Défait (2-1), dimanche 30 janvier, par l’Égypte en quart de finale de la CAN 2021, le Maroc quitte la compétition par la petite porte ! Comme lors des précédentes éditions. Après les victoires des premières rencontres face à des équipes relativement faciles qui ont donné l’illusion d’un Onze national performant, retour brutal à la réalité. Le talon d’Achille des Lions de l’Atlas depuis le début de la compétition s’est accentué contre les Pharaons au point de devenir flagrant aux yeux même des novices du ballon rond : l’absence d’une ligne offensive capable de marquer des buts et faire la différence. Une faille fatale en football que le coach franco-bosniaque, qui aura joué jusqu’au bout la carte de la malice et des tâtonnements, a réussi à masquer grâce au talent du défenseur du PSG Achraf Hakimi sur les tirs de coups francs qu’il mettait prodigieusement en pleine lucarne. Mais miser sur le seul défenseur du PSG pour jouer les sauveurs ne pouvait pas marcher à tous les coups et penser le contraire c’est faire courir à son équipe le risque de la défaite. Ce qui devait donc arriver arriva.
Le miracle n’existe pas en sport. Sans être excellents, les coéquipiers de Mohamed Salah, il faut le reconnaître, ont joué au foot en mouillant bien le maillot pendant que leurs adversaires ont été incapables, excepté l’accélération de Hakimi qui a ramené le penalty dès la 5ème minute, de se créer des occasions intéressantes, faute d’avoir pu porter le danger au cœur du camp égyptien. Fidèles à leur politique habituelle du bouc émissaire qui fonctionne depuis plusieurs décennies, les dirigeants du foot national se sont empressés, via les médias acquis, de faire porter le chapeau de cette amère défaite au sélectionneur. Certes, ce dernier, visiblement victime d’un terrible coup de soleil, a fait des choix tactiques contestables. Mais son travail d’entraineur n’aurait été validé, voire applaudi que par une qualification de ses poulains au moins en quarts de finale…
En vérité, les contreperformances récurrentes du foot marocain vont au-delà des choix d’entraineur sur un match ou deux… Bonjour (encore et toujours) la valse des entraîneurs qui sert à cacher les faiblesses structurelles du football national, et non pas de les résoudre, au lieu d’adopter les réformes salutaires dans le fonctionnement du sport-roi au Maroc. Si le football national essuie les échecs à répétition depuis plusieurs décennies malgré la mobilisation de moyens financiers considérables c’est parce que ses dirigeants, le ministère de tutelle et la FRMF en tête, s’inscrivent avec entêtement dans une démarche de facilité. Celle de faire exclusivement appel au «prêt-à-jouer» incarné par les joueurs marocains de l’étranger pour former l’équipe nationale sous prétexte qu’ils évoluent dans des clubs européens. Ce choix de la facilité est un raccourci qui dispense le ministre des Sports et le président de la Fédération de faire leur travail : investir sur les joueurs du cru, issus du championnat national qu’il faut rendre attrayant en les formant d’abord et en leur faisant confiance ensuite. Les mêmes réflexes contreproductifs conduisent à privilégier les sélectionneurs étrangers au détriment des coachs locaux alors que la majorité des équipes africaines, à l’image de la tunisienne, la burkinabée et la sénégalaise, sont plus performantes que la marocaine avec les techniciens du pays qui sont généralement d’anciennes stars du football. Vahid, Renard, Gerets,…en matière de turnover des entraîneurs élevé au rang de sport sacré, le Maroc est assurément un champion imbattable qui mérite de monter sur le podium ! La spirale de l’échec sera sans doute interrompue et le Maroc remportera le sacre qui lui file à chaque fois entre les pieds le jour où la fédération finira par se rendre à l’évidence et agir en conséquence : La coupe d’Afrique se gagne avec une ossature formée de joueurs locaux qui ont l’habitude de jouer en Afrique.
La spirale de l’échec sera sans doute interrompue et le Maroc remportera le sacre qui lui file à chaque fois entre les pieds le jour où la fédération finira par se rendre à l’évidence et agir en conséquence : La coupe d’Afrique se gagne avec une ossature formée de joueurs locaux qui ont l’habitude de jouer en Afrique.
La preuve par le Championnat d’Afrique des Nations ( CHAN ) que les Lions de l’Atlas ont remporté deux fois de suite. Il est grand temps de changer de braquet et d’arrêter de se tirer bêtement des balles dans le pied! En somme, ce qui fait défaut c’est la volonté de travailler dans la durée en persévérant en vue de rebâtir des Lions de l’Atlas qui rugissent, font honneur au pays et ne démoralisent pas le peuple, privé, au fil des CAN qui se suivent et se ressemblent pour le Maroc, de l’occasion d’exprimer sa joie et sa fierté ! Dépenser des budgets colossaux sans stratégie footballistique gagnante n’est que ruine et ajoute la frustration à la déception. Preuve, plusieurs fédérations africaines de football arrivent à monter des équipes de qualité et réaliser des performances avec des moyens financiers beaucoup moins importants que ceux de la FRMF qui récolte paradoxalement ratage après ratage… Le temps d’une mise à plat est venu, sauf à vouloir continuer sur la politique de l’autruche en persistant dans cette culture de l’échec démoralisante.
Il y a de quoi être frustré à regarder ces équipes africaines comme le Burkina Faso ou la Guinée Équatoriale développer á l’occasion de cette Can un jeu de haute facture avec la technicité et le rythme qu’il faut alors qu’elles n’avaient pas jusqu’à un passé récent droit de cité dans la sphère footbalistique continentale. Cette évolution qui suscite l’admiration montre en creux l’étendue du surplace du football national et, c’est connu, celui qui n’avance pas recule. Par rapport aux autres qui, eux, progressent…
A chaque fois que l’on croit tenir la sélection idoine, celle qui ne se contente pas seulement de mouiller le maillot mais qui est également capable de décrocher le sacre, tout s’effondre comme un château de cartes. Retour à la case départ ou nulle ne part pour cause justement d’absence des fondations d’un football solide et compétitif. Résultat: le Maroc n’a remporté le titre africain qu’une seule fois de son histoire et n’a réussi à jouer que deux fois la finale. Est-ce normal pour un pays qui se targue d’être une grande nation footballistique ? Ce bilan désespérément chétif n’a rien à voir ni avec le hasard ni avec un acharnement du sort. C’est le produit d’un mélange d’improvisation, d’absence d’exigence et de reddition des comptes.
Le jour où les responsables mettront définitivement les pratiques contre-productives au banc de touche pour entreprendre la construction d’une base footballistique sérieuse à partir du potentiel local, le Maroc du ballon rond cassera à coup sûr la spirale infernale de la défaite avec laquelle il s’est lié d’une longue amitié. Dans le sillage de son élimination des quarts de finale par l’Egypte, de nombreuses voix se sont élevées pour demander des explications sur la déroute des coéquipiers de Hakimi. Parions qu’elles auront une réponse : le limogeage de Vahid et le recrutement d’un successeur.
Au revoir et à la prochaine déception !