Après la brouille, les retrouvailles…

Brigitte Macron avec leurs altesses royales les princesses Lalla Meryem, Lalla Asmaa et Lalla Hasnaa.

La relation maroco-française revient de loin, victime d’un terrible froid diplomatique qui lui a fait traverser l’une des pires crises de son histoire tout en laissant des séquelles dans la dimension affective…

Petit à petit, les choses commencent à rentrer dans l’ordre, au grand soulagement des deux parties qui commencent à renouer par petites touches, décidées à tourner la page de cette brouille diplomatique qui a marqué l’année 2023 et chagriné les esprits de part et d’autre .
Le signal fort de ces retrouvailles progressives est venu de l’Élysée sous forme de réception accordée lundi 19 février  par  Brigitte Macron, l’épouse du président français,  à leurs altesses royales les princesses Lalla Meryem, Lalla Asmaa et Lalla Hasnaa, une information relayée par la MAP mais également  par la présidence française sur Instagram dans un message accompagné d’une photo immortalisant l’instant. Absent du cliché, «le président Emmanuel Macron est venu les saluer », lit-on  dans ce message, où  il est rappelé que le chef de l’État s’est « récemment entretenu par téléphone avec sa majesté Mohammed VI ». C’est le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, celui-là même qui a été à l’origine de la fameuse résolution du Parlement européen, condamnant de supposées atteintes  à la liberté d’expression au Maroc, déposée par le groupe Renew  qu’il présidait,  qui a été  chargé  par Emmanuel  Macron de s’«investir personnellement dans la relation franco-marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation ». « La volonté est là. J’ai repris le lien avec le Maroc. Il y avait des incompréhensions qui ont amené à une difficulté », a-t-il de nouveau affirmé lors d’une audition à l’Assemblée nationale.
Vécu au Maroc comme un acte très hostile, ce vote soutenu en sous-main par la macronie est venu  exacerber une crise bilatérale déjà palpable sur fond d’ambivalence de la position française dans le dossier du Sahara marocain, la décision de Paris de  faire des misères aux Marocains sur le dossier des visas délivrés à doses homéopathiques et  le rapprochement spectaculaire  de l’Algérie par la France de Macron. Cette dernière était en train de perdre son meilleur et vrai allié du Maghreb sans gagner les faveurs d’un régime algérien ingérable et imprévisible.

C’est ce qui poussa certainement M. Macron, qui a fini par réaliser la gravité de ses erreurs politiques et  même géostratégiques, de changer de braquet et de revenir à de meilleurs sentiments envers le Maroc.
Cette séquence de la résolution anti-marocaine a eu comme effet immédiat d’imposer un coup d’arrêt brutal  aux contacts politiques et économiques entre Paris et Rabat, tout en révélant au grand jour la crise entre les deux pays après avoir été longtemps larvée. Une crise dont l’ampleur a été instruite par   le refus par les autorités  marocaines de l’aide par les autorités françaises suite du séisme qui frappa le Maroc en septembre 2023.
Après avoir été boudé, l’ambassadeur de France à Rabat  Christophe Lecourtier  a pu remettre ses lettres de créance à S.M. le Roi Mohamed VI fin septembre 2023, , multipliant les déclarations dans la presse nationale où il reconnaît sans détour les errements de la  diplomatie française.
« On a touché le cœur [des Marocains]. Je suis convaincu qu’il faudra du temps pour effacer ce gâchis, ces humiliations », avoue-t-il sur la Radio 2M. Réparer la dimension affective de la relation Maroc-France, qui n’a jamais atteint un tel niveau de dégradation, est un chantier difficile. Surtout que de ce long hiver diplomatique a résulté un recul  de la francophonie au Maroc où la langue anglaise commence à gagner du terrain et à fleurir un peu partout. Jusque que sur les panneaux publicitaires…Le  nouveau rapprochement entre Rabat et Paris ne s’est-il pas déjà traduit dans les faits par un début d’éloignement…?  

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