Trump à l’épreuve de la Palestine

Quand les dirigeants américains ont jugé que le moment était venu pour imposer un cessez-le-feu à Gaza aux criminels de Tel Aviv, ils ont appuyé sur la télécommande et le boucher sioniste en chef s’est exécuté sans moufeter. Dès lors, on devine en filigrane les véritables protagonistes de cette séquence proche-Orientale d’une rare sauvagerie, bourrée de cynisme de cynisme et aux objectifs inavoués. Tout le reste n’est que mise en scène, rhétorique politicienne, pour faire croire que l’accord de cessez-le-feu a été obtenu par la médiation diplomatique et masquer ainsi son véritable artisan sans lequel rien n’est possible dans ce Proche-Orient de tous les tourments.

Le ministre extrémiste de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et les ministres du bloc « Otzma Yehudit » peuvent démissionner du gouvernement en guise de protestation contre « un accord irresponsable avec l’organisation terroriste Hamas », cela aussi fait partie de ce théâtre d’ombre…Car in fine la coalition gouvernementale au pouvoir en Palestine occupée peut survivre sans l’appui du parti démissionnaire et Benyamin Netanyahou en conséquence reste en place, sans risque d’être inquiété.

Ce dénouement bien accueilli à l’international après avoir été vainement réclamé met en lumière ce que l’on soupçonnait déjà : le rôle prépondérant des États-Unis, ne serait-ce que par la fournitures de l’armement, dans les massacres de la population gazaouie par l’aviation sioniste. Si ces derniers se sont poursuivis pendant près de 15 mois dans l’impunité totale jusqu’au génocide de femmes et d’enfants sur fond de la pire catastrophe humanitaire contemporaine c’est parce que Washington a estimé qu’il était trop tôt pour s’arrêter…et faire le maximum de victimes et de saccages.


 Les Accords d’Abraham, signés sous l’égide de Trump 1 par Israël avec certains pays arabes, pour enterrer la cause palestinienne, gagneraient à céder la place, sous Trump 2, à une nouvelle version intégrant le droit des Palestiniens à disposer de leur propre État.

Avec le recul, il apparaît clairement que le 7-Octobre a fourni aux sionistes et à leur parrain américain le levier ou le prétexte inespéré pour atteindre un objectif inestimable : liquider le Hamas et le Hezbollah, infrastructures et dirigeants compris, après le déplacement du champ de guerre vers le Liban. Ce qui a eu comme conséquence de priver les Palestiniens de leur principal mouvement de résistance et d’affaiblir l’Iran en lui ôtant son principal relais de puissance dans la région. Du coup, l’équilibre « convenu » de la terreur établi historiquement entre les deux puissances a été corrigé par la force en faveur d’Israël. Une pièce-maîtresse manquerait au puzzle pour aboutir à une recomposition des rapports de force géopolitiques au Proche-Orient si le régime syrien de Bachar Al Assad ne s’était pas effondré à son tour. On ne sait pas si tout cela était planifié d’avance ou si ces « objectifs de guerre » se sont imposés en cours de route… Visiblement, la théorie des dominos, chère aux Américains, a bien fonctionné. Ce qui rendait inutile la poursuite des bombardements de Gaza qui n’est plus qu’un champ de ruines et un cimetière à ciel ouvert.

Redessiner la carte du Proche-Orient, vieux rêve de l’administration américaine que Bush père nourrissait déjà en envahissant l’Irak en 2001 est en train de se réaliser par la politique de la canonnière, un demi-siècle après, au prix d’une guerre génocidaire menée par procuration à Gaza par une bande de sionistes sanguinaires. Les pays arabes voisins doivent désormais composer avec la seule puissance de la région, protégée et surarmée, après l’affaiblissement de l’Iran et la destruction de son axe de résistance. Cette nouvelle réalité géopolitique ne doit pas rendre pour autant « caduque» l’aspiration du peuple palestinien à vivre libre et en paix dans un État indépendant que lui refuse obstinément le colonisateur depuis plusieurs décennies. Bien au contraire. Le remodelage de la région la plus instable du monde serait inachevé, voire contre-productif sans une volonté forte et sincère de mettte fin à cette injustice qui n’a que trop duré. Or,les clés de la solution de ce conflit qui n’a que trop duré et fait des centaines de milliers de morts côté palestinien ne se trouvent ni à Tel Aviv, ni à Doha, encore moins à l’ONU qui a montré son caractère inopérant tout long de ce feuilleton barbare mais bel et bien au centre du pouvoir mondial : Washington.

De la même manière qu’il s’est vanté d’avoir fait pression sur Israël pour mettre fin aux bombardements de la population gazaouie, Donald Trump a toutes les cartes en main pour obliger les représentants de son 5ème État proche-oriental d’accepter le principe de la paix contre la terre. C’est la seule voie possible pour pacifier cette partie du monde où des rivières de sang d’innocents ont coulé pour rien. Les Accords d’Abraham, signés sous l’égide de Trump 1 par Israël avec certains pays arabes, pour enterrer la cause palestinienne, gagneraient à céder la place, sous Trump 2, à une nouvelle version intégrant le droit des Palestiniens à disposer de leur propre État. Le milliardaire américain, qui a été investi lundi 20 janvier 2025, tient là l’occasion d’entrer dans l’Histoire par la grande porte. Connu pour ses foucades inhérentes à son caractère, mélange d’imprévisibilité et d’audace calculée, le président républicain peut, comme sur d’autres dossiers plus ou moins identiques, faire cavalier seul et décréter depuis la Maison Blanche l’indépendance de la Palestine.

Par Abdellah Chankou

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