et produits livré au nom « de la loi de l’offre et de la demande » à des lobbys voraces qui se fortifient du laxisme des pouvoirs publics et du règne de l’opacité dans leurs secteurs d’activité…
Or, les Marocains, victimes en fait du diktat du « coffre et de la commande » retrouveront sans conteste du pouvoir d’achat rien qu’en veillant à l’application du juste prix d’une panoplie de produits et de services par la régulation du marché en amont. Il appartient au gouvernement de mettre le holà à cette cacophonie des prix qui contribue grandement à la vie chère et à l’exaspération sociale…
Contrairement à une idée reçue alimentée sans doute par les transferts toujours en hausse des fonds des MRE, les Marocains du monde ne sont pas tous riches.
Mais pourquoi voulez-vous que les prix de la traversée du Détroit échappent à ce magnifique laisser faire érigé en politique ? En bon responsable qui n’aime pas se mouiller, le ministre du Transport a donc préféré botter en touche pour ne pas avoir à se rendre la vie difficile avec un vrai sujet de préoccupation pour une bonne partie de la communauté marocaine vivant à l’étranger. Une saignée surtout pour les familles nombreuses qui doivent casser leur tirelire pour venir se ressourcer au bercail pendant la saison estivale. Il faut compter en moyenne pour deux personnes avec voiture entre 250 et 300 euros le billet retour Algésiras-Tanger Med-Algésiras et près de 800 euros pour le trajet Sète-Nador-Sète et plus de 1000 euros pour le parcours Barcelone-Nador-Barcelone. Imaginez le sacrifice financier que cela représente pour une famille composée de 5 personnes ou plus. Une fortune. Le voyage en avion coûte les yeux de la tête surtout pour les vols long courrier pour les Marocains vivant par exemple en Amérique du nord qui se plaignent eux aussi des tarifs exorbitants des billets d’avion.
Contrairement à une idée reçue alimentée sans doute par les transferts toujours en hausse des fonds des MRE, les Marocains du monde ne sont pas tous riches. Pour la plupart, il s’agit de personnes qui triment dur toute l’année pour subvenir aux besoins de leurs familles et connaissent des fins de mois de plus en plus difficiles du fait des contrecoups de la crise qui sévit dans la zone euro. En un mot, le MRE qui roule sur l’or est un mythe…
Comme l’opération Marhaba représente un marché captif qui génère un chiffre d’affaires colossal pour ses acteurs, (près de 4 millions de passagers MRE et plus de 600.000 véhicules ont regagné les ports marocains en 2023), il y a moyen de négocier des tarifs préférentiels auprès des transporteurs maritimes impliqués dans la traversée sur le Détroit. Tous étrangers ( espagnols ou italiens), ces derniers sont en situation de quasi-monopole depuis que les compagnies nationales, victimes de faillite, ont déserté le marché. Raison de plus pour que les pouvoirs publics interviennent afin de protéger leurs ressortissants d’une potentielle entente sur les prix en leur assurant des tarifs adaptés à leur budget. Il est vraiment navrant d’entendre certaines familles penser à renoncer leur projet de vacances au Maroc en raison de la cherté des billets alors que d’autres envisagent l’option de séjours dans des destinations concurrentes jugées moins chères.