Dans leur planification cynique et dangereuse du monde, les Gafa (Google, Amazone, Facebook, Apple), ont tout prévu, calculé. Sauf que le coronavirus, cet invité-surprise et ravageur, allait donner un coup d’accélérateur puissant à l’un de leurs objectifs-phare devenus déjà réalité : Tout entreprendre assis devant son ordinateur ou branché sur son téléphone portable sans avoir à se déplacer. Agir en restant claquemuré chez soi : Commander une pizza, faire du shopping, du business, visiter un musée, acheter un billet d’avion ou un voyage touristique, etc… Ces gestes sont devenus simples comme bonjour. A portée de clic. Le remplacement de la commande manuelle par les achats en ligne au nom de la suprématie du tout-digital a bouleversé en profondeur les habitudes des gens et le travail en entreprise. Emergence malgré nous d’un univers qui ne jure que par le virtuel et ses avantages supposés dont les partisans refusent, séduits par son côté très mercantile, de voir les mille et une dérives qu’il a engendrées.
Avec le confinement général décrété aux quatre coins de la planète et qui frappe plus de 3 milliards d’être humains, une question se pose d’emblée : Se dirige-t-on plus vite que prévu vers un nouveau monde de haute solitude où le mode de vie en communauté cèdera la place à une société de l’isolement vivant, recroquevillée sur elle-même, devant un écran d’ordinateur?
Ces villes jusque- là bondées devenues aujourd’hui fantômes, les bancs d’école abandonnées pour une scolarité à distance et les entreprises désertées au profit du télétravail nous renvoient tous l’image du triomphe du modèle d’une vie entre quatre murs menée dans la virtualité, défendu par les géants du numérique. Les sorties dans la réalité étant frappées d’interdit, sommes-nous en train d’entrer de plain-pied dans une ère d’enfermement dans la virtualité ?
Se dirige-t-on plus vite que prévu vers un nouveau monde de haute solitude où le mode de vie en communauté cèdera la place à une société de l’isolement vivant, recroquevillée sur elle-même, devant un écran d’ordinateur?
L’existence telle que nous la connaissons avant l’apparition du covid-19 relèverait-elle d’un passé révolu ? Cette maladie mondialisée, qui a paralysée la majorité des secteurs d’activité, a également condamné au chômage partiel ou total plusieurs millions de travailleurs à travers le monde. «L’homme nu, la dictature invisible du numérique », un livre pertinent cosigné par Marc Dugain et Christophe Labbé, décrit de manière remarquable les arrière-pensées des maîtres du big Data qui font commerce de nos données personnelles et les projets diaboliques qu’ils poursuivent derrière les objets et les êtres connectés à grande échelle. Parmi les objectifs pour lesquels ils militent plus ou moins en secret figure justement le chômage généralisé en contrepartie d’un revenu universel que Google et compagnie sont prêts à verser aux oisifs du monde entier qui accepteraient d’être soumis à l’élite mondiale incarnée par les papes du digital. Dans cette configuration de science-fiction, ces bataillons d’inactifs interconnectés via leur smartphone deviennent de simples consommateurs qui commandent à distance ce qui a été taillé pour eux. Vous avez bien lu, les géants du web, qui ne croient ni dans la démocratie ni dans l’Etat- d’ailleurs- ils se soustraient au paiement de l’impôt alors qu’ils réalisent des profits mirifiques-, sont tellement décidés à prendre le contrôle de la planète qu’ils sont disposés à payer une armée d’individus à ne rien faire pour peu qu’ils deviennent dociles et obéissants comme des robots.
Ce formatage de l’humanité, à grand renfort d’intelligence artificielle censée dépasser celle des humains qui ont déjà vu une partie de leurs emplois tuée ou ringardisée par l’ubérisation de l’économie, enfanterait ce qu’ils appellent un transhumain ou post humain dont les standards ne correspondent pas à ceux de l’homme actuel. En fait, le transhumanisme comme concept est déjà en marche. Sous nos yeux, ne se dessine-t-il pas clairement le profil d’un homme qui n’agit plus véritablement comme tel, qui ne réfléchit pas, se détourne de la lecture, incapable de sens critique, branché constamment sur les réseaux sociaux dont il gobe tous les contenus essentiellement trash, violents et médiocres? A moins d’un miracle, il est difficile d’échapper à cette dictature numérique aussi invisible et terrifiante que le coronavirus…