Première ville touristique du Maroc, destination privilégiée de la jet set mondiale, Marrakech a abrité du 23 au 25 novembre le 117ème Conseil exécutif de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Cet événement, qui a mis les projecteurs sur le Royaume, montre que la crise sanitaire qui a ravagé pendant deux années le secteur des voyages à coups de confinements, de fermetures de frontières et d’avions cloués au sol, relève désormais du passé. Un passé douloureux à oublier pour se tourner vers l’avenir qui s’annonce de nouveau prometteur pour cette activité hautement juteuse qui pèse 10% du PIB mondial et réalise un taux de croissance supérieur à celui de l’économie mondiale (respectivement 6% et près de 4% en 2018). Si le voyage relève du loisir et de la passion de la découverte, il est devenu une industrie importante qui progresse de manière remarquable d’année en année – 1,4 milliards de touristes aujourd’hui contre 278 millions dans les années 80 – mais aussi en termes de création de valeur et d’emplois dans des proportions exceptionnelles. En somme, le tourisme est une belle fièvre que rien ne peut faire baisser. Ni les catastrophes naturelles ni les crises sanitaires ou politiques n’arrivent à mettre les touristes hors circuit. En pleine pandémie, les gens n’étaient-ils pas prêts à braver tous les obstacles dressés par les États, (test PCR, masques, vaccins et autres désagréments) et à prendre tous les risques imaginables pour s’offrir des escapades loin de chez eux ?
Pour de nombreux pays, le tourisme avec sa manne extraordinaire représente une source indispensable de devises. De tous les secteurs, le tourisme est celui qui offre les plus grands gisements d’emplois. Sa force aussi c’est qu’il a cette capacité de créer des liens entre divers secteurs d’activité avec des effets d’entrainement considérables tout en stimulant le développement des infrastructures de base (routes, ports, moyens de transport et autres équipements) déterminants dans l’attractivité d’une destination et nécessaires au confort du touriste… (A quand d’ailleurs un poste dédié à l’ingénierie touristique dans les collectivités territoriales?)
Si l’excès de soleil est une grosse contrainte pour le secteur agricole, il pourrait être transformé en atout non négligeable pour les zones vivant traditionnellement de la terre et qui sont confrontées aujourd’hui à la rareté de l’eau.
Pays à vocation touristique de premier plan, le Maroc possède le potentiel qu’il faut pour conquérir des parts de marché supplémentaires et enregistrer des records d’affluence. Pour peu que les pouvoirs publics accordent à ce secteur stratégique la priorité qu’elle mérite eu égard à ses bienfaits multiples et redoublent d’imagination et d’audace pour tirer le meilleur parti des atouts du Royaume : ses attraits naturels uniques, son climat tempéré et l’hospitalité de ses habitants. Autant d’avantages précieux qu’il s’agit de mieux exploiter en vue d’attirer plus de visiteurs que le pays n’en accueille actuellement. Encore faut-il adopter les stratégies idoines, se donner les moyens nécessaires et agir en conséquence en créant des synergies vertueuses avec toutes les parties prenantes dans le cadre d’un partenariat-public-privé ambitieux qui tient compte de la nouvelle donne climatique et ses conséquences terribles pour le Maroc (sécheresse, stress hydrique…). Ce problème majeur impose d’énormes défis aux décideurs en termes de stratégies de reconversion à mettre rapidement en place notamment dans le monde rural en première ligne face à ces dérèglements. Si l’excès de soleil est une grosse contrainte pour le secteur agricole, il pourrait être transformé en atout non négligeable pour les zones vivant traditionnellement de la terre et qui sont confrontées aujourd’hui à la rareté de l’eau. Le manque à gagner pour les ruraux ne peut venir que d’une reconversion dans l’agro-tourisme pratiqué déjà dans certaines zones et qu’il s’agit de développer davantage par le désenclavement et la valorisation des sites champêtres. Assorti de mesures d’accompagnement (aides financières, formation…) au profit des candidats à cette adaptation salutaire, cet effort de développement est nécessaire pour sortir le Maroc des champs de son sous-développement tout en offrant des moyens subsistance alternatifs à ses habitants.
Dans le tourisme rural, il y a matière à sortir des sentiers battus, à investir des niches porteuses, pour créer des produits intéressants propres à séduire les touristes en quête d’authenticité et d’originalité dans un cadre naturel époustouflant servi par une hospitalité sincère et un terroir diversifié. Les leviers du tourisme durable et de l’écotourisme, en phase avec les objectifs d’une exploitation optimale des ressources, ont là l’occasion d’être actionnés grâce à une action publique territoriale forte et ambitieuse. Le rural doit se transformer. Évoluer. Ses espaces repensés pour les rendre plus attractifs. Et faire accéder ses habitants au développement.